Quand le Maroc prévenait des menaces terroristes que faisaient planer sur toute la région les nébuleuses terroristes actives au Sahel, certains prenaient cette démarche pour de la paranoïa. Que dire maintenant après ce qui vient de se passer en Algérie ? Par : Mohammed Zainabi Perpétrée par des islamo-terroristes, la prise d'otages qui s'est terminée dans un bain de sang en Algérie a provoqué un véritable électrochoc pour tous ceux qui sont restés indifférents à ce qui se passait au Nord Mali. Aujourd'hui, spécialistes et simples observateurs s'accordent à dire que les ramifications de la multinationale terroriste fondée par Ben Laden peut frapper n'importe où. Surtout celles actives dans le no man's land du Sahel. C'est ce que ne cessait de répéter le Maroc, sans que ses appels soient entendus. La prise de conscience, toute récente, a d'ailleurs porté à plus d'une trentaine le nombre de pays soutenant l'intervention française au Mali, alors qu'avant la prise d'otages dans le site gazier algérien de Tiguentourine (In Amenas), ce nombre peinait à atteindre la dizaine. Le Maroc poursuit ses actions avec les mêmes convictions. C'est ce qui lui permet de démanteler les projets de filières marocaines des nébuleuses terroristes affiliées, de près ou de loin, à Al Qaida à travers Aqmi ou autres. Tout récemment, la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) a révélé avoir démantelé une nouvelle cellule de recrutement pour Al Qaïda comprenant plusieurs éléments s'activant dans les villes de Fnideq, Tanger, Al Hoceima et Meknès. Ce coup de filet a été rendu possible en coordination avec la Direction générale de la surveillance du territoire national (DGSN). C'est la cinquième prise du genre depuis novembre dernier dans le Royaume. Des premiers éléments annoncés, on apprend que l'objectif des responsables des cellules démantelées était d'envoyer des jeunes accomplir « le jihad au sein d'organisations terroristes liées à Al-Qaïda ». Selon la BNPJ, 40 jeunes marocains ont été envoyés depuis le mois d'avril dernier pour renforcer les rangs des jihadistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) très actif au Mali. Les apprentis terroristes étaient aussi embrigadés pour mener des opérations dans le Royaume, à en croire le ministère de l'Intérieur. Ce département a précisé que les cinq cellules terroristes démantelées depuis novembre 2012 avaient des missions différentes. L'une des cellules s'apprêtait à commettre des « actes de sabotage contre des sites stratégiques » pendant que les trois autres étaient exclusivement chargées de l'enrôlement des jeunes Marocains, et leur acheminement vers les camps d'Al Qaid au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahel. Encore une fois, le Sahel n'est jamais loin. C'est ce qui fait dire aux spécialistes des mouvements terroristes que des Marocains, des jeunes surtout, feraient partie des jihadistes qui avaient pris le contrôle du Nord Mali et qui sont aujourd'hui soit tués par la France, soit dispersés et contraints de vivre dans la clandestinité. En tout cas, répétons-le, ces nébuleuses représentent un vrai danger non seulement pour le Sahel, mais aussi pour le Maghreb, voire pour l'Europe. C'est pour cela que Rabat abrite, le vendredi 25 janvier, une réunion du G4. Le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls ainsi que ses homologues espagnol, Jorge Fernandez Diaz et portugais, Miguel de Macedo devraient se concerter à l'occasion avec le ministre de l'intérieur marocain Mohand Laenser. A l'ordre du jour : les moyens de lutte contre les « menaces » guettant « la stabilité et la sécurité de la région à la lumière des événements au Mali ». Les ministres devraient à l'occasion « jeter les bases d'une coopération régionale élargie, en vue de faire face aux différentes menaces qui guettent la stabilité et la sécurité de leur région », selon une source « autorisée » citée par l'agence MAP. Un communiqué du département français de l'Intérieur précise que la réunion débouchera sur la signature d'une déclaration commune. On sait déjà que parmi les pistes possibles de coopération qui seront discutées par le G4 figurent la formation policière ainsi que l'échange d'information et de renseignement. Un maillon important dans la chaîne qui devra se constituer pour endiguer le terrorisme dans la région. D'ailleurs, c'est le déficit en informations qui a permis aux terroristes de s'attaquer à l'Algérie sur son sol. Cette attaque a montré qu'une coopération maghrébine élargie s'avère d'une impérieuse nécessité. Faudrait-il attendre qu'il y ait une autre hécatombe pour s'en convaincre ?