« Nous sommes surpris et profondément choqués par la sentence de la cour de cassation de Meknès à l'encontre d'un sexagénaire, père de 5 enfants et accusé d'attentat à la pudeur contre une mineure de moins de 18 ans » s'insurgent Najia Adib et Mohamed Bahra, respectivement Présidente et Secrétaire Général de l'association « Touche pas à mes enfants ». En flagrant délit Dans un communiqué rendu public le 8 décembre 2021, les activistes de protection de l'enfance ont exprimé leur colère par rapport à un acquittement jugé « incompréhensible ». Rappelant les faits l'association dévoile les détails de cette affaire dont la victime a à peine 4 quatre ans. Abusée par un voisin âgé de soixante ans, la fillette avait subi des attouchements à caractère sexuel et des caresses sur ses parties intimes, alors qu'elle se trouvait dans la rue. Soupçonneux, un autre voisin avait traqué les agissements du pédophile en les filmant. « Ce voisin avait filmé le coupable en train d'abuser de la fillette. Il en a fait un DVD qu'il a laissé sur le seuil de la maison de la victime. En découvrant ce que leur fille subissait, ses parents ont porté plainte contre le pédophile », ajoute Najia Adib. Cette dernière affirme que l'accusé a reconnu ses méfaits après son arrestation. « Des aveux qui n'étaient apparemment pas suffisants pour lui valoir une inculpation pourtant logique et bien méritée », regrette-t-on auprès de « Touche pas à mes enfants ». « Certes nous respectons le jugement du tribunal et son autorité décisionnelle mais nous estimons en tant qu'association que le contenu du DVD, surprenant l'accusé en flagrant délit, constitue une preuve de son crime », argumentent Adib et Bahra. Enfance bafouée Exprimant leur grand étonnement, les représentants de « Touche pas à mes enfants » jugent cet acquittement « injuste » et « abusif » envers la fillette et envers toutes les victimes de pédophiles. « C' est un coup dur à l'enfance marocaine et à toutes les conventions internationales de protection des droits des enfants » ajoute la même source. Pour Najia Adib, l'acquittement du pédophile de Meknès ne peut que rassurer et encourager les autres prédateurs rôdant dans les rues et traquant les petites victimes. « Nous appelons la justice et les juges à assumer leur pleine responsabilité dans l'application à la lettre de la loi. C'est la seule manière de châtier les violeurs d'enfants et de venir à bout d'un fléau menaçant la sécurité des petits », conclut la Présidente de l'association. Rappelons qu'après le drame de Adnane Bouchouf, 11 ans, violé et tué par un voisin, les appels des citoyens et activistes de protection de l'enfance se sont multipliés pour durcir les peines voire pour appliquer la peine capitale aux pédophiles. Entre les adeptes de la castration chimique, ceux qui appellent à la réclusion à perpétuité, la prison pour une longue durée ou carrément la peine de mort, un grand débat a suivi à propos du « meilleur » châtiment susceptible de mettre fin à ces crimes. Crime et châtiment «Les peines peu sévères prononcées à l'encontre des pédophiles participent largement à l'amplification du phénomène», s'insurge alors Najia Adib, avant de rajouter «Comment voulez-vous qu'un pédophile soit inquiété alors qu'il voit qu'un juge condamne un autre à un an de prison après qu'il ait sauvagement violé un enfant ? Ce genre de peines est même encourageant pour ces prédateurs» matraque l'activiste. D'après la société civile, des peines aussi dérisoires auraient favorisé la prolifération de ces prédateurs. N'ayant de cesse de dénoncer la «mollesse» de la justice marocaine par rapport aux pédophiles, Adib se joint aux nombreuses voix appelant à l'application des peines maximales. «Même pour les violeurs mineurs qui bénéficient souvent de circonstances atténuantes» explique, intransigeante, la militante associative. Pour Maître Lamia Faridi du barreau d'Agadir, la loi marocaine est nullement tolérante avec les pédophiles. « Le problème réside dans son application. La peine de mort est prévue par l'article 474 du code pénal lorsque l'enlèvement est suivi de la mort du mineur mais il est rare que cette sentence soit prononcée». Si la loi marocaine est si « prévenante» avec les enfants, pourquoi se retrouve-t-on avec des peines «dérisoires » comme aime à les qualifier Najia Adib ?