LObservateur.info : Les hôteliers ont décidé d'adopter une grille tarifaire incitative pour les MRE et les locaux. Comment sera déployé ce dispositif ? Faouzi Zemrani: Ce ne sont pas ces mesures qui vont sauver le secteur du tourisme. La majorité des travailleurs marocains à l'étranger ne séjournent pas dans les hôtels. Généralement, ils disposent de leurs biens immobiliers dans le pays ou passent leur séjour chez la famille. Mais, durant ce séjour qui dure en moyenne entre 3 et 4 semaines, ils peuvent partir pour 3 ou 4 jours en vacances en optant pour un hôtel. D'où la décision d'accorder aux Marocains résidant à l'étranger (MRE) des réductions de 30% sur les tarifs affichés sur les plateformes commerciales. L'offre est valable jusqu'au 30 septembre prochain a été élargi récemment aux résidents. Les prix seront donc les mêmes pour tous les Marocains d'ici et d'ailleurs. Au fur et à mesure que le hôtels vont commencer à remplir, les prix vont augmenter. Plus on réserve à l'avance, plus il y aura de la disponibilité et donc les prix seront réduits De telles mesures, pourront-elles relancer le secteur du tourisme en arrêt depuis près d'un an et demi ? Pour les hôteliers, il ne s'agit qu'un moyen pour faire tourner la machine en attendant l'ouverture officielle des frontières et la reprise de l'activité. Avec une clientèle marocaine, seules les stations balnéaires vont profiter de ce dispositif, puisque très peu de nationaux visitent des villes comme Fès, Ouarzazate, ...lors de cette période. Ces régions sont plus prisées par les étrangers. D'ailleurs, beaucoup d'opérateurs préfèrent encore garder leurs rideaux fermés. A Agadir par exemple, 40% des hôtels resteront fermés durant cette période en attendant de jours meilleurs. A Marrakech, les riads et les maisons d'hôtes ne voient aucun intérêt à ouvrir leurs portes Certains hôteliers ont refusé d'appliquer ces réductions. Est-ce que cela est lié à la question de rentabilité ? Avec ces réductions, les hôteliers ne vont pas s'en sortir certes, mais c'est la seule alternative qui existe aujourd'hui. En effet, les MRE et les résidents représentent 30% du tourisme national. Dans la période normale, le taux de remplissage total annuel atteint 60%. En misant uniquement sur le tourisme domestique, le taux ne dépassera pas les 20%. Et pour nous, toute chambre d'hôtel qui n'est pas vendue est une chambre perdue. Il y a donc une forte compétition entre les opérateurs. Chacun use de ses moyens pour attirer le maximum de la clientèle (séjour gratuit pour un ou deux enfants de moins de 12 ans, tarif de demi-pension pour un séjour en pension complète...). La majorité des hôtels ont adhéré à ce programme. Ceux qui ne veulent pas consentir à une réduction sont surtout ceux qui ont déjà vendu le séjour avant la mise en place de ce dispositif, ou ceux ayant déjà réduit leurs tarifs bien avant le lancement de cette opération. Quand pourra t-on alors parler d'une relance effective du secteur ? On ne pourra parler d'une vraie relance que lorsqu'on aura maitrisé cette pandémie et lorsque la destination Maroc va devenir une destination verte pour les marchés émetteurs. Quand il y aura alors une confiance entre les marchés émetteurs et récepteurs, il y aura une reprise . Le Maroc a sa clientèle mais qui ne veut pas s'aventurer aujourd'hui. Finalement, une chose est sûre, le redémarrage sera lent et on ne pourra atteindre le niveau de 2019 que pendant le deuxième semestre de l'année 2023.