Les handicaps touristiques de la destination balnéaire Agadir sont connus de tous, notamment des responsables : ministère du Tourisme, ONMT, autorités, élus et professionnels du secteur entre autres... Le produit touristique gadiri est resté figé, depuis des années, dans sa forme comme dans son offre et sa qualité. Première destination balnéaire du Royaume, la destination est en train de sombrer d'une année à l'autre et le produit gadiri a besoin d'un vrai lifting et surtout d'une vraie stratégie de sauvetage. En effet, la destination s'enfonce, ces dernières années, dans une perdition regrettable, avec une commercialisation très limitée, une « rentabilité » hôtelière de plus en plus régressive. Premier frein au développement du secteur touristique: la capacité hôtelière. Avec à peine 15.000 lits commercialisables, Agadir peine à suivre le rythme d'expansion des stations balnéaires concurrentes qui disposent, elles, de capacité frôlant les 500.000 lits. Un document de cadrage destiné aux participants à la journée sur le tourisme à Agadir, initié par le CRT et prévue le 28 courant, est on ne peut plus clair sur la situation. Au-delà de l'insuffisance et de la défaillance de la capacité hôtelière, c'est la vétusté de l'offre dont souffre en premier lieu la destination. Aujourd'hui, à peine 50% de la capacité hôtelière gadirie est en mesure d'être commercialisée. Et si la restructuration du parc hôtelier s'impose et des mesures d'urgence doivent être prises pour sauver le secteur de la noyade, la complexité des mécanismes de financement actuels freine la mise à niveau du parc hôtelier. Aussi, des solutions pratiques et opérationnelles sont nécessaires, mais hors du fameux plan Révo hôtel, dans toutes ses versions, qui n'a rien donné et n'aura connu qu'une rare adhésion vu ses complications administratives et réglementaires. Un tel cumul d'handicaps ne pouvait qu'aboutir à la sinistrose où se trouve le produit touristique de la capitale du Souss. Et parce qu'on est resté les bras croisés, on se trouve actuellement dans cette impasse regrettable portant un préjudice énorme à la destination. Les entraves du tourisme à Agadir concernent notamment une absence flagrante d'animation touristique grand public (que nous n'avons cessé de soulever dans ces colonnes mêmes depuis des années, sans écho favorable malheureusement). Vient, également en tête de liste le handicap de manque de capacités litières soulevé par les Tours Opérateurs depuis des années également, notamment par rapport à l'émergence de nouvelles destinations, de dernière génération, dans les pays concurrents. Ajouter à cela l'éternel problème de chantiers hôteliers inachevés depuis des années, celui des hôtels fermés et celui des établissements hôteliers vétustes. Et dire que le problème dure depuis plus de 15 ans. C'est vraiment incroyable, durant tout ce temps passé, rien de positif n'a bougé. Malgré les interventions des élus, la dénonciation, l'explication et les doléances des opérateurs et promoteurs touristiques locaux, on n'aura pas vu de solutions sur le terrain. Rien que des discours et des réunions officielles, vaines. Des paroles, jamais suivies d'actes concrets sur le terrain. Jusqu'à quand durera encore ce délaissement de la destination ? Les pouvoirs publics doivent assumer la responsabilité de réagir comme il se doit pour trouver les solutions adéquates et définitives qu'il faut. On ne peut laisser une destination à l'abandon, et ce, depuis des années. Agadir, destination balnéaire qui se veut l'unique station du pays qui concurrence certaines destinations balnéaires internationales, est délaissée et ignorée de la sorte, présentant actuellement un produit peu valorisant et décrié par tous. Situation inacceptable. Et qui s'empire d'année en année. En effet, la fermeture, ces dernières années, d'établissements hôteliers en plein centre ville, et pour lesquels l'état de délabrement ne fait qu'empirer, alimente tout autant le déficit d'image de la destination et de son infrastructure hôtelière. L'absence de dispositif juridique empêche aujourd'hui le règlement de cette épineuse question et nécessite d'envisager des mécanismes juridiques innovants et opérationnels. Cela frôle le crime économique, tant le manque à gagner en matière économique et sociale et en devises est énorme à cause de tous ces handicaps décriés par tous, sans un écho favorable de la part du gouvernement et des responsables concernés. Une station en manque d'animation Tous les avis sont unanimes pour dire qu'Agadir est une ville morte, rien ne s'y passe et rien de positif n'y bouge depuis des années. Aucune attractivité particulière, pas d'animation structurée, pas d'endroits de loisirs touristiques dans le vrai sens du terme. Bref, une destination banale qui ne « survit » que grâce à son seul capital: la plage. La nouvelle promenade en front de mer, censée apporter un plus, n'est pas valorisée comme il se doit. En bref, c'est l'ennui total chez les visiteurs, la déception par rapport à ce qu'offrent les autres destinations. Si la destination est dans une vraie impasse, ce n'est pas une fatalité si la volonté politique de faire changer les choses se met en place dans une synergie entre pouvoirs publics, autorités, élus, opérateurs et professionnels locaux. D'où la nécessité d'une stratégie de sauvetage réelle, car c'est bien de cela qu'il s'agit, avec les moyens et les décisions adéquates, dans le court, moyen et long termes, pour sauver ce qui peut l'être encore. La situation est tellement critique que les grands TO ne trouvent plus à vendre dans la destination, sinon la brader avec le All Inclusive, ne faisant que compliquer encore plus la donne et nuire à la fois à la qualité des prestations et à la renommée de la destination... La grande preuve nous vient tout dernièrement du marché allemand (bien exprimé lors de l'ITB dernier) qui ne s'intéresse plus à la destination et qui l'exprime avec la suppression de sept vols d'un coup. Or, sans aérien : vols directs, charters et low cost, aucun développement correct ne se fera pour la bonne raison que 94% des touristes européens utilisent l'avion pour venir à Agadir. Tout développement touristique donc commence par l'aérien, continue par l'aérien et ne peut se faire sans l'aérien, mais ... mais l'aérien doit être basé, soutenu et accompagné par un bon produit hôtelier. Ainsi donc, une mise à niveau urbaine convenable (particulièrement celle du secteur touristique et balnéaire), la réouverture des hôtels fermés, en chantiers éternels ou ceux vétustes et l'instauration d'une véritable animation touristique riche et variée, étalée sur toute l'année et non saisonnière sont nécessaires. En conclusion, Agadir a besoin d'une sorte de « Plan Marshal » local pour la sauver de la déchéance actuelle qui risque de s'aggraver encore plus si rien n'est fait dans les trois ans à venir. Le temps n'est plus aux réunions mais aux actions. Aux grands maux, les grands remèdes avec la dynamique constructive qu'il faut. Un dernier point important. Le benchmarking des destinations est intéressant, mais il faut comparer le comparable. La destination balnéaire Agadir est actuellement hors compétition et ne peut indiscutablement être comparée ni aux Canaries, encore moins à la Turquie ou à l'Egypte. Lorsque ces pays à vocation touristique réalisaient des stations balnéaires entières dernière génération, chez nous, on ouvre un hôtel tous les cinq ans. On est incapable de terminer des chantiers hôteliers éternels et de procéder à l'ouverture des établissements fermés. Le mal est vraiment chez nous. Nous n'avons ni les stratégies de développement des pays touristiques soi-disant « concurrents », encore moins leur dynamique de promotion, le déploiement de leur aérien, l'implication de leurs professionnels, de leurs autorités de tutelle et l'intelligence pratique des structures et moyens de financement, d'encouragement des investissements dans le secteur du tourisme. Alors que ces pays avancent bien, nous stagnons, voire nous reculons.