Le rêve américain dans toute sa splendeur, Youssef Mandour en est la belle incarnation. Né à Casablanca en 1981, il passe son enfance à Séfrou avant de revenir à sa ville natale à l'âge de 14 ans. En 1999, il y décroche son baccalauréat en juin et met les voiles en août pour rejoindre son rêve aux Etats Unis. N'ayant cure de la réussite de son industriel de père, il part à la quête de la sienne. « Ma mère est une femme formidable. L'éducation qu'elle m'a offerte et le sens de responsabilité qu'elle m'a inculqué depuis mon plus jeune âge ont fait de moi ce jeune homme ambitieux et profondément indépendant », décrit-il le verbe ému. Commencer petit et grandir « Certes j'avais comme objectif de faire des études supérieures la bas, mais je n'avais pas les moyens pour les financer. Parti avec un visa touriste, je l'ai changé sur place et commencé à travailler dans tout ce que vous pouvez imaginer. Je ne faisais pas la fine bouche. Les petits boulots, c'est ce qui fait les grands hommes », raconte-il le verbe nostalgique. Une expérience riche en enseignements pour le jeune marocain qui vient de débarquer dans un pays complètement étranger. « C'était pour moi une véritable école. Si l'université vous livre la théorie, le travail vous apprend la vraie vie. J'appelle d'ailleurs tous les étudiants marocains à travailler en parallèle avec leurs études, même s'ils n'ont pas besoin d'argent. C'est sur le terrain que s'opère le véritable apprentissage », conseille-t-il. Mais au-delà de l'expérience professionnelle, ses petits boulots ont permis à Youssef Mandour de se frotter au plus près à sa société d'accueil. « Ca m'a permis aussi de me familiariser avec la culture américaine et bien connaitre les composantes de cette société complètement différente de la mienne. C'était le meilleur moyen pour une intégration en toute souplesse », analyse-t-il. Une sagesse acquise sur le tas que l'entrepreneur partage allègrement avec ses jeunes compatriotes. L'armée comme porte d'entrée Après avoir rodé sa bosse sur le marché du travail et réussi une intégration active, Mandour ne pouvait plus se contenter de ses petits boulots. Son ambition ne lui permettait pas de baisser les bras et de se réjouir de semi-réalisations. « En partant aux USA, j'avais la rage de réussir. Au Maroc, j'étais bien loti et je n'étais pas dans le besoin. Ce qui m'a poussé à partir c'était cette volonté de réussir et seul par mes propres moyens », raconte-t-il. Un autodidacte confirmé, Mandour malgré son jeune âge avait cette détermination qu'ont seuls les personnes volontaires. N'ayant pas oublié son objectif premier : faire des études supérieures, il s'engage aussitôt dans l'armée américaine. « Un soldat américain peut suivre ses études en université gratuitement. J'ai donc foncé », explique t-il. S'il est arrivé à l'armée par un « opportunisme » intelligent, Youssef Mandour estime aujourd'hui que c'est la meilleure chose que lui est arrivée durant son parcours exceptionnel. « L'armée est une grande école et à tous les niveaux. Le talent sans la discipline c'est un véritable gâchis. Dans les rangs de l'armée, j'ai appris comment donner à mon talent les meilleures chances d'aboutir en m'imposant une discipline sans faille », commente-il avec gratitude. Changement de cap Discipline, organisation, esprit d'équipe, sens de l'honneur, intégrité, engagement ... sont autant de principes inculqués dans l'armée et que Mandour va adopter avec grande conviction et adapter à sa nouvelle activité. Au bout de quelques années, il quitte l'armée après avoir décroché un diplôme en relations internationales et intègre le département des affaires étrangères. Mais trêve de rupture avec son passé militaire. Tout au contraire, il mettra à profit ses précieux acquis. « Je lance ma première entreprise qui proposait des services au département de la défense et au gouvernement américain. Mon passage dans l'armée a fait de moi un meilleur entrepreneur qui a des objectifs et qui se doit de les atteindre », explique-t-il. Un leader est né. Le vent en poupe, son ambition n'a pas de limites et ne reconnait pas le mot obstacle. Il multiplie les activités et draine les clients mais aussi les ressources humaines compétentes pour son entreprise Sanford Federal. « Nos équipes sont le secret de notre succès, et nous sommes passionnés