Le prix de la tomate a atteint des sommets depuis quelques jours, dépassant les 12 DH le kilo. Cette hausse inquiète aujourd'hui les consommateurs, d'autant plus qu'il s'agit d'un produit nécessaire pour le mois du ramadan. «Différents facteurs expliquent la hausse actuelle des prix de la tomate sur le marché », note le président de la fédération interprofessionnelle marocaine de la production et de l'exportation de fruits et légumes (FIFEL), Lahoucine Aderdour qui met l'accent sur deux problématiques majeures : le manque d'eau pour l'irrigation des plants à Souss, principale région spécialisée dans ce type de cultures et la flambée des coûts des intrants. Chère tomate Aderdour souligne qu'une pénurie d'eau a été enregistrée en pleine campagne de production de tomates. Résultat : de nombreux producteurs ont déploré des pertes colossales et n'ont pas pu sauver leur production. Aussi, le prix des engrais a-t-il été triplé, passant dans certains cas de 6 à 17 DH. S'y ajoute le coût des fongicides et pesticides nécessaires pour la culture de tomates. L'expert évoque également un autre facteur lié à la vague de froid enregistré ces dernières semaines, qui impacte la coloration (les tomates restent verts et ne rougissent pas). De son côté, un autre producteur de tomates dans la région de Souss confie à l'Observateur du Maroc et d'Afrique que les plants de tomates ont été touchés par une maladie fatale en fin de l'année dernière, ce qui a impacté significativement la production. Il ajoute aussi que vu la cherté des coûts de production et la concurrence à l'export, plusieurs agriculteurs se sont réorientés, ces dernières années, vers des productions plus rentables, ce qui agit sur l'offre et induit à une baisse des superficies des tomates rondes cultivées dans le pays. «Lors de la dernière décennie, le coût de revient de la production de tomates au Maroc a augmenté, voire doublé passant de presque 2 DH/Kg à plus de 3,5 DH/Kg. Avec une telle hausse, beaucoup de producteurs ont finit par jeter l'éponge », argumente t-il. Un coup dur pour l'export L'offre réduite pose également un sérieux problème pour les exportateurs. «Le Maroc est le premier exportateur hors Europe qui approvisionne le marché européen en tomate avec 70% des exportations. Aujourd'hui, la demande est là, mais les chiffres de l'export sont décevants. Normalement, lors de cette période on exporte 3000 tonnes de tomates par jour. Actuellement, le chiffre ne dépasse pas les 700 tonnes », regrette Aderdour. Halte à la spéculation En plus de tous ces facteurs précités, les agriculteurs insistent sur le phénomène de la spéculation qui tire les prix vers le haut sur le marché local. «Sur le marché de gros, le prix de la caisse de tomates varie entre 270 et 300 DH, soit presque 6 à 8 DH le kilo. Chez les détaillants, il dépasse les 12 DH/Kg. Malgré la hausse des prix de transport, cette marge demeure injustifiée », regrette le producteur de la région de Souss qui appelle le ministère de tutelle à agir pour préserver le pouvoir d'achat des consommateurs, surtout à la veille du ramadan. Pour les semaines à venir, Aderdour espère que les choses vont rentrer dans l'ordre. Il estime que d'ici le mois de ramadan, les prix pourraient baisser si les conditions climatiques sont favorables Toutefois, il ne cache pas son inquiétude quant à l'avenir de la filière..