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Fermeté et sérénité du Maroc
Publié dans Barlamane le 06 - 04 - 2024

La visite, à Rabat le 3 avril, de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, qui a été reçu au ministère des affaires étrangères, a été l'occasion pour la partie marocaine de remettre les pendules à l'heure et de rappeler les paramètres qui, pour le Maroc, ne sont pas négociables.
On peut penser que des éclaircissements sur certaines de ses initiatives ont été demandés à M. de Mistura, notamment son voyage à Pretoria. Que les explications de l'Envoyé personnel n'aient pas été convaincantes ou, par ailleurs, qu'il ait émis des objections ou formulé des idées irrecevables, tout donne à croire que l'échange a été vif, à en juger par le ton du communiqué marocain qui fait état d'«atmosphère empreinte de franchise». Si les mots ont encore un sens dans le langage diplomatique, la référence à la franchise, à ne pas confondre avec la «sincérité» n'est pas anodine ni fortuite, elle suggère une mise au point, un débat, voire un recadrage.
Le message on ne peut plus clair qui a été donné à M. de Mistura s'articule autour de deux refus :
Refus de tout processus en dehors de celui des tables rondes défini par l'ONU;
Refus de toute autre solution que l'Initiative Marocaine d'Autonomie ;
et de deux conditions sine qua non :
La pleine participation de l'Algérie aux tables rondes.
Le respect par le polisario du cessez-le-feu.
Pour autant, de Mistura sera-t-il en mesure de suivre la voie d'un autre envoyé personnel, Peter Van Walsum qui, en 2008, a indiqué devant le Conseil de Sécurité qu'un «Sahara occidental indépendant n'est pas une option réaliste» et que «l'indépendance du Sahara n'est pas un objectif atteignable» ? Pourra-t-il dire et écrire ce que beaucoup pensent tout bas, à savoir que l'Algérie doit arrêter de jeter l'huile sur le feu et s'asseoir à la table des négociations avec le Maroc ?
À moins que M. de Mistura ne soit en train de se fourvoyer sur une voie sans issue, la même voie improbable qu'avait tenté d'emprunter un autre de ses prédécesseurs, l'Américain Christopher Ross, qui, en 2011, voulait explorer de «nouvelles voies». Je voudrais rappeler ce que j'ai écrit à ce sujet : «L'Envoyé personnel a fait fausse route, et il le savait parfaitement, lorsqu'il a émis le souhait de susciter «les débats, les idées nouvelles, voire des propositions qui pourraient être soumises à l'appréciation des négociateurs». On aura beau chercher, on ne trouvera pas meilleure option que celle proposée par le Maroc, à savoir l'autonomie dans le cadre d'un Maroc uni. La voilà, la solution politique, et il n'y en a pas d'autre. Toute autre « proposition » ne serait pas acceptée par le Maroc, ni maintenant ni jamais, [...]. Restera à trouver la formule qui permette de déboucher «sur quelque chose qui puisse être considéré comme l'exercice du droit à l'autodétermination», comme l'a judicieusement noté le secrétaire général de l'ONU (S/2004/325)» (Sahara marocain, 20 questions pour comprendre, Ali Achour, 3è éd. 2022). C'est le seul défi que Ross aurait dû relever et c'est à cet exercice que de Mistura devrait, aujourd'hui, consacrer tout son savoir-faire et son énergie. Les autres pistes auxquelles il peut ou pourrait songer étaient et demeurent impraticables.
On sait que le Maroc avait réagi aux actions de Ross en lui retirant sa confiance. Sommes-nous en train d'assister à un remake de l'épisode Ross? Je ne le crois pas, pour des raisons objectives: le contexte n'est pas le même, les griefs marocains contre l'Envoyé personnel ne sont pas les mêmes, de Misturan'est pas Ross et plusieurs acteurs ont changé depuis. Mais, plus que tout, le Maroc est en meilleure position qu'en 2012. Désavouer de Mistura n'est pas nécessaire et ne serait pasproductif. Pour tout dire, le Maroc n'aurait rien à y gagner. On ne se tire pas une balle dans le pied quand on est, comme jamais avant, en position confortable.
La fébrilité du polisario en donne la preuve. Signe de son désarroi, le groupe de Tindouf invoque la résolution 2703 (2023) du conseil de sécurité, alors qu'il avait gardé le silence au moment de son adoption. Dans la foulée, il demande au Conseil de sécurité de l'ONU de «prendre des mesures concrètes pour donner à la Minurso les moyens de mettre pleinement en œuvre son mandat tel qu'énoncé dans le plan de règlement ONU-OUA». Or, non seulement ce plan est mort et enterré mais le mandat de la MINURSO consistait uniquement à superviser le cessez-le-feu, – que le polisario a rompu, et à organiser un référendum – qui n'est plus d'actualité. En réalité, la Minurso a perdu sa raison d'être, mais c'est là un autre débat, que le Maroc a toutes les raisons de ne pas soulever.
D'autre part, les miliciens tentent encore une fois de semer la confusion, en essayant d'inverser les rôles et de se dédouaner de la rupture du cessez-le-feu.
Ayant perdu systématiquement sur tous les fronts, le polisario, «intelligemment» conseillé par son mentor, sort sa dernière carte pipée et s'essaie à l'intox : faire croire à un conflit entre deux Etats voisins. Son communiqué est sciemment attribué à un «ministère des Affaires étrangères» de la soi-disant «rasd», entité non seulement fictive mais non concernée par le processus des Nations unies.
Peine perdue face à la fermeté du Maroc et à son attitude inébranlable.


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