La Fédération nationale de tourisme (FNT) a engagé les grands moyens pour organiser sa grand-messe du jeudi 14 janvier. Et pour cause, «considérer le client national sur le même pied d'égalité que le touriste étranger», fait désormais partie des plans d'action qu'elle préconise. En effet, le ciblage fait aujourd'hui partie des axes stratégiques sur lesquels mise le tourisme national. Pour une meilleure connaissance des attentes de la clientèle marocaine, l'ONMT a commandé une étude. C'est donc pour mieux servir le touriste marocain et relancer le tourisme national qu'une batterie d'actions a été recommandée lors des travaux qui ont précédé le lancement officiel du deuxième Congrès national des métiers du tourisme. Les pistes de réflexion ont été abordées lors des ateliers qui se sont déroulés à huis-clos. Elles ont porté, entre autres, sur les conditions de mise en place de réseaux de distribution compétitifs constitués de tour -opérateurs et d'agences de voyages spécialisés dans le tourisme interne. L'objectif est de positionner des opérateurs capables d'acheter des produits en grandes quantités pour pouvoir les offrir à prix accessibles. Le tourisme national sous-développé En effet, le tourisme interne représente environ 22% du total de nuitées. Pourtant, il est encore pratiqué de façon artisanale et souffre d'un manque de «produits». Cette situation est accentuée par les habitudes comportementales du voyageur marocain, qui ne fait appel aux agences de voyages que très rarement. «Il faut qu'on arrive à dégager un véritable consensus sur les grands enjeux du tourisme interne», lance d'emblée Othman Cherif Alami, président de la FNT. Aussi, la régionalisation, ce terme très en vogue par les temps qui courent, a été une sorte de leitmotiv dans le discours d'Alami. «C'est ce qui permettra de mettre en avant les forces et potentialités de chaque région du Maroc», souligne-t-il. L'atelier a été aussi l'occasion d'étudier la programmation différenciée des vacances scolaires par région pour un meilleur étalement des offres. La majorité des Marocains préfèrent les séjours en famille. Cependant, l'offre est encore loin de répondre à la demande escomptée. En effet, Il n'y a pas encore de gamme de services touristiques hôteliers qui réponde convenablement aux attentes des Marocains en termes de coût et d'adaptabilité. L'une des recommandations les plus importantes a porté sur le développement de l'animation dans les offres dédiées au tourisme national, l'offre actuelle ne convenant que très rarement aux habitudes de consommation des Marocains de classe moyenne. Les particuliers s'orientent ainsi vers la location de maisons pour des prix raisonnables pendant la période des vacances. Biladi au goût des exigences Cette offre reste attractive comparativement aux hôtels classés et constitue un «manque à gagner» pour ce secteur marchand, affirme un professionnel. Communiquer sur le tourisme national fait également partie des recommandations, puisqu'il permet de faire connaître l'offre existante. Ainsi, un travail particulier sera réalisé sur le programme Biladi. Il faut dire que ce programme souffre d'un «problème d'image». Par ailleurs, il est question d'appliquer désormais la loi pour l'hébergement touristique informel pour les riads et appartements meublés. C'est dire combien les opérateurs, formels et informels, sont tous égaux devant... le tourisme. Audit continu Mettre en place un plan d'action et des recommandations c'est bien, assurer le suivi des réalisations, c'est mieux. La cellule qui sera chargée de cette mission sera mise en place à l'initiative de la Fédération nationale du tourisme et sera composée d'acteurs publics et privés. Les membres devront garder le contact entre eux et devront se réunir au moins une fois par mois. Quant à la composition de l'équipe, la fédération devra désigner un noyau dur composé de cinq personnes pour le suivi des recommandations. Cette équipe sera assistée dans ses travaux par une deuxième commission composée d'une vingtaine de personnes. En plus, un coach encadrera cette unité et l'assistera dans l'implémentation des recommandations. Pour assurer une proximité optimale, la future régionalisation sera également mise à profit. La commission sera déclinée par région touristique, assurant ainsi un suivi personnalisé qui prendra en compte les particularités de chaque région. Pour l'instant, rien n'a encore été annoncé concernant la composition de la commission ni le type d'organisation qui y sera adopté. De la même manière, aucune date n'a été communiquée pour la mise en place et/ou le lancement des travaux. Cependant, on sait déjà que les premières «livraisons» du comité sont attendues pour le deuxième semestre de cette année. Les bilans et conclusions issus des premiers travaux effectués par la commission sont attendus fin juin 2010. Même si ces délais paraissent «un peu trop serrés», la FNT compte bien mettre toutes les chances de son côté pour réussir ce challenge. En effet, la commission pourra, si nécessaire, avoir recours à une expertise externe. Pour cela, ce ne sont pas les moyens qui manqueront.