PETROLE La flambée du prix du pétrole a poussé les autorités marocaines de revenir à l'indexation des prix des produits pétroliers qui n'est plus en vigueur depuis une décennie. Après moults hésitations, l'indexation partielle sur les produits pétroliers entre en vigueur le 16 septembre 2013. Pour le Ministre chargé des Affaires générales et de la gouvernance, Mohamed Najib Boulif, «les prix des produits pétroliers au Maroc suivront les fluctuation des cours sur les marchés internationaux, mais de manière limitée». Le décret du chef de Gouvernement, Abdelilah Benkirane, stipule que l'indexation partielle s'effectuera à deux reprises : le 1er et le 16 de chaque mois dès que les variations des cours à la vente dépassent 2,5%. Le ministre a rappelé que le gouvernement a mobilisé 40 milliards de DH pour la Caisse de compensation avec l'objectif de soutenir le pouvoir d'achat des citoyens, précisant que les subventions forfaitaires pour 2013 sont de 2,6 DH/litre pour le gasoil, 0,8 DH/litre pour le super et 930 DH la tonne pour le fuel type 2. Cette indexation devrait permettre au Gouvernement d'atténuer la facture de la compensation en cas de flambée des cours du pétrole. Indexation pour sauver le budget de l'état Pour rappel, dans le rapport accompagnant le projet de loi de Finances 2013, il est indiqué que les dépenses de la compensation continueront de peser lourdement sur le budget de l'Etat, pour la période 2013-2016. Et si aucune mesure n'est prise, la charge prévisionnelle de compensation pour pourrait atteindre plus de 200 milliards de dirhams (DH) contre près de 123 milliards de DH au titre de la période 2009-2011. De même, la charge prévisionnelle de compensation au titre de l'année 2013 fluctuerait entre 45,9 et 49,3 milliards de DH. Au titre de l'année 2012, la charge globale de la subvention des produits pétroliers, du gaz butane et du sucre s'est élevée à 53,369 milliards de dirhams contre 48,475 milliards de DH en 2011, soit une hausse de 10,09%. La charge de compensation pour l'année écoulée a représenté 6,4% du PIB, précise un communiqué du département du chef de gouvernement, relevant que la subvention des produits pétroliers a atteint 32,4 milliards de DH, alors que celle du gaz butane et du sucre s'est établie respectivement à 15,8 milliards de DH et à 5 milliards de DH. Le souci étant de ne pas dépasser les crédits ouverts dans la loi de Finances 2013 laquelle s'est basée sur un baril de 105 dollars. « Les baisses comme les hausses seront répercutées », assure Najib Boulif, ministre des Affaires générales et de la gouvernance. Reste que le cours du pétrole pourrait connaître des fluctuations importantes. Si pour Moulay Abdallah Alaoui, président de la Fédération marocaine de l'énergie, le gouvernement doit prendre son courage à deux mains et trancher pour mettre fin à la subvention aux produits pétroliers et gaziers, qui impacte négativement les équilibres financiers, le Centre marocain de conjoncture estime que cette décision risque de pénaliser l'entreprise marocaine, à un moment où la compétitivité de l'économie recule dans les classements régional et mondial. «Je crains que l'indexation alimente la hausse des prix. Ce qui poserait un handicap sérieux au retour de la croissance », déclare El Habib El Malki, président du CMC. Pour Nabil Zerouali, professeur d'économie à la faculté, si ce système a été abandonné il y a treize ce n'est pas pour rien. C'est un système super complexe, difficile à mettre en oeuvre et il rajoute «certes, les retombées seront positives sur le budget de l'état, mais difficile à l'heure actuelle de faire avaler la pilule au consommateur». Il faut dire que dans un contexte international troublé à cause des éventuelles frappes aériennes occidentales sur la Syrie, et des tensions sociales en Egypte et en Libye, les prix ne pourraient qu'augmenter dans les mois à venir, sauf miracle.