Une question lancinante refuse de disparaître: Les opérateurs touristiques ont-ils tous participé à cette croissance? Là ,on peut oublier les chiffres un peu et écouter les Marocains qui aimeraient aussi profiter de leur pays, ses infrastructures, ses beaux paysages, ses plages, ses sites culturels et ses diverses animations. Sachant que la plupart des Marocains ont abandonné l'idée des vacances chez les parents, ils sont devenus des demandeurs de séjours hôteliers. Demandeurs mais pas satisfaits. Pour eux, les prix des séjours ne correspondent pas à leurs moyens. Et on parle ici de cadres, de hauts fonctionnaires, de professeurs universitaires, de la crème de la société en somme. Même avec de bons salaires, ils n'y arrivent pas. Et quand ils y arrivent quand même, ils sont déçus par plusieurs aspects dont l'accueil, le traitement, la qualité des chambres et de la restauration et aussi par les prix des produits vendus dans les hôtels. Personne ne peut rien acheter à moins de crever le portefeuille. Pourtant les discours officiels parlant de la promotion du tourisme interne ne sont pas rares. Oui, c'est vrai, on veut bien que les Marocains viennent aux hôtels de leur pays mais on les traite comme s'ils étaient payés en dollars ou en euros. Il faut s'aligner sur les autres. Mais attention, sans exiger le même service et le même traitement. Les Marocains paient plus que les étrangers, mais ils sont oubliés une fois casés dans leurs chambres. Il existe néanmoins certaines chaînes hôtelières qui respectent leurs clients et offrent les meilleurs services mais ce sont des entreprises gérées de manière moderne et performante qui constituent l'exception. D'ailleurs, ils souffrent aussi de la mauvaise image des autres hôtels qui, lorsqu'ils sont critiqués sur les réseaux sociaux, étendent leur ombre sur tous les autres opérateurs. Une catastrophe. Leurs propriétaires sont-ils conscients des dégâts qu'ils causent au secteur et donc au pays tout entier? Apparemment non. Puisqu'ils poursuivent leurs pratiques très peu touristiques sans rougir. Maintenant, il ne faut quand même pas publier que ces hôtels ont bénéficié des largesses de l'Etat qui est animé par une volonté forte de développer davantage le secteur touristique. Des subventions et des aides à l'investissement ont été largement distribuées dans l'espoir que les opérateurs comprennent que si l'Etat investit en eux c'est qu'ils ont une mission d'intérêt national à accomplir. Il s'agit tout de même de l'argent du contribuable. Ce contribuable qui est mal accueilli, servi comme on servirait un intrus, donc indésirable. On comprend alors l'attitude des Marocaines et des Marocains qui choisissent de passer leurs vacances ailleurs, Portugal, Espagne, Thaïlande... Leurs vacances leur reviennent moins cher avec un service meilleur et beaucoup plus d'activités. Bref, en tourisme, les Marocains ont tout pour être heureux, mais on les pousse à aller ailleurs. Le calcul financier ne veut rien dire, parfois, c'est juste couper la branche sur laquelle on est assis.