Trois mois à peine après son lancement, la pétition L7abs_la recueille 2000 signatures, soit la moitié du nombre requis (4000). Une condition sine qua non pour que la dite pétition soit légalement valable et présentable aux parlementaires. Lancée en novembre dernier par le collectif Hors la loi, cette nouvelle pétition parlementaire a pour objectif l'abrogation de l'article 490 incriminant les relations sexuelles hors mariage. Une loi controversée jugée par les activistes des droits humains comme anachronique et anti-libertés individuelles. Des jeunes plus libres Alors que l'opération de recueil des signatures continue à travers le Royaume, la présidente du Collectif Narjiss Benâazzou a fait part de l'engouement des jeunes en particulier ceux âgés de moins de 25 ans. « Ces jeunes constituent la majorité des signataires mais leur mobilisation pour l'abrogation de l'article 490 est cependant freinée par leur non-inscription sur les listes électorales. Ils n'en ont pas envie ! », explique Benâazzou. Un dégoût de la politique doublé par une certaine méfiance lorsqu'il s'agit de donner une copie de leurs cartes d'identité nationale. « Ils s'y refusent alors que c'est une condition obligatoire pour que la signature soit valable », ajoute la présidente de Hors la loi. Des réactions et des attitudes qui freinent le recueil des signatures et limitent le nombre des signataires malgré leur avis positif par rapport à l'abolition de cette loi. Des personnalités publiques ainsi que des artistes et autres acteurs ont toutefois affiché leur soutien à cette action et ont signé en public la pétition tels le model Kawtar Bouderaja et les acteurs Fatim Zahra Jouahri et Abdeslam Bouhssini. Pourquoi abroger l'article 490 ? L'une des lois les plus en « décalage avec l'évolution de la société marocaine. L'article 490 favorise la culture du scandale et facilite la tâche aux personnes mal attentionnées pratiquant le chantage à l'aide de photos et de vidéos privées », dénonce Hors la loi dans l'une de ses pétitions précédentes, lancée en solidarité avec « la voilée de Tétouan » poursuivie après la diffusion d'une sextape. L'article 490, objet de l'ire des défenseurs des droits humains et des libertés individuelles, stipule en effet qu'elles sont passibles «d'emprisonnement d'un mois à un an toutes personnes de sexe différent qui, n'étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles». Une loi controversée, qui au-delà des destins brisés d'une manière directe à cause des peines de prison, favorise l'amplification des violences sexuelles et numériques dans notre pays. « Encore aujourd'hui, lorsqu'une femme ayant subi un viol mais ne parvenant pas à le prouver ou qu'une victime de revenge porn se présente à la justice pour bénéficier des mesures de protection que lui offre le code pénal, elle risque elle-même de se faire arrêter en vertu de l'article 490» déplore le collectif dans une lettre ouverte adressée, en décembre 2021, au ministre de la justice Abdellatif Ouahbi.