Filmé à la façon du film culte « Crash » de Paul Haggis, le dernier long métrage de Hakim Belabbes raconte avec délicatesse les destins entrecroisés de plusieurs personnages dans la ville de Bejaad. Le drame social et poétique réunit des acteurs de différentes générations notamment : Amine Naji, Hassna Moumni, Zhour Slimani, Sanaa El Alaoui, Hanane Benmoussa, Hamid Najah, Rabab El Khechibi, Younes Yousfi, Zaynab Alji, Nabil El Mansouri, Fatima Zahra Lahouitar, Amine Talidi, Yettou Nefaoui, Abdurrahman Elmokrani, Khalil Oubaaqa, Moncef Kabri et Salah Laasri. Bribes d'espoir Fidèle à lui-même, Hakim Belabbes plonge le public dans des histoires de la vie quotidienne d'hommes et de femmes. L'action se déroule à Bejaad où le quotidien est difficile pour certains et clément pour d'autres, selon les jours. Les visages des épouses et des maris, des mères et des pères, des fils et des filles ... racontent les contrastes du destin, ses injustices mais aussi ses plus beaux cadeaux. Cela va d'un deuil suite à la perte d'un être cher jusqu'à une nouvelle naissance qui apporte espoir et bonheur. Telle est la vie, elle insiste pour aller de l'avant et entraîne avec elle ceux qui souhaitent la vivre. Dans le décor de "Murs effondrés", les voisins vivent des vies séparées avec le même cycle de fardeaux et de petites joies. Ici, lâcher prise est un défi, à la fois pour les morts et les vivants. Les gens de cette ville partagent le même monde, ils s'y côtoient et se confrontent mais ignorent quand ils vivent, chacun, dans la vie de l'autre, s'entraidant et se nuisant mutuellement. Connectés par l'amitié, la proximité et le sang, ils se détruisent et se soutiennent : par des mariages, des funérailles, des meurtres, par le pardon, par l'amour, et le sacrifice. Les personnages construisent leur petite communauté en s'accrochant à l'espoir. Pendant ce temps, les âmes des morts persistent à veiller sur ceux qu'ils ont laissés derrière. L'émotion poétique Il s'agit d'un voyage poétique dans ce qui ressemble à une vie réelle au sein d'un petit village marocain. Avec son regard pointu et artistique, le cinéaste transporte le spectateur dans les détails qui passent d'habitude inaperçus. D'un visage marqué par des rides à un regard morne en passant par un corps affligé par les drames...Tout est décrit avec grandeur et précision. L'empreinte de Hakim Belabbes est omniprésente et l'émotion prédomine son univers. Bejaad mon amour ! Fils cadet d'une famille de 11 enfants, Belabbes est né à Bejaad, où son père possédait l'unique salle de cinéma. Sa ville natale a servi de lieu principal de la plupart de ses films pour deux raisons simples. Il explique « Tout d'abord, mes histoires proviennent de cet espace, donc je n'ai pas besoin de faire un repérage. Et les espaces ont leur propre mémoire, leur propre âme. Deuxièmement, Bejaad ressemble à mon propre studio (ma petite Cinecittà), où j'ai accès à pratiquement tout ce dont j'ai besoin pour ma production et où les gens sont toujours accueillants avec moi." Des destins qui se lézardent C'est ainsi que "Murs effondrés" regroupe dans son histoire des bribes de vie ramassés ici et là dans ce beau village. Hakim Belabbes explique que « le film est né d'un temps de réflexion sur des histoires intimes recueillies en quelques années. Ces histoires sont courtes et thématiquement liées par le temps et l'espace qu'elles habitent ». Il conclut que "Murs effondrés" est une méditation visuelle sur la vie intérieure d'un peuple, tissée à travers le fil de l'humanité partagée qui relie les personnages impliqués. C'est une célébration de la lutte quotidienne et de l'ambivalence. Un pic sobre dans les destins qui pourraient, à première vue, sembler sombres.