Ces dernières semaines, la lutte contre la pédophile est revenue au centre des préoccupations des partis politiques marocains. Après le rejet du PJD d'une proposition de loi présentée par l'USFP visant à considérer comme viol tout rapport sexuel avec un enfant mineur, c'est le PPS qui s'y met. Le Parti du Progrès et du Socialisme vient de proposer une nouvelle loi pour mieux punir les violeurs. Cependant, s'il y a en une qui ne croit plus en ces nouveaux projets de loi, c'est Najia Adib, présidente de l'association Touche pas à mes enfants. Alourdir les peines contre les violeurs : c'est l'objectif d'un projet de loi que le PPS vient de présenter à la Chambre des Représentants. Un projet qui prévoit des peines de prison pouvant aller jusqu'à 30 ans et des amendes pouvant aller jusqu'à deux millions de dirhams, pour les personnes accusées de crimes sexuels contre les enfants, les femmes et les personnes handicapées, explique le quotidien Attajdid. Tkharbek ! «La plupart des pédophiles n'ont pas d'argent, ils ne peuvent même pas verser une somme de 5000 dirhams aux familles des victimes et on leur demande de verser 2 millions de dirhams !», lance Najia Adib, présidente de l'association Touche Pas à mes Enfants, contactée cette après-midi par Yabiladi.com. «Tkharbek ! Tous ces projets de loi contre les pédophiles, ce n'est que du tkharbek.», lâche-t-elle. « Le problème n'est pas dans les lois mais dans son application par les juges. Ce sont les juges qui ont besoin d'être jugés pour ne pas les appliquer. Même si une loi prévoit une peine de prison de 100 ans aux violeurs, ils n'iront pas. Qu'on nous laisse déjà les articles de loi existants ! Nous, qui sommes sur le terrain au côté des victimes, ce qu'on demande c'est qu'ils soient appliqués», poursuit-elle. Un pédophile viole deux enfants de suite et est relâché ! Pour illustrer ses propos, Najia Adib raconte un cas qui s'est passé il y a quelques semaines dans le quartier Hay Riad à Rabat où un pédophile a violé deux enfants, après les avoir entraînés sur la terrasse d'un immeuble. L'un a 7 ans et l'autre, trisomique, a 14 ans. Des enfants qu'elle a rencontrés et qui lui ont expliqué en détails ce que le pédophile leur a fait. Le pédophile est passé devant un juge d'instruction mais il a été relâché juste après, sans aucune condamnation. Après avoir mené une enquête pour comprendre pourquoi le juge avait relâché le pédophile si tôt, elle apprendra que le pédophile avait tout simplement éclaté en sanglot émouvant le juge ! Se faire justice soi-même L'autre point soulevé par Najia Adib est le manque de suivi des pédophiles. Elle parle de sa propre et triste expérience. En 2003, alors que son fils n'a que trois ans et est gardé dans une crèche, le gardien de l'établissement le viole. «Le gardien avait 57 ans, il était célibataire et ça faisait 18 ans qu'il travaillait dans cette crèche. Il a été condamné au départ à 2 ans de prison et face au scandale que j'ai fait ensuite dans les médias, on l'a inculpé de 6 ans de prison en appel. 6 ans de prison seulement. Tu te rends compte combien d'enfants il a dû violer en 18 ans ! Qu'on ne vienne pas après me parler de justice !», s'exclame-t-elle. Le violeur de son fils est aujourd'hui sorti de prison sans aucun suivi pour s'assurer qu'il ne s'attaque à d'autres enfants. Personne ne sait où il se trouve actuellement. «Face aux dysfonctionnements de la justice et aux lois qui ne sont pas appliquées, les familles pratiquent leur propre justice», ajoute-t-elle. Elle raconte que dernièrement des pères de famille se sont attaqués directement aux pédophiles qui ont violé leurs enfants dans différentes affaires. Ils les ont frappé violemment et leur ont lancé «maintenant, si vous en êtes capables, allez vous plaindre à la justice !»