Pour la saison 2, Barack Obama réélu renouvelle le casting. La valse des têtes la plus spectaculaire touche les principaux postes de la politique étrangère, de la sécurité et de la Défense. Ce remue-ménage révèle l'ambition du président : Barack Obama commence son deuxième mandat avec l'envie d'en découdre et l'espoir d'échapper enfin aux pesanteurs de la crise. Il a peu de temps, avant les élections du mid-term, avant de devenir un canard boiteux. Il a 18 mois pour tenter d'inscrire sa trace dans l'histoire. Et justifier enfin le prix Nobel de la paix qui lui avait été décerné trop hâtivement. Pour la diplomatie, Hillary Clinton épuisée cède la place à John Kerry. L'ancien candidat à la présidence « n'aura pas besoin de suivre une formation intensive pour le poste » a plaisanté B. Obama. En effet, toute la vie de J. Kerry l'a préparé à ce job. Fils de diplomate, il a passé sa jeunesse à l'étranger et il a gardé l'habitude de sillonner le monde. Marine au Vietnam, il est venu à la politique en mobilisant contre cette guerre qu'il avait pourtant faite avec bravoure. Comme président du Comité des Affaires étrangères du Sénat, il a été plusieurs fois l'émissaire de B. Obama. Sa patience face à Hamid Karzai qu'il fallait convaincre d'accepter un second tour à la présidentielle aurait épaté les diplomates de métier. Il a eu aussi négocié et fait accepter au Congrès le traité de réduction des arsenaux nucléaires New Start. Ce sens politique sera précieux, vu les casse-têtes douloureux qui attendent la diplomatie Us. En 2013, le dénouement de la guerre en Syrie et l'aboutissement de la course à l'atome des Iraniens. En 2014, l'évacuation de l'Afghanistan et l'inéluctable retour des talibans à Kaboul. Sans compter le chaos des évènements imprévisibles qui accompagnent la marche du monde et requièrent l'attention d'une puissance qui reste pour l'instant sans rival... Avec John Kerry, c'est aussi « un soutien reconnu de la sécurité d'Israël » qui prend la tête de la diplomatie Us. Avis d'expert puisque le jugement est du premier ministre Benjamin Netanyahou ! Connaissant le goût de Barack Obama pour le billard à deux bandes, on peut parier que les déclarations à l'emporte-pièce de Chuck Hagel sur « le lobby juif qui intimide beaucoup de gens à Washington » n'ont pas été un handicap à sa désignation comme Secrétaire à la Défense. Au contraire, il fera contrepoids... Cet ancien sénateur républicain est la bête noire des néo-conservateurs qui l'accusent d'avoir trahi son camp (il a critiqué la guerre en Irak et les sanctions contre l'Iran). Les familiers de Tel-Aviv considèrent qu'il serait le plus anti-israélien des patrons qu'ait jamais eu le Pentagone. Cela au pire moment, alors qu'Israël a le doigt sur la gâchette face à Téhéran. Barack Obama prend donc le risque que le Congrès mette son véto à sa nomination. Sans doute a-t-il jugé flatteur de nommer un homme connu pour son indépendance d'esprit. Il est habile de confier la Défense à un ancien vétéran à l'heure où il faut rapatrier les boys du Vietnam et se résigner à des coupes sombres dans les budgets militaires. Mais peut-être le Président américain a-t-il présumé de ses forces ? Pour éviter un désaveu au Congrès, il faudra qu'il donne beaucoup de gages. Et que Chuck Hagel avale beaucoup de couleuvres... En attendant, la leçon immédiate que le tout Washington, partisans et adversaires du Président, a tiré de ces évènements, c'est que Barack Obama commençait la saison 2 avec la ferme intention de s'imposer. Plus question de « jouer les gentils ». En décembre, il a dû reculer devant la bronca qu'avait soulevé son projet de nommer Susan Rice comme Secrétaire d'Etat. Il ne fera pas deux fois machine arrière. La nomination de son conseiller à la lutte contre le terrorisme, John Brennan à la tête de la CIA pour remplacer le général Petreus, prématurément disparu pour cause d'adultère confirme cette tendance. J. Brennan connait bien la CIA où il a comploté pendant 25 ans. C'est un spécialiste du Proche-Orient et il a été en poste sur le terrain, notamment en Arabie Saoudite. Il était dans la War room, il y a deux ans, pour suivre l'exécution en direct de Ben Laden. Barack Obama nomme un homme du sérail et un de ses hommes de confiance. Tant pis pour les membres du parti Démocrate qui reprochent à J. Brennan d'avoir été l'un des patrons d'une CIA aveugle à la menace terroriste avant le 09/2001 et pire, l'un des planificateurs de la guerre au terrorisme dont les dérapages ont discrédité le mandat de G.Bush junior.