Le torchon brûle encore entre les parents d'élèves et les patrons des écoles privées. Tout est parti, quand certains établissements ont demandé aux parents de payer les frais de scolarité relatifs au mois de juillet. «Trouvez vous juste qu'on paie le mois de juillet alors que les études ne sont prévues que pour une semaine pour certains niveaux et qu'il n'y aura pas de classes pour la plupart ? Est-ce juste aussi de payer ce mois alors que nous avons payé le mois septembre au moment où les études ont commencé en octobre ? », demande à l'Observateur du Maroc et d'Afrique, l'un des parents de 3 enfants inscrits dans une école privée à Casablanca . Le président de la fédération nationale des associations des parents d'élèves (FNAPEM), Noureddine Akkouri, est catégorique. Selon lui, les parents d'élèves n'ont pas à payer les frais de scolarité relatifs au mois de juillet. Et pour justifier ce choix, il note : «il ne faut payer que la contrepartie d'une prestation fournie par les écoles privées ». Il ajoute par ailleurs, que « si l'école s'engage à proposer un service de qualité au cours de ce mois en assurant par exemple des cours de soutien aux élèves dans le cadre de la préparation de leurs examens, les parents pourront payer ce service au lieu d'opter pour des cours à l'extérieur. Mais pour le reste des niveaux, il faudra que les parents se mettent d'accord et négocient directement avec les établissements concernés ». De leur côté, les écoles privées estiment que payer le mois de juillet est indiscutable. Un patron d'un établissement privé qui requiert l'anonymat nous explique que les écoles sont accusées à tort d'engranger des profits très importants, alors que c'est loin d'être vrai. Comment ? «La plupart des écoles sont des petites structures et font face à de lourdes charges mensuelles (salaires des enseignants, frais d'entretien et de sécurité, échéances bancaires...), alors qu'ils n'ont pour ressources que les mensualités payées par les parents », détaille- t-il. Le même interlocuteur ajoute qu'en cas de retard ou de refus de régularisation des frais de scolarité, l'établissement se retrouve dans une situation délicate et enregistre un déficit qui provoque un problème de trésorerie ». Autre problématique relevée par les parents d'élèves : la décision prise par certaines écoles de revoir à la hausse les frais de scolarité relatifs à l'année prochaine à un moment où le pouvoir d'achat s'effrite comme peau de chagrin. «L'école de mes enfants a décidé une augmentation des mensualités de 100 DH l'année prochaine sans aucune concertation. Nous avons protesté contre cette hausse mais l'établissement ne veut rien entendre et justifie cela par la volonté de l'amélioration de la prestation. Certains parents ont cédé, mais, la plupart ne compte pas se laisser faire », déplore un autre parent. Le président de la FNAPEM tient à souligner que la grande majorité des familles qui choisissent les écoles privées pour la scolarisation de leurs enfants, sont issues de la classe moyenne dont la plupart ont été impactés lourdement par les répercussions de la crise sanitaire. «Leur imposer une augmentation des frais de scolarité ne fera qu'aggraver la situation. Les écoles doivent faire preuve de solidarité », insiste-t-il avant d'ajouter "qu'une augmentation des tarifs doit être justifiée impliquant par exemple une amélioration de la prestation. Sinon, elle sera une aberration". Une classification pédagogique des écoles s'impose Face à cette anarchie et ces décisions prises de manière unilatérale, Akkouri ne voit qu'une seule issue. «Il faut que le ministère de l'enseignement assume sa responsabilité. S'il ne dispose actuellement d'aucune marge de manœuvre lui permettant de plafonner les tarifs, il a la possibilité par contre de réglementer le secteur à travers la mise en place d'un système de classification pédagogique surtout que l'offre est très disparate tant au niveau du produit que les tarifs pratiqués », insiste t-il. Cette classification facilitera aussi la tâche aux parents. «Ils auront une idée plus claire sur l'offre et choisiront selon la qualité de la prestation recherchée et en fonction de leurs moyens et leur pouvoir d'achat », conclut Akkouri.