Le Maroc est actuellement confronté à une série d'incendies dévastateurs qui touchent à la fois ses forêts et ses oasis, mettant en danger des écosystèmes fragiles et précieux. Les autorités sont mobilisées pour faire face à cette situation alarmante qui menace la biodiversité et le patrimoine naturel du pays. Oasis en danger Une tragédie s'est abattue sur l'oasis d'Addis à Tata alors qu'un violent incendie a réduit en cendres une vaste étendue de palmiers. Les autorités ont réussi à contenir 95% du feu, mais des zones restent encore menacées. L'Agence Nationale des Eaux et des Forêts (ANEF) appelle les habitants et les travailleurs vivant à proximité des oasis à prendre des précautions et à signaler rapidement tout comportement suspect pouvant déclencher un nouvel incendie. Flammes destructrices Selon l'ANEF, près de 3.900 hectares ont été dévorés par les flammes au Maroc depuis le début de l'année en cours. Le ministre de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts a alerté sur le plus grand incendie de cette année qui a ravagé 2 000 hectares de forêt près de Berkane. En 2022, 22 800 hectares touchés, bien au-delà de la moyenne annuelle de 3 350 hectares des dix dernières années. Les incendies de forêts ont éclaté dans presque toutes les régions du Royaume, mais la plus grande pression a été remarquée au niveau de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma. 188 incendies, soit 38% du total, ont touché le Nord du Royaume, détruisant 18.700 hectares, à savoir 82% du total. Le Maroc enregistre, depuis un mois, 5 à 6 incendies par jour, dans certaines régions du Royaume . Le ministre a noté que « le Maroc enregistre, depuis un mois, 5 à 6 incendies par jour, dans certaines régions du Royaume ». Or, « le Royaume dispose d'un système de suivi et de surveillance permanent et efficace », a-t-il rassuré. Ecologie en péril La plupart des incendies ont été de petite envergure, cet été, mais ils ont représenté une menace significative pour la biodiversité. «Les feux de forêts qui ravagent des dizaines de milliers d'hectares représentent une véritable bombe à carbone », alerte l'expert en environnement et climat, Said Kerouk qui attribue les récents incendies de forêts au réchauffement climatique. Selon lui, lorsque les conditions de sécheresse atteignent leur apogée, un incendie peut facilement éclater en raison de trois facteurs essentiels : le combustible, la météo et le terrain. Les éléments combustibles, tels que les arbres, les plantes, les feuilles sèches et les branches mortes, s'enflamment plus rapidement en présence de sécheresse. Les vents et les conditions météorologiques favorisent également la propagation rapide des incendies de forêt. La topographie du terrain joue également un rôle crucial dans l'intensité et la direction des incendies. "Les feux de forêts qui ravagent des dizaines de milliers d'hectares représentent une véritable bombe à carbone", alerte le climatologue Les conséquences de ces incendies sont dévastatrices, selon le climatologue, à plusieurs niveaux. La faune, la flore et les cycles naturels des forêts sont perturbés, entraînant la disparition de certaines espèces indigènes et la prolifération de plantes envahissantes. Les incendies engendrent de grandes pertes de patrimoine et de ressources, et la reconstitution des forêts prendra beaucoup de temps, en particulier pour certaines essences forestières dont les conditions favorables à leur développement ne sont plus disponibles. Ces facteurs météorologiques entravent leur régénération. « Le réchauffement climatique explique l'intensification et la fréquence croissante des feux de forêt. Cependant, ces incendies peuvent également contribuer à accélérer la hausse des températures, créant ainsi un cercle vicieux de destruction environnementale », fait savoir Kerouk. Mesures urgentes Face à cette situation critique, l'ANEF a déployé un dispositif de gestion de crise efficace pour protéger près de 133 000 hectares des risques d'incendie. De plus, un nouveau Plan directeur de gestion intégrée des incendies de forêts a été élaboré pour la période 2023-2033, afin de prévenir et de lutter contre ces incendies destructeurs. « Il est crucial que tous les acteurs locaux, les autorités et les citoyens collaborent pour préserver les forêts et les oasis du Maroc. Ces écosystèmes sont essentiels pour la biodiversité, l'équilibre écologique et le bien-être des populations locales. La préservation de ces trésors naturels nécessite une prise de conscience collective et des mesures concrètes pour éviter de futures catastrophes environnementales », conclut le climatologue.