La décision est prise. Le SMIG va augmenter de 10% en deux temps : 5% en septembre 2022 et 5% supplémentaire à partir de septembre 2023.. «C'est le fruit d'un accord tripartite signé le 30 avril 2022 entre le gouvernement, la CGEM et les centrales syndicales les plus représentatives », explique le président de la commission sociale de la confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Hicham Zouanat. Cette mesure devrait alors améliorer le pouvoir d'achat des ménages les plus modestes et compenser la forte inflation actuelle. Mais cela aura aussi des conséquences pour les entreprises. Ce que vont perdre les entreprises... « La hausse du SMIG est une charge supplémentaire pour les entreprises », reconnait Zouanat notant que les temps sont difficiles pour les patrons d'entreprises, vu la conjoncture actuelle marquée par la hausse excessive des prix des intrants, la flambée du coût de l'énergie...Par ailleurs, «l'impact de la hausse du SMIG varie selon le secteur d'activité et dépend de la nature de la main d'œuvre employée. «Les entreprises qui emploient une main d'œuvre de base vont être plus affectées que celles qui recourent par exemple à des systèmes automatisés ou une main d'œuvre plus qualifiée. Aussi, le secteur de l'industrie par exemple sentira plus le poids de cette mesure que celui des services », fait savoir le représentant de la CGEM qui évalue l'impact à presque 2,3 MMDH supporté par près de 214.000 entreprises. «Ce sont juste des estimations, l'impact réel sera calculé après les déclarations des salaires auprès de la CNSS », insiste le même interlocuteur. ...ce qu'elles devront gagner en contrepartie Pour Zouanat, il s'agit d'un deal négocié sur trois ans. La hausse du SMIG va être suivie, comme le stipule l'accord paraphé, par la promulgation de la loi organique portant sur l'exercice du droit de grève avant janvier 2023 et l'amendement du code du travail avant juillet 2023 avec l'intégration des attentes du secteur privé sur ce volet. «Les négociations avec le gouvernement et les syndicats ont abouti à un contrat social avec des engagements mutuels. Chacune de parties a des droits mais aussi des obligations à respecter. En tant que patronat, nous allons respecter notre part du contrat. Cependant, nous avons aussi des attentes qui devront être satisfaites durant les 3 ans à venir. Et c'est grâce à cela que l'entreprise pourra augmenter sa productivité, être plus flexible, ce qui lui permettra, in fine, d'absorber l'effet de l'augmentation du SMIG », tient à préciser Zouanat. TPE, les grands perdants Les plus pénalisées dans cette affaire, les PME et TPE. Et cela est confirmé par Zouanat. «Une augmentation pareille de SMIG va peser lourd sur les charges sociales de ce type d'entreprises dont les deux tiers sont assez fragiles. Celles-ci ne sont pas forcément en mesure d'absorber une hausse de la masse salariale», regrette t-il. Un regret partagé par le président de la confédération marocaine de TPE-PME. Abdellah El Fergui ne cache pas son inquiétude sur l'effet que cela pourrait avoir sur l'activité, et sur les emplois. «Nous sommes appelés aujourd'hui à appliquer une mesure qui nous a été imposée, qui affecte lourdement nos activités, alors qu'on n'a même pas été impliqué dans ce dialogue social, ni invité à la table des négociations malgré les promesses données et les différents courriers envoyées aux différentes parties concernées », déplore t-il ajoutant que si les grandes entreprises acceptent de s'engager dans un tel processus, c'est parce qu'elles bénéficieront en contrepartie d'autres avantages comme l'amendement du code du travail qui n'est pas adapté dans sa version actuelle aux TPE. Sur l'emploi, El Fergui reste convaincu que vu les marges faibles dégagées par les TPE et compte tenu du contexte actuel de crise, cet impact sera important et pourrait limiter les embauches. Impact sur les salaires La dernière étude sur le salaire moyen au Maroc, rapportée par le Haut-commissariat au plan en 2021 et réalisée auprès d'un échantillon de 3.290 ménages, montre que le revenu annuel moyen au niveau national est de 21.515 dirhams, ce qui équivaut à un salaire moyen Maroc de 1.793 dirhams mensuel. Selon les données récentes, 65% des salariés déclarés à la CNSS touchent moins de 3.000 dirhams mensuels. Avec cette revalorisation, le salaire minimum légal (SMIG) pour une heure de travail pour les professions libérales et les secteurs de l'industrie et du commerce passera de 14,81 DH à l'heure à 15 ,55 DH à l'heure à partir de septembre 2022, et de 15,55 DH à 16,29 DH à l'heure à partir de septembre 2023. Au même titre, le salaire minimum légal pour une journée de travail dans le secteur de l'agriculture sera de 84,37DH au lieu de 76,70 DH, à partir de septembre 2022. Puis de 88,58 DH au lieu de 84,37 DH à partir de septembre 2023. Dans le secteur public, le SMIG passera de 3.000 à 3.500 DH par mois.