Les banques centrales des pays émergents ont intensifié leur lutte contre l'inflation et la chute des monnaies en essayant de consolider une reprise naissante des actions des marchés émergents après une forte dégringolade dans les derniers jours. La banque centrale de l'Inde a surpris les investisseurs en augmentant son taux d'intérêt de 25 points de base depuis le 28 janvier, alors que la banque centrale de Russie est intervenue sur les marchés des changes pour soutenir le rouble. Quant à la Turquie, ce pays a relevé ses taux d'intérêt le même jour, ramenant la lire à un bas historique de 2,39 pour un dollar le lundi à 2,26 le 28 janvier. Le MSCI EM – indice le plus suivi par les marchés émergents – a aussi connu une légère reprise le 28 janvier, s'élevant à un peu moins de 935 points à partir de 931,6 depuis la clôture de lundi, son plus bas depuis la fin du mois d'août 2013 et en baisse par rapport au récent sommet de 1.044 enregistré le 22 octobre. L'indice a chuté de 22% par rapport au sommet cyclique précédent atteint début 2011 et qui a marqué un rebond des marchés émergents par rapport aux creux atteints pendant la crise financière mondiale. La Banque centrale de l'Inde a relevé ses taux d'intérêt pour la troisième fois en six mois, en réponse à une pression soutenue sur la roupie et une accélération de l'inflation. De son côté, la Banque centrale de Turquie a convoqué une réunion d'urgence dans la nuit du 28 janvier pour aborder la glissade de la lire. Cette institution a aussi signalé qu'elle était prête à agir sur les taux pour enrayer la chute. L'Afrique du Sud, qui a également tenu une réunion sur la politique monétaire le 29 janvier, peut garder les taux inchangés puisque l'inflation reste dans la fourchette cible de la Banque de réserve. Parmi les inquiétudes qui pèsent sur les investisseurs des marchés émergents : la Chine, qui a été identifiée par nombre de ces investisseurs comme étant le pays le plus préoccupant. « Si le désendettement en Chine se déroule de manière désorganisée, ce serait une source de risque systémique », expliquent Manoj Pradhan et Patryk Drozdzik de Morgan Stanley. Le montant total du financement social de la Chine – la plus grande partie du financement dans l'économie – a montré une tendance prononcée de désendettement dans la seconde moitié de l'année dernière à Rmb7.1 trillion (1.1tn $), en baisse de Rmb10.15 trillion affichés dans la première moitié. Le problème c'est que les liquidités se raréfient, et donc les actifs deviennent plus risqués. Les produits de fiducie pourraient faire l'objet d'un exode de fonds déclenchant ainsi des défauts de paiement. Le China Credit Trust vient d'éviter un défaut de paiement à la dernière minute le lundi dernier. Heureusement qu'un mystérieux tiers courut à son secours. Ce qui lui a permis de rembourser le capital de la dette sur des produits à haut rendement liés à un mineur de charbon en difficulté. Mais les investisseurs se méfient, en partie parce que tout ralentissement de la croissance de la Chine pourrait frapper les importations des matières premières en provenance d'autres pays en développement. D'autres pays pourraient également décider de maintenir les taux d'intérêt inchangés. En ce qui concerne la Malaisie, ce pays devrait maintenir le niveau de ses taux.