Le Délégué général de l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion, Mohamed Saleh Tamek, a présenté lundi, à Fès, une description détaillée de la population carcérale mineure au Maroc. Le responsable a en effet révélé que le nombre de détenus dans les établissements pénitentiaires, jusqu'au 5 juin dernier, s'élevait à un total de 1069 personnes, dont 4 % étaient des filles. Intervenant lors de la rencontre nationale consacrée au suivi des résultats du débat national sur la protection des enfants en conflit avec la loi, Tamek a souligné que le quart de cette catégorie était détenu au Centre de réforme et de rééducation d'Ain Sebaâ à Casablanca tandis que les autres étaient répartis dans 42 établissements pénitentiaires, dont 722 étaient incarcérés pour la première fois, 185 étaient en retour pour la première fois et 139 étaient des multirécidivistes. Détention préventive, un taux élevé Tamek a précisé par ailleurs que le taux de détention préventive parmi les enfants détenus a atteint 80% et reste élevé par rapport au taux général qui ne dépasse pas 34%. En ce qui concerne la répartition par âge, l'âge moyen de cette catégorie est 17 ans tandis que le plus jeune détenu n'a que 12 ans et 9 mois. Ce dernier est actuellement en détention préventive pour vol et possession d'armes mettant en danger la sécurité des personnes et des biens. Tamek a noté que les délits d'atteinte aux biens constituent l'une des principales raisons d'incarcération des détenus mineurs à hauteur de 65 % des cas, à fin mai 2024. Quant aux peines infligées à cette catégorie, le responsable a expliqué que plus de 80 % ne dépassent pas deux ans de prison ferme. Protection des détenus mineurs Le Délégué général de la DGAPR, a cependant insisté sur l'importance de la protection des détenus mineurs dans les établissements pénitentiaires. Une mission qui nécessite une réforme des lois et des législations pour garantir les droits de cette catégorie et améliorer leurs conditions de détention, soutient Tamek. Ce dernier note d'ailleurs l'importance de la prévention de la violence et l'assurance de la santé physique et mentale des détenus, en particulier des mineurs. D'un autre côté, le responsable a évoqué les programmes de réhabilitation et leur personnalisation afin de permettre aux détenus mineurs d'acquérir les compétences nécessaires pour une meilleure réintégration sociale. Ceci tout en réduisant le taux de récidive chez cette catégorie spéciale. Programme de réhabilitation Au total, 60 centres pédagogiques ont été mis en place dans les différents établissements pénitentiaires dotés de tous les équipements nécessaires pour la mise en œuvre de ces programmes, comme l'explique le responsable. L'année dernière, 1.107 mineurs ont bénéficié d'une formation professionnelle et 78 autres d'une formation agricole. Concernant l'éducation formelle, Tamek a fait état de 421 mineurs bénéficiaires, soit 17 % du total des détenus mineurs. Plaidant pour une politique pénale éclairée qui tient compte des spécificités de cette catégorie, Tamek a conclut en appelant à l'adoption d'autres alternatives à l'emprisonnement tout en rationalisant la détention préventive.