Le rapport 2013 de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) sur les tendances de l'investissement dans le monde est à décortiquer avec minutie. Ce document montre que les flux d'investissements directs étrangers (IDE) à destination du Maroc ont atteint 2,83 milliards de dollars en 2012. Un chiffre en hausse de 10% par rapport à 2011. Le pays est donc bien loin de sa contreperformance de 2010 où il n'a pu attirer que 1,6 milliard de dollars d'IDE. Mieux, le Royaume caracole en tête dans sa région (Maghreb + Soudan), puisque l'Egypte, qui était premier de la classe, n'a pu attirer que 2,79 milliards de dollars en 2012. Beaucoup plus que la Tunisie (1,9 milliard) et l'Algérie (1,5 milliard). Dans une conjoncture que tout le monde dit et sait difficile, le Maroc a su donc tirer son épingle du jeu. Mais il ne faudrait pas crier victoire pour autant. La tendance générale était à la hausse et dans la région et dans tout le continent. Si les flux d'IDE vers l'Afrique du Nord ont bondi de 35 %, à 11,5 milliards de dollars en 2012, l'Afrique dans sa globalité en a attiré 50 milliards de dollars, avec une croissance de 5% en glissement annuel. Un taux non négligeable quand on sait que ces investissements ont dégringolé de 18% dans le monde, à 1.350 milliards de dollars. Pour le Maroc, il est nécessaire de décortiquer les copies des premiers de la classe. Le tout premier est le Nigeria qui est le champion africain 2012, non seulement de la CAN, mais aussi des IDE. Ce pays a pu capter 7,02 milliards de dollars, devant le Mozambique (5,22 milliards), l'Afrique du Sud (4,6 milliards), la République démocratique du Congo (3,31) et le Ghana (3,3 milliards). En somme, les régions qui ont attiré le plus d'investissements sont l'Afrique centrale et de l'Est. Dans la première zone, les entrées d'IDE ont atteint 10 milliards de dollars. Un record ! Dans la deuxième, ils ont bien avancé, passant de 4,6 milliards de dollars en 2011 à 6,3 milliards de dollars en 2012. Explication de ce succès : Selon la Cnuced, les sociétés minières transnationales ont continué d'investir dans les ressources naturelles dans les deux régions. Mais ce n'est pas la seule raison. L'organisation onusienne souligne que le secteur manufacturier et les services gagnent du terrain, en même temps que le pouvoir d'achat de la classe moyenne qui voit le jour sur le continent. « Entre 2008 et 2012, la part des secteurs liés à la consommation dans la valeur totale des projets d'investissements de création de capacités est passée de 7 à 23% », indique la Cnuced dans son rapport. Et de préciser : « L'investissement de création de capacités est un investissement dans un nouveau projet ou dans l'extension d'un projet existant, plutôt qu'un investissement par fusion-acquisition ». Donc pour le Maroc, il y a encore bien des marges à gagner dans le secteur manufacturier et les services. Surtout que les IDE, en 2012, ont été boostés par les apports du projet solaire marocain et les contributions des capitaux moyen-orientaux à différents projets. Là aussi, il s'avère impératif de jouer la carte de la diversification des sources. Le rapport de la Cnuced nous apprend qu'en stock d'IDE, la Malaisie, l'Afrique du Sud, la Chine et l'Inde sont, dans cet ordre, les premiers pays en développement investisseurs en Afrique. Si au niveau national, on a pu attirer des investisseurs indiens, grâce surtout à OCP, qu'a-t-on fait pour attirer des Malaisiens, des Sud-Africains ou des Chinois ? Au gouvernement de répondre. Mais par les faits et non pas par le verbe