par la création d'un environnement amusant, encourageant et stimulant afin qu'ils puissent faire de leur mieux », explique-t-il. Des employés sélectionnés parmi les meilleurs, Mandour s'offre les moyens pour atteindre l'excellence et la satisfaction de ses clients, dans un domaine porteur et fortement concurrentiel. La preuve, comme l'explique Mandour, l'entreprise gère actuellement des contrats d'une valeur de 95 millions de dollars. Leadership Opérant dans le secteur logistique, Sanford federal mène des opérations au niveau mondial afin de répondre aux besoins de son principal client le gouvernement américain. « De l'acquisition et de la préparation matérielle à la gestion totale de la chaîne d'approvisionnement, notre équipe est en mesure de déployer et de soutenir le gouvernement des Etats-Unis dans sa mission, où qu'il se trouve », explique-t-on à Sanford. Mais le champ d'action de Mandour ne se limite pas à la logistique, il propose aussi des services de cyber-sécurité. « Notre équipe s'appuie sur notre expertise en matière de cyber-sécurité pour fournir au gouvernement américain les outils dont il a besoin pour protéger notre pays des menaces étrangères et nationales. Sanford a développé une approche intégrée de la cyber-sécurité offensive et défensive », présente l'heureux PDG de cette compagnie pluridisciplinaire à volonté. Active également dans le domaine des technologies de l'information, Sanford propose des services allant de la conception et le développement à l'installation et à l'évaluation en passant par l'administration de réseaux et de serveurs, le support d'infrastructure, le développement de logiciels, le cloud computing et la vitalisation et le développement d'interfaces et de sites Web. Mais pas uniquement. Cette entreprise misant sur la qualité des prestations, fournit des solutions et des services de santé professionnels aussi bien que des produits innovants au gouvernement américain aux USA et à l'étranger. « Notre équipe comprend les défis associés à l'exploitation de grandes agences avec des budgets limités. Afin de permettre aux agences de se concentrer sur leurs missions au lieu de leurs coûts croissants, notre compagnie fournit à nos clients une gestion exceptionnelle », explique-t-on à Sanford. Des prestations qui sont destinées à faciliter la vie des agences et des départements gouvernementaux. Ceci en parallèle avec l'analyse et la gestion des données sécurisée. Gratitude Un large champ d'action qui n'intimide nullement Mandour. Les défis sont en effet son carburant. « J'ai toujours adoré les challenges. Je carbure aux défis. C'est ce qui me pousse à donner le meilleur de moi-même. Atteindre un objectif est une récompense... pas uniquement en termes de gains mais aussi en termes de satisfaction personnelle. Et c'est ce que j'aimerais qu'on inculque à nos étudiants et nos employés », espère-t-il. La culture des objectifs et son important impact sur la productivité des équipes, c'est cette recette de réussite à la sauce américaine que l'entrepreneur maroco-américain aimerait importer au Maroc. « Nous avons installé une antenne à Tanger et nous avons recruté 70 employés. Du outsourcing de cadres » explique le CEO maroco-américain. « Cet investissement qui sera suivi d'un autre à Dakhla en janvier 2022 sont avant tout l'expression de ma gratitude envers mon pays et ma façon de participer à son développement. Nos avons un fort potentiel et de grandes compétences qui méritent une meilleure valorisation », explique le jeune magnat qui compte recruter jusqu'à 500 employés à Dakhla dans cinq ans. Estimant que le marché américain est très porteur, Mandour fait valoir la compétitivité du Maroc en matière de outsourcing avec l'Inde et la Chine. « Nous avons un important potentiel et le marché américain est beaucoup plus porteur que celui européen, il suffit de s'ouvrir plus de ce côté et d'encourager les entreprises à venir installer leurs antennes au Maroc », ajoute-t-il en promettant d'attirer jusqu'à 30 entreprises américaines. Une promesse qui n'a pas l'air d'impressionner le jeune entrepreneur au gros carnet d'adresses. Il se dit même prêt à l'honorer. « Nous sommes déjà sur la bonne voie et les responsables marocains se montrent coopératifs pour faciliter l'accès au marché national à ces investisseurs », conclut-il confiant.