Le torchon brûle entre le Groupement des pétroliers marocains (GPM) et les pompistes. Pour faire entendre leur voix, ces derniers jouent leur dernière carte. Ce sont 85% des stations-services du royaume, soit 2.200 pompes, qui devront rester fermées pendant 48 heures, les 18 et 19 juillet. La panne sèche semble alors se concrétiser. La loi du plus fort est-elle plus forte que la loi ? C ́est ce que déplorent les pompistes à propos des contrats de location-gérance qui les lient aux sociétés de distribution. Ils les qualifient d'abusifs et d'injustes. Les grévistes accusent en effet les sociétés d'hydrocarbures de « vouloir mettre la main sur ces stations-services en vue de bénéficier des terrains sur lesquels elles se trouvent. Ils dénoncent également leur volonté de chasser les gérants et de les priver de leurs droits », indiquent les protestataires dans leur communiqué. Une soixantaine de stations-service seraient menacées de fermeture alors que 30 ont déjà mis la clé sous la porte. De quels droits s'agit-il ? Signée en 1997 entre les pétroliers et les pompistes, la convention mise en avant aujourd'hui par les protestataires stipule, selon leur Fédération, que « les héritiers reprennent automatiquement le commerce des ascendants sans aucune formalité ou renouvellement des contrats ». Un accord qui n'a pas été respecté par le GPM qui a pu bénéficier d'une décision de justice privant les ayants droit du droit à la succession. D'après la Fédération, la durée de l'accord qui la lie au GPM n'est pas limitée dans le temps et tout changement de ses termes doit intervenir par un commun accord des deux parties. Les pétroliers estiment en effet que ces accords datant de 1997 ne sont pas en phase avec les principes de la libre concurrence. Pour eux, les revendications des gérants des stations sont illogiques. La logique voudrait, d'après un membre du GPM, que la concession de la gestion des stations soit soumise à un cahier des charges précis. Sur le plan de la fiscalité, les gérants exigent plus d'équité. Pour eux, la taxe minimale (0,25%) et la marge bénéficiaire (3%) doivent être revus surtout que les charges s'alourdissent d'une année à l'autre. Et le taux de progression est estimé à quelque 5%. Aujourd'hui, l'appel à la grève est pour les pompistes une manière de tirer la sonnette d'alarme. Une action qui doit interpeller pétroliers et pouvoirs publics pour rectifier le tir. Sinon, c'est le citoyen qui sera pris en otage