L'hôtellerie constitue la base du tourisme, son activité principale pour la simple raison qu'elle renferme l'hébergement, élément principal lors des déplacements hors de chez toi. Pour des séjours touristiques, c'est encore plus important à tel point que les bonnes infrastructures d'hébergement (hôtels, résidences touristiques, villages de vacances, campings...) constituent ce qu'on appelle communément en tourisme le Produit. Si le produit d'hébergement est défaillant, c'est donc tout le produit touristique d'une destination qui en souffre. C'est exactement le cas pour la destination balnéaire Agadir ; et depuis des années, bien malheureusement. En effet, on assiste, avec grande amertume, à une dégradation des établissements hôteliers, dont certains n'ont jamais été rénovés convenablement. D'autres hôtels sont fermés depuis des années (cas du Transatlantique). D'autres sont en chantiers inachevés, depuis des années également (cas du Kepensky...). D'autres tournent au grand ralenti avec un taux de remplissage annuel qui ne dépasse pas 30%... Bref, le produit hôtelier a bien vieilli, à part certaines unités sur le front de mer. Il est à savoir que toute la capacité litière officielle d'Agadir tourne autour de 30.000 lits (chiffres arrondis) dont 15% inexploitables, donc non vendables, à cause de la vétusté du produit, sa dégradation et une absence totale de rénovation. En clair, la destination travaille avec 15.000 lits, soit 50% de la capacité, ce qui est une honte pour une destination balnéaire exploitable depuis 45 ans et qui constitue la capitale du tourisme balnéaire du pays. Lorsque les pays concurrents réalisaient des stations balnéaires complètes, chez nous on construisait un hôtel tous les cinq ans. Résultat les TO émetteurs ont déserté Agadir et sont allés ailleurs, là où ils trouvent une bonne capacité litière, à la fois moderne et suffisante. C'est le cas pour les Iles Canaries avec 460.000 lits ; pour la Turquie avec 500.000 lits, dont 350.000 dans la capitale balnéaire Antalya ; pour l'Egypte avec 450.000 à Charm Cheikh et 57.000 lits à Hurghada. Lorsqu'on sait que le marché russe génère 3 millions de clients en Egypte, on comprend le rôle joué de la bonne capacité litière ; le reste est comblé par le produit touristique balnéaire, lui-même. La solution pour Agadir est donc toute indiquée : elle se trouve dans l'irradiation totale des handicaps de capacité, avec les moyens juridiques qu'il faut appliquer dans les brefs délais. Cela n'a jamais été fait contribuant à une dégradation de la situation, année sur l'autre, devant une inertie consternante des Autorités et des Pouvoirs Publics, qui voient la destination couler sans jamais prendre les bonnes décisions qu'il fallait où moment où il le fallait. Il est urgent d'opter pour une bonne prise en main de l'essor du secteur par les Autorités Locales appuyés par les Pouvoirs publics, pour faire sortir la destination de l'impasse désolante où elle se trouve et qui ne peut qu'être accentuée si on ne réagit pas comme il se doit. Ce n'est pas exagéré du tout de dire que face à une absence de prise en main du secteur du tourisme, premier employeur dans la région, on commettait un crime économique envers Agadir, envers la Région Sous Massa (ex-Souss-Massa-Draâ) et également envers l'économie du pays... A ce sujet, nous saluons avec grand respect la dynamique engagée depuis son arrivée de Mme Zineb El Adaoui, nouveau Wali d'Agadir, pour son implication affichée et réelle, au sujet des problèmes du tourisme en recevant officiellement à trois reprises le bureau du CRT Agadir. Cela marque tout l'intérêt qu'elle porte à un secteur clé pour le développement économique et social local et régional. En tant que juriste, femme de terrain, elle saura prendre les décisions adéquates qu'il faut pour résoudre le problème des hôtels fermés, celui des chantiers inachevés et celui des établissements vétustes ou autres, qui portent un réel préjudice à la renommée de la destination balnéaire. Résoudre ces problème, c'est faire renaître la destination de ses cendres. C'est alors qu'il faut envisage un concept accompagnateur pour renforcer la renommée de la station qui ne peut être que celui d'une destination balnéaire d'HIVER : un produit unique au Maroc. Mme le Wali avait reçu dernièrement ensemble les membres du CRT et les élus de la Préfecture d'Agadir Ida Outanane, pour les encourager et pour les accompagner à travailler ensemble dans une synergie visant une bonne mise à niveau du produit touristique. Nous suggérons à Mme le Wali de recevoir également les représentants (étrangers et marocains) des TO exerçant à Agadir. Elle aura un autre son de cloche et des explications pertinentes sur le diagnostic touristique de la destination, vu par ceux qui nous envoient les clients ; mais également en comparaison à ce que réalisent ces mêmes TO, dans les pays concurrents. D'ailleurs, pour la bonne marche du secteur, il est judicieux de tenir une réunion élargie (tous les deux mois) avec les représentants du secteur, en présence des autres intervenants : élus, police, gendarmerie, douane, ONDA, autorités locales, université Ibn Zohr, CRI ... pour dresser des bilans d'étape et corriger au fur et à mesure ce qui le mérite, pour assurer un développement optimum. Il est à noter, également, la mauvaise commercialisation et l'absence totale d'une bonne démarche marketing de la part de nombreux hôteliers et de leurs patrons