Cinq ans de prison : c'est la peine maximale à laquelle s'expose aujourd'hui au Maroc toute personne coupable d'actes pédophiles… Les condamnations sont même réduites à deux ans de prison quand la défense d'un violeur arrive à convaincre le juge que l'accusé « n'a pas fait usage de violence ». Des allègements de peine qui sont monnaie courante à en croire plusieurs associations de lutte contre la pédophilie . Mais,avec l'annonce de la dernière décision de la Cour de Cassation, les choses vont bientôt changer et on s'attend à ce que les peines soient plus lourdes. En effet, cette décision fait que désormais, l'abus sexuel sur mineurs ne sera plus considéré comme un simple délit mais relèvera du pénal, ce qui implique des verdicts plus sévères pour les prédateurs sexuels. Jusque là la société civile, qui appelle depuis longtemps à des sanctions plus lourdes, avait dénoncé le flou qui entoure la législation et fustigé les juges qui prononcent des verdicts souvent qualifiés de « bien trop cléments ». Aujourd'hui, les associations contactées par Barlamane.com considèrent que la décision de la Cour d'Appel sera d'abord une arme de dissuasion très efficace, en mesure de marquer durablement les esprits. Ainsi, pour la présidente de l'association Touche pas à mes enfants, « c'est une bonne nouvelle même si ça ne reste pas suffisant ». Najia Adib nous a aussi déclaré que l'annonce faite par Mustapha Faris, premier président de la Cour d'Appel, « va dissuader tous les pédophiles qui auront désormais peur d'être enfermés en prison pour longtemps ». La militante ajoute que, sur le plan international cette annonce aura un double effet: d'un côté, il y aura un gain en terme de crédibilité, le Maroc ayant signé des conventions internationales sans s'y être totalement conformé. Najia Adib ajoute que désormais, les pédophiles à l'étranger ne classeront plus le Maroc parmi leurs destinations préférées. Ces derniers mois, après avoir constaté sur le terrain toute l'ampleur du phénomène, des associations marocaines ont alerté l'opinion publique par la voix du CORCASSE, une confédération qui les réunit. Selon son coordinateur Khalid Cherkaoui Semmouni, on parle tout de même d'une moyenne de deux agressions par jour, que ce soient des attouchements ou des actes de pénétration. Parmi les drames les plus terribles rendus publics ces derniers mois, on citera celui de cette petite fille de 3 ans à Casablanca. Elle a subi une opération réparatrice après avoir été violée par un voisin. L'affaire est en justice et la famille de l'enfant est représentée par le très médiatisé Me Hicham Naciri, connu pour sa proximité avec le Palais royal.