« Parce que l'école doit être un espace où tous les enfants, des deux sexes, ont droit à une éducation de qualité à travers laquelle ils développent des compétences leur permettant de vivre ensemble, égaux en dignité et en droits, l'Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) lance l'initiative citoyenne pour l'école de l'égalité », c'est en ces termes que l'ADFM présente sa nouvelle bataille. Une initiative qui est d'ailleurs soutenue par des centaines d'associations féministes, de droits humains ainsi que par les syndicats de l'enseignement, les organismes représentant les inspecteurs pédagogiques et les associations de professeurs et les fédérations des associations de parents d'élèves, comme l'affirme-t-on dans un communiqué de l'ADFM. Effet limité Reconnaissant l'importance des efforts consentis en matière de sensibilisation au principe de l'égalité à travers l'école, l'association féministe et ses partenaires appellent à en tirer des enseignements tout en insistent sur « les limites de leurs effets et impact ». L'ADFM note la nécessité de garantir les bonnes conditions pour opérer des changements structurels déterminants en matière de parité et d'égalité. Pour commencer, l'association a procédé à l'élaboration d'un mémorandum « Pour l'école de l'égalité entre les deux sexes » « qui prend acte du changement annoncé par le programme gouvernemental (2021/2026) «La nouvelle école » et la « Renaissance éducative » prônée par la feuille de route du ministère de l'éducation nationale », ajoute le communiqué de l'ADFM. Le mémorandum repose également sur l'Appel émanant du « Sommet de l'ONU sur la transformation de l'éducation » organisé en septembre 2022 et axé sur la question de « la promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des filles et des femmes dans et par l'éducation ». Critiques et recommandations Proposant des analyses critiques des initiatives prises au sein du ministère de l'éducation nationale ces dernières décennies, le mémorandum présente un argumentaire en faveur d'une école éduquant garçons et filles au respect du principe d'égalité. Si d'après l'analyse de l'ADFM, on a enregistré une réduction significative des inégalités entre les sexes au niveau des indicateurs liés à la scolarisation, l'école n'use toutefois pas suffisamment de son « pouvoir » et ses canaux d'influence pour lutter efficacement contre les divers stéréotypes et pratiques discriminatoires. Plusieurs recommandations sont ainsi proposées pour « la mise en œuvre d'une école qui offre au quotidien, les moyens et les outils d'apprendre pour vivre égaux en dignité et en droits », insiste-t-on auprès de l'ADFM. « La rupture avec les contradictions caractérisant le traitement du principe d'égalité des genres, d'une discipline à une autre, d'un enseignant à un autre, d'un manuel à un autre, d'une administration pédagogique à une autre, la rupture avec l'incohérence entre le discours éducatif et la pratique et la rupture avec la logique dominante de l'instruction qui prévaut sur la logique d'apprentissage notamment lorsqu'il s'agit de valeurs humaines, y compris l'égalité », sont autant de pistes indiquées par Widad Bouab, coordinatrice du groupe de travail de l'ADFM, pour instaurer l'égalité à l'école. Rappelons que ce mémorandum a été déjà présenté en décembre 2022 à Chakib Benmoussa, ministre de l'éducation nationale. « Cette action marque la première étape dans le processus de plaidoyer de l'ADFM visant l'inscription de la tolérance zéro des préjugés et stéréotypes sexistes à l'école, comme un indicateur de la qualité de l'enseignement », ajoutent les activistes de l'ADFM. L'égalité, indicateur clé Déterminées, ces dernières réclament l'intégration de « l'Ecole de l'Egalité » dans les indicateurs clés de la « nouvelle école marocaine » annoncés comme réponse aux problèmes majeurs du système éducatif. « Un effort particulier s'impose à deux niveaux : le premier étant de relever le défi de neutraliser les contraintes du « temps politique » court. Le second, est d'éviter une gestion « administrative/bureaucratique », réclame l'ADFM. « L'école marocaine sera nouvelle si elle devient une réalité quotidienne durable, à travers les processus d'apprentissage formel et non formel tout au long du parcours scolaire du préscolaire au baccalauréat », ajoute de son côté Amina Lotfi, Présidente du bureau de Rabat de l'ADFM. Des efforts de sensibilisation qui sont déployés également auprès des parlementaires via des journées d'étude en partenariat avec la Commission Education, Culture et Communication de la Chambre des représentants. Quant au grand public, l'association mène durant tout le mois de janvier 2023, une campagne de sensibilisation à l'échelle nationale via les réseaux sociaux. Pour rappel, le dernier Global Gender Gap (2021) classe le Maroc au 144e rang sur les 156 pays indexés et au 12e rang dans la région MENA. Une situation peu reluisante qui motive davantage l'ADFM qui « fait de la pédagogie de l'égalité un objectif, une démarche et un moyen de faire progresser le système éducatif en tant que véritable levier de promotion de la culture de l'égalité aussi bien à l'école que dans la société » conclut-on à l'ADFM. .