Saisis depuis 2013, des juges financiers parisiens soupçonnent le groupe Bolloré d'avoir utilisé les activités de conseil politique de sa filiale Euro RSCG (devenue Havas) pour décrocher frauduleusement la gestion des ports de Lomé et Conakry au bénéfice d'une autre de ses filiales, Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée SDV, au moment d'élections présidentielles en 2010 dans ces pays. Pour éviter un long procès pénal, V. Bolloré - 11e fortune de France - ainsi que Gilles Alix, directeur général du groupe Bolloré à l'époque, et Jean-Philippe Dorent, directeur international chez Havas, avaient sollicité en 2021 une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Lors de l'audience publique, ils avaient reconnu les faits et accepté une peine de 375.000 euros d'amende, mais le tribunal avait refusé de l'homologuer, renvoyant le dossier à l'instruction. Le milliardaire et magnat des médias de 72 ans, avait contesté jusqu'en cassation ce revers procédural qui avait selon lui engendré une atteinte à sa présomption d'innocence, mais la plus haute juridiction judiciaire a validé fin novembre la procédure, ouvrant la voie à un nouveau procès pénal. Lundi, selon la source proche du dossier, le Parquet national financier a requis un procès pour corruption active d'agent public étranger contre Bolloré et Alix, pour abus de confiance pour ce dernier et pour complicité de celle-ci pour Bolloré et Dorent. Le groupe Bolloré avait bénéficié d'une convention judiciaire d'intérêt public (Cjip), par laquelle il avait payé 12 millions d'euros d'amende contre l'abandon des poursuites. La décision finale sur la tenue d'un procès revient au juge d'instruction financier.