Après des mois d'hésitations, le gouvernement a franchi le pas. L'arrêté sur l'indexation partielle du prix des produits pétroliers sur le marché international est finalement publié. Comme annoncé par L'Economiste, le fuel numéro 2 destiné aux industriels, le gasoil et l'essence sont les seuls produits dont les prix fluctueront en fonction du cours à l'international. Une opération qui pourrait soulager la charge de la compensation. A fin août 2013, 10 milliards de dirhams ont été affectés au soutien du prix des produits pétroliers dont 80% pour l'essence super et le gasoil. Le fuel ONE et le gaz butane sont exclus du système d'indexation. L'Office national de l'eau et de l'électricité (ONEE) ne peut se passer de la subvention du fuel que si elle s'accompagne d'une hausse du tarif de l'électricité alors que le butane est catégorisé parmi les produits « sensibles ». Mise en place pour la première fois en 1995, l'indexation des produits pétroliers se basera sur une formule selon laquelle les prix pourraient être revus chaque 1 er et 16e jour du mois. D'ailleurs le 16 septembre prochain sera la date de « lancement ». Le gouvernement a retenu la moyenne des prix à l'international sur deux mois. Si elle varie de 2,5% par rapport au niveau de la subvention unitaire prévue par la loi de Finances, le mécanisme d'indexation sera activé. Dans le cas du gasoil, la loi de Finances 2013 fixe à 2,6 dirhams le litre le niveau de la subvention contre 0,8 dirham pour l'essence super et 930 dirhams pour le fuel numéro 2. Le souci étant de ne pas dépasser les crédits ouverts dans la loi de Finances 2013 laquelle s'est basée sur un baril de 105 dollars. « Les baisses comme les hausses seront répercutées », assure Najib Boulif, ministre des Affaires générales et de la gouvernance. Reste que le cours du pétrole pourrait connaître des fluctuations importantes. Car depuis le feu vert du Sénat américain mercredi soir pour une frappe en Syrie, le baril de Brent a gagné 0,4% dépassant à nouveau les 115 dollars tandis qu'à New York, le « Light Sweet crude » s'échange à 107 dollars, en hausse de 0,5%. En cas de frappe contre la Syrie, le baril du brut pourrait atteindre 150 dollars selon les experts ! Même si elle est économiquement, financièrement et même po,litiquement (il en va de la souveraineté du pays !) justifiable, cette indexation sur laquelle le gouvernement s'est engagé vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI) commence à soulever des critiques. Dans le secteur du transport, des professionnels « regrettent que cette décision ne soit pas accompagnée de mécanismes qui permettraient d'indexer aussi les tarifs du transport ». Dans certaines industries, des chefs d'entreprises appréhendent aussi l'impact de la hausse du prix du fuel. « La situation est assez tendue et nous ne pourrons pas répercuter les hausses sur nos clients. Nous attendons les mesures de la loi de Finances 2014 pour voir dans quelle mesure le secteur sera relancé », indique David Tolédano, président de la Fédération nationale des matériaux de construction. Parallèlement à l'indexation, le gouvernement devait activer l'idée de couverture contre le risque de variation des prix du pétrole. Un mécanisme qui permet à l'organisme « assureur » de prendre en charge le différentiel de prix en cas de hausse. Boulif avait également lancé l'idée du toilettage des structures de prix mais sur laquelle aucune avancée n'est réalisée. Cette opération pourrait générer quelque millions de dirhams d'économies. L'Istiqlal, l'ancien allié du PJD, avait avancé qu'un effort au niveau de la gouvernance aurait permis des économies importantes : 700 millions de dirhams rien qu'en limitant l'usage du gaz butane aux ménages. Khadija MASMOUDI www.leconomiste.com