Dans le collimateur des automobilistes depuis des années, la pose du sabot immobilisant les véhicules est aujourd'hui au cœur d'une campagne sur les réseaux sociaux. Zéro sabot c'est sous cet intitulé que ses initiateurs ont lancé leur fronde contre une pratique controversée et jugée « illégale ». Légale ou illégale ? Déjà interdite à Marrakech et Rabat suite à des jugements prononcés par les tribunaux, la pose de sabots de Denver reste toujours de mise dans la capitale économique. « Pourquoi maintenir un tel procédé à Casablanca alors qu'il a été interdit dans d'autres villes ? Pourquoi les Casablancais devraient souffrir de tels agissements? Il est temps d'y mettre fin et les responsables devraient entendre notre voix », s'insurge Soufiane Benâayach sur le groupe facebook très suivi Save Casablanca. Un nouveau combat qui s'annonce aussi rude que celui mené depuis des mois contre les gilets jaunes et les gardiens autoproclamés interdisant le stationnement gratuit sur des espaces publics. Rappelons qu'en 2020, Mohamed Bourrahim, alors Vice-Président du Conseil de la ville en charge de la mobilité et du transport à la Commune de Casablanca, s'est exprimé à propos des tarifs de stationnement et de gardiennage. Le responsable a alors précisé qu'il existait deux types de stationnement de véhicules à Casablanca : Les lieux gérés par Casablanca Développement avec des horodateurs à Roches Noires, Sidi Belyout, Anfa et Maârif, au tarif de 2 DH/heure. Et un deuxième type relatif aux endroits loués par la commune dans le reste des arrondissements. D'après Bourrahim, le tarif ( par arrêté fiscal municipal ) est fixé à 3 Dhs pour les véhicules de tourisme, 5 Dhs pour les camions et 2 Dhs pour les bicycles, motorisés ou non. Des tarifs valables quelle que soit la période de stationnement mais pouvant augmenter la nuit. Espace public Des conditions rejetées par les automobilistes. Ces derniers réclament le droit de stationner librement dans l'espace public. Avocat, Réda Mesanoui va dans le même sens. « Tout citoyen a le droit de stationner sa voiture dans les lieux indiqués. Cela n'existe pas de louer une rue et il est illégal d'imposer aux gens de payer pour stationner » tranche-t-il. Selon lui, s'accaparer l'espace public est une infraction à la loi et obliger les gens à payer en les menaçant l'est encore plus. « La loi 30- 89 relative à la fiscalité des collectivités locales et de leurs groupements n'évoque nullement un tel dispositif. Il n'y est question de droit de stationnement que sur les véhicules affectés à un transport public de voyageurs » argumente Maître Mesnaoui. « Prendre en otage nos voitures en les immobilisant et parfois en abimant les roues puis se voir contraint de payer une amende est illégal. Les tribunaux marocains l'ont déjà prouvé et ont donné raison aux plaignants contre les délégataires gestionnaires de parkings », note Khalid Naim, un internaute en colère sur le groupe facebook spécialement créé pour mener la campagne anti-pose de sabot. Rappelons qu'en 2018, un rapport de la Cour des comptes s'est mis du côté des automobilistes en soulignant l'illégalité des amendes imposées pour tout retrait du sabot. D'après ce rapport, il n'existe aucune mention d'une telle amende ni dans le code de la route, ni dans aucune autre loi. D'autres jugements émis par différents tribunaux ont confirmé cette illégalité. A Rabat, la Cour d'Appel Administrative a confirmé le jugement en première instance prononcé contre Rabat Parking, société gestionnaire des horodateurs. Un jugement qui a clairement montré l'illégalité de l'immobilisation par sabot des véhicules stationnés dans les avenues de la capitale. « Pourtant à Casablanca on persiste à nous infliger ces amendes. Il faut saisir la justice pour mettre fin à cette galère comme c'était le cas à Rabat » réclament les initiateurs de la campagne. En attendant de régler le problème légalement, une entreprise a lancé une solution pour se soustraire facilement au sabot. « Une clé spéciale dont le prix ne dépasse pas les 200 Dhs et qui permet d'enlever le sabot sans encombre », promet la publicité du nouveau produit que les internautes s'arrachent déjà comme des petits pains.