Qu'a donc dit l'envoyé personnel? Que la solution au conflit du Sahara est un partage du territoire en deux. Au Sud le Polisario, le nord sera rattaché au Maroc. A vrai dire cela mérite un « vu » et on passe sauf qu'il y a matière à proser et ça j'aime bien en fait. Staffan de Mistura qui est donc cet envoyé personnel ne savait peut-être pas qu'on ne négocie pas une partie de son territoire quand est souverain. C'est comme si le Maroc avait volé cette partie de lui-même et qu'il avait presque honte de se l'accaparer. Cette proposition est non seulement insensée mais en plus elle manque de respect aux Marocains. Si le Maroc a porté l'affaire devant l'ONU ce n'est certainement pas pour quémander quelques kilomètres carrés d'espace. Ce n'est pas une opération immobilière, sinon le conflit aurait pu être dépassé dans les années 70. Ce n'est pas non un caprice des Marocains qui auraient eu l'idée de, pourquoi pas, s'approprier un territoire pour flatter leur ego. Et ce n'est certainement pas non plus une partie de Monopolie. On ne joue pas avec l'histoire, on ne joue pas avec la culture, on ne joue pas avec l'allégeance. Il semble que l'envoyé personnel ait oublié tout cela. Sa proposition pourrait marcher dans le cas d'un gagne-petit qui sait qu'il n'a aucun droit et qui veut, l'espoir fait vivre, ramasser quelques pièces jaunes. Comme on dit chez nous quelqu'un qui accepterait le panier sans le raisin. On a de la peine à admettre qu'un envoyé personnel, qui doit être le mieux informé sur la question, puisse penser que le Maroc envisagerait ne serait-ce que de penser un moment à sa proposition que j'évite de qualifier de stupide, par respect aux Nations Unies. Non, elle n'est pas stupide, on doit être d'accord là-dessus, c'est une aporie. Voilà. C'est le terme qui convient le plus et qui reste quand même respectueux. Maintenant, allons plus loin. Si partage il y aurait, ce qui est impossible à imaginer, pourquoi ne pas dire tout simplement qu'on donne tout le territoire aux mercenaires de Tindouf? Si on gratte un kilomètre qui empêcherait d'en gratter plus? Où s'arrêtera ce grattage? Il faudra un autre demi siècle pour résoudre cette question. Mais, on n'y pense même pas. Une proposition comme celle-ci ne peut expliquer qu'une chose, l'incapacité de Staffan De Mistura à travailler sérieusement le dossier. Car couper un territoire qui ne peut l'être, séparer des populations qui s'y reconnaissent et qui ont des liens ancestraux entre eux, est une idée d'extraterrestre. Peut-on imaginer que les habitants de Laayoune soient séparés de ceux de Dakhla? Ou ces derniers séparés de leurs compatriotes de Rabat, Béni Mellal ou Nador? C'est tout simplement inconcevable. Le sud du Maroc n'est pas une poire qu'on peut couper en deux. Finalement, et pour clore cette discussion, que ferons-nous de l'autonomie qui est considérée par plusieurs Etats membres de l'ONU comme étant la solution au conflit? On aura galéré depuis 2007 pour rien. Staffan De Mistura devrait demander l'avis aux habitants de Dakhla. Accepteraient-ils de vivre dans une ville gérée par des mercenaires qui ne connaissent ni partis politiques, ni élections, ni...surf? Et maintenant la vraie question. De Mistura est certainement au courant des projets du Maroc avec ses partenaires du sud. Le gazoduc Nigéria-Maroc, l'Afrique-Atlantique, l'accès des pays du Sahel à l'océan... Aurait-il par hasard une idée derrière la tête? En tout cas sa proposition dégage une forte odeur de junte militaire qui veut couper le Maroc des autres pays africains. Est-ce un hasard?