Après une première réunion avec le chef du gouvernement lundi dernier, retour à la table des négociations pour les quatre syndicats de l'enseignement. Au bout de plusieurs semaines de grèves, les représentants des enseignants, qui ont obtenu le gel du nouveau statut de l'Education nationale suite à la réunion avec Aziz Akhanouch, ont repris les négociations jeudi 30 novembre. Cette fois-ci avec la commission composée du ministre de l'Education nationale, Chakib Benmoussa, du ministre de l'insertion économique, Younes Sekkouri, et du ministre délégue en charge du budget, Fouzi Lekjaâ. Signes prometteurs "Lors de cette réunion complémentaire, le débat s'est principalement focalisé sur la manière de concrétiser l'accord conclu lundi dernier avec le chef du gouvernement. Il s'agit en effet de la mise en application de la décision gouvernementale du gel du nouveau Statut unifié", explique au téléphne Youssef Alakouch, Secrétaire général de la Fédération libre de l'enseignement, à L'Observateur du Maroc et d'Afrique. Un premier point auquel les quatre syndicats ( Fédération nationale de l'enseignement-UMT, le Syndicat national de l'enseignement-CDT, la Fédération autonome de l'enseignement-UGTM et le Syndicat national de l'enseignement-FDT) accordent une grande importance. "Les syndicats voulaient que cet accord oral soit concrétisé de manière légale, écrite et administrative de telle manière à garantir sa mise en application dans les plus brefs délais", ajoute le représentant de la Fédération autonome de l'enseignement. D'après ce dernier; le ministère de l'Education a choisi finalement d'émettre une note ministérielle qui sera adressée à toutes les régions et les provinces. "Les syndicats ont également réclamé que cette note annonce l'annulation définitive des sanctions décrites dans le nouveau statut unifié. Seules les dispositions du statut de la fonction publique restent en vigueur", souligne de son côté Younes Firachen, Secrétaire général du Syndicat national des enseignants relavant de la CDT. La copie des syndicats En plus du gel du statut unifié, cette réunion a été l'occasion pour les syndicats de renouveler leurs requêtes par rapport à l'augmentation de salaire des enseignants et aux dossiers des différentes catégories. Si le gouvernement s'est déjà engagé à augmenter les salaires des enseignants, comme le soutient Alakouch, les syndicats eux sont tenus de formuler leurs propositions et leur "copie" de la révision générale du Statut unifié avant le 15 janvier 2024, une date fixée lors de la réunion avec le chef du gouvernement lundi dernier. "Nous avons cependant conclu, lors de la réunion du jeudi, de préparer notre révision ainsi que les propositions concernants les dossiers catégoriels à impact budgétaire avant le vote de la loi de finances. C'est à dire en décembre", précise Alakouch. Les syndicats sont-ils pour autant satisfaits ? La grève qui dure depuis des semaines prendra-t-elle fin enfin ? "Nous sommes plutôt satisfaits de l'état d'avancement actuel des choses. Les deux dernières réunions ont marqué la concrétisation de décisions importantes prouvant la bonne foi du gouvernement et sa volonté de débloquer la situation", répond Alakouch. Pour le Secrétaire général du Syndicat national des enseignants relavant de la CDT, il est encore tôt pour se prononcer. " C'est difficile de se dire satisfait ou non à l'heure actuelle. La vision n'est pas encore claire par rapport à l'augmentation des salaires et ses détails, à part que c'est prévu pour la loi de finance 2024. Aussi par rapport aux amendements du Statut unifié, à l'exception de l'annulation des sanctions", nuance Firachen. Ce dernier nous apprend qu'une nouvelle réunion est prévue mercredi 6 décembre, cette fois-ci avec Fouzi Lekjaâ pour un débat axé sur les augmentations de salaires et leur montant. Et la grève ? Quant à la grève, Youssef Alakouch s'abstient de trancher. "Toutes ces démarches visent à satisfaire les doléances des enseignants. Il faudrait répondre à notre dossier revendicatif dans les plus brefs délais pour débloquer complètement la situation", relativise le représentant syndical. De son côté, Younes Firachen reste assez évasif, mais insiste toutefois sur un point crucial : "Je le dis et je le répète, il faut redonner confiance, donner des signaux positifs et rassurer les enseignants qui sont tellement démoralisées et doivent bien s'assurer qu'il y a une volonté politique pour débloquer la situation". Les signaux déjà donnés par le gouvernement ne sont-ils pas assez suffisants pour apaiser les esprits et suspendre les grèves qui durent depuis des semaines ? " C'est un début. Des prémices plutôt encourageantes. La réunion de mercredi avec le ministre chargé du budget nous apportera peut être plus de signaux positifs", espère le représentant syndical. Opération sauvetage Par ailleurs, le ministère de l'Education nationale a annoncé, jeudi 30 novembre, le lancement du programme national de soutien pédagogique au profit des élèves dans les établissements d'enseignement public, au niveau des différentes régions du Royaume, et pendant les deuxièmes vacances intermédiaires (4-10 décembre). Du côté des syndicats, il n'y a pas encore de confirmation d'une éventuelle participation à cette opération "sauvetage". La Fédération nationale des associations des parents d'élèves du Maroc a suggéré d'annuler les vacances scolaires de décembre et mars et de prolonger les cours jusqu'à juillet pour rattraper le temps perdu et sauver l'année scolaire. Des propositions déjà soumises à Chakib Benmoussa lors d'une rencontre tenue mardi 28 novembre. En attendant une réponse officielle, certains enseignants du primaire nous ont confié qu'ils étaient prêts à dispenser des cours, bénévolement, les dimanches après les vacances, s'ils en obtenaient l'autorisation.