Les dispositions qui ont été prises par le Comité de veille économique ainsi que les liquidités injectées dans l'économie marocaine semblent ne pas avoir évité les faillites en cascade des très petites entreprises (TPE). Selon Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine de TPE-PME, seulement 0,2% des TPE ont bénéficié des lignes de crédit pour assurer la reprise de leurs activités (soit 10 756 unités pour une enveloppe de 2,4 MMDH). Il note, toutefois, que pour les banques et les sociétés de financement, une TPE est une entreprise ayant un C.A de moins de 10 MDH alors qu'en réalité, une TPE et une entreprise capitalisant un C.A de moins de 3 MDH. Ce qui veut clairement dire que plusieurs PME ont également bénéficié des aides qui devaient être octroyées uniquement au TPE. M. El Fergui indique de nombreux entrepreneurs du tissu des TPE ont déjà jeté l'éponge et déclaré faillite. Ces faillites en cascade ont commencé au cours des mois de juillet et d'août. Cependant, afin d'avoir les données actualisées et exactes des dépôts de dossiers de faillites, il faut attendre fin septembre puisque les tribunaux commerciaux étaient fermés. Rappelons que la transformation de la CCG en « Banque publique pour entreprise », devait permettre l'accès des TPE-PME au financement auquel elles trouvent beaucoup de difficultés à y accéder via les banques classiques. Ceci devait créer aussi de la concurrence au niveau du système bancaire donc de nouveaux produits pour les TPE-PME. Toutefois, ces problèmes de financement persistent toujours. Et de préciser que dans le contexte actuel de crise économique exacerbée par une crise sanitaire féroce, une grande partie des entreprises ne parviennent pas à remplir leurs engagements et les défaillances de trésorerie sont de plus en plus fréquentes, notamment au niveau de la TPE. Selon Amine Diouri, responsable du programme Inforisk Dun Trade, 99% des entreprises défaillantes sont des TPE. Ces entreprises souffraient déjà fortement des délais de paiement et vont souffrir encore plus avec cette crise. Actuellement, les délais de paiement ont augmenté en moyenne de 50 jours, quelle que soit la catégorie de l'entreprise. Ces échéances se seraient allongées de 50 jours en plus des 212 jours des délais clients initialement constatés à fin 2018 pour les TPE (121 jours pour les PME et 90 jours pour les grandes entreprises). Par conséquent, ce délai est porté à environ 260 jours pour les TPE durant cette période de crise.