En marge du congrès mondial de la ligne à grande vitesse organisée récemment à Marrakech, le directeur général de l'ONCF, Mohamed Rabie Khlie a répondu aux questions de l'Observateur du Maroc et d'Afrique. La grande vitesse va continuer au Maroc. De nouveaux lignes sont prévues notamment vers Marrakech et Agadir. «Nous sommes dans un stade assez avancée en termes d'études détaillées qui vont permettre avant la fin de l'année, de démarrer le process d'acquisition de terrains principalement pour la continuation de la grande vitesse de Kénitra jusqu'à Casablanca et de Casablanca jusqu'à Marrakech », explique le patron de l'ONCF. Il ajoute aussi que «les études sont en cours également pour la LGV d'Agadir. En même temps, nous sommes à la recherche du montage de financement le plus approprié pour la réalisation de ces projets ». En parallèle, il est prévu aussi de lancer plusieurs lignes de type RER. Sur ce volet Mohamed Rabie Khlie note que le développement de la grande vitesse permettra de libérer de la capacité sur la ligne conventionnelle et donc de mettre en place de vrais projets de proximité. «L'objectif est de développer une multitude de lignes de type RER notamment entre Kenitra et Bouznika, de Mohammedia à Nouaceur, de Casablanca à El Jadida, de Marrakech à la ville verte, ou encore entre Kenitra et Sidi Kacem, Fès et Meknès...la réflexion est en cours avec les concernés en particulier les régions et les gestionnaires des villes pour pourvoir réaliser ces projets d'ici 2030 », détaille-t-il. Interrogé sur le montage financier le plus adapté pour la réalisation de ce genre de projets, R.Khlie estime qu'il n'a pas de montage idéal, mais plutôt un modèle qui rend les choses possibles sans alourdir ni l'endettement de l'Etat ni la capacité de d'endettement l'ONCF. Pour Al Boraq par exemple, 75% du coût du projet a été financé grâce à une dette portée par l'ONCF. Au moment où R.Khlie admet que pour ces projets d'aménagement du territoire, la valeur créée n'est pas captée par les entreprises ferroviaires mais plutôt par la collectivité. Donc plus de 70% du coût de l'infrastructure soit normalement être à la charge de la collectivité. D'où la nécessité de trouver des montages financiers adéquats. «l'Etat a d'autres arbitrages à faire et comme ce sont généralement des projets capitalistiques avec un retour sur investissement sur le long terme et un amortissement de plus de 50 ans, il faut donc aligner les financements sur la durée de vie et trouver un montage financier qui prend en considérations un ensemble de paramètres comme la marge contributive du projet et son impact sur la collectivité », insiste le DG de l'ONCF citant l'exemple de Tanger qui dans le secteur du tourisme a vu son nombre de nuitées augmenter de 20% en 2019 grâce à Al Boraq. Qui se chargera de la réalisation des futures LGV ? Ici, R.Khlie est catégorique : le premier projet nous a permis d'apprendre le métier et de s'approprier l'ingénierie. «Vu que c'était une nouvelle technologie, il fallait donc au départ, avoir de l'assistance pour pouvoir maîtriser le projet. Aujourd'hui, nous opérons déjà une ligne grande vitesse et donc nous avons pu former le capital humain que ce soit sur le plan technique que celui commercial ou encore en termes d'outils. Nous n'avons pas de dépendance sur ce volet », fait savoir le professionnel ajoutant que même les études en cours pour les futures lignes à grande vitesse sont réalisées par des bureaux d'études marocains. «Nous avons le savoir faire qu'il faut. Et cela va nous permettre de mieux faire jouer la concurrence pour tout ce qui relève des équipements ferroviaires et des trains dont nous avons besoin. Nous sommes ouverts dans ce sens. Et que le meilleur gagne », insiste Khlie. L'ONCF a l'ambition aussi de rénover sa flotte actuelle et de produire des trains « Made in Morocco ». «L'idée est de rénover notre flotte et d'accompagner la croissance du trafic ce qui justifiera l'implantation d'un ou plusieurs constructeurs au Maroc afin de produire des trains au niveau local. Ceci répondra à nos besoins et permettra d'exporter quelques sous-unités vers d'autres pays. Au début du taux d'intégration sera de 10% et l'objectif est d'aller vers plus de 60% », assure Khlie. Sur le chantier de changement de statut l'ONCF en SA qui se fait toujours attendre, Khlie confie que le projet est toujours en cours. «Pour la loi datant de 2005, ce changement n'a pas été concrétisé pour des considérations d'ordre fiscal et de l'évolution du secteur à travers le monde. Aujourd'hui, la nouvelle loi stipule que tous les établissements marchands devraient évoluer vers des SA dans les 5 années à venir. Le travail est en cours pour être dans les délais et cela fera l'objet d'un volet dans le cadre du prochain contrat-programme que nous allons signer avec l'Etat », conclut Khlie.