qui comptent sur le CRT pour vendre leurs hôtels ; ce qui est une erreur monumentale. Le CRT participe aux Salons du tourisme pour représenter la destination, voire le produit régional. Il ne vend rien, et n'achète rien non plus. Il donne l'information nécessaire sur le produit, se met en contact avec des TO pour les pousser à vendre la destination, participe à l'animation de la ville ; mais n'est pas habilité à vendre des lits hôteliers. Aux intéressés de le faire en se déplaçant, en se regroupant en réseau (hôtels autres étoiles, résidences touristiques etc...) pour assurer un marketing efficace et percutent. La restauration est un volet important en tourisme. A Agadir, les restaurants se copient les uns les autres en adoptant des menus à la photocopie, en voulant tous avoir des cabarets pour une clientèle nocturne. Les restaurateurs sont représentés par deux associations dans la ville, une aberration et une bêtise qui n'a rien de professionnel ni de responsable ; car au lieu de réunir leurs efforts pour trouver des solutions adéquates au secteur, ils se battent les uns contre les autres, à travers les deux associations. En se de plaignant depuis des années sur les conséquences néfastes du All Inclusive sur la restauration, ce qui est véridique, les restaurants n'ont pas pu engager une dynamique pour circonscrire cette problématique. Ils n'ont pas saisi malheureusement que le All Inclusive est désormais partie intégrante du tourisme et dans tous les pays. Ils n'ont qu'à s'adapter intelligemment ou disparaître. En innovant avec des restaurants spécialisés (marocains, italiens, asiatiques, de poisson, etc.) en participant à une bonne animation du secteur pour faire sortir les clients des hôtels et les locaux également, ils peuvent réduire les effets négatifs du All Inclusive. Malheureusement, ils ne font que se plaindre, sans bouger et adopter une volonté de bonne implication dans le développement du tourisme ; mais s'engouffrant année sur l'autre dans une concurrence bête avec une animation qui est plutôt du tapage qu'autre chose... Dans un autre registre, le handicap de l'absence totale d'un Palais de Congrès à Agadir, complique bien la situation du remplissage et de la commercialisation dans la destination. Le créneau MICE (organisation des incentives et congrès) est un facteur déterminant pour le développement du tourisme. On n'est jamais arrivé à résoudre cet handicap, depuis des années, bien que tout le monde est convaincu de la nécessité d'un Palais de Congrès. On avance d'un pas pour reculer de quatre à ce sujet ; rien ne se fait et la destination en pâtît, sérieusement. Or, la solution se trouve dans une bonne volonté de mener le projet de bout en bout avec les professionnels et les opérateurs de terrain qu'il faut. Espérons que ce problème sera vaincu dans le cadre de la nouvelle dynamique démontrée par le nouveau Wali. Dans le palmarès des handicaps liés au secteur du tourisme, il est à remarquer la situation du village Taghazout. Voilà un village qui a été développé (en grande partie par des étrangers) grâce au surf. A Taghazout se trouve l'un des meilleurs spots du top 5 mondial. Or, ce village connaît une anarchie totale en matière de construction, en matière de ramassage des ordures, de circulation sur un tronçon d'un km. Bref, du n'importe quoi, donnant l'impression de se trouver dans un endroit hors normes où chacun peut faire ce qu'il veut, comme il le veut. C'est grotesque quand on sait que ce village pouvait être une fierté en matière de tourisme sportif lié au surf, comme c'est le cas de Tarifa en Espagne. Les élus et les autorités locales sont incapables depuis des années d'organiser et de réaménager correctement un village qui reçoit un grand nombre de jeunes surfeurs venus du monde entier. Aucun parking correctement aménagé ni au village, ni dans les alentours, pas de toilettes publiques, pas de signalétique, tout se fait d'une manière sauvage à 15 kms d'Agadir, destination balnéaire principale du pays. C'est tout de même grave et désolant. Il est grand temps de remettre de l'ordre dans ce village, dans le cadre d'un développement touristique qui se respecte, porteur d'emplois, de devises et créateur d'emplois stables. L'autre défaillance à relever concernant le produit Agadir est l'absence totale d'information touristique. Une défaillance de taille qui ne cadre nullement avec la fonction touristique de la destination. Dans le monde des médias, d'internet, de la top technologie en matière de communication tous azimuts, Agadir n'as pas de bureau d'information touristique. Si cela demandait un investissement énorme, cela pourrait être compréhensible, or pas du tout. L'aberration grave à signaler à ce sujet, est que des kiosques ont été construits, financés par l'ONMT, mais jamais exploités, à tel point qu'ils sont tous détruits à cause d'une dégradation permanente année sur l'autre. Il y a de quoi crier : « Wa Baraka ». On va continuer à aller où avec ces défaillances et handicaps éternels. Que les élus, les professionnels et les Autorités et autres intervenants interviennent comme il se doit, chacun dans le cadre de ses responsabilités. C'est une question de citoyenneté, de civique, d'amour du pays et de bonne volonté de bien faire avec une bonne synergie. Tout le reste finit par suivre avec les solutions adéquates qu'il faut. A bon entendeur, salut (A suive, 5ème partie : « L'animation, handicap éternel de la destination »)