John Kerry succède à Hillary Clinton Le sénateur et président de la commission des Affaires étrangères au sénat, John Kerry, que le président Barack Obama a nommé à la tête de la diplomatie américaine, est un adepte de la "soft power", un concept qui prône la promotion des valeurs américaines, ainsi que la négociation et la persuasion dans les relations internationales plutôt que la coercition. En nommant ce parfait francophone, par ailleurs cousin germain de l'ancien ministre français de l'environnement, Brice Lalonde, au poste prestigieux de secrétaire d'Etat, Obama a fait le choix d'un allié politique de la première heure, qui partage avec le chef de l'exécutif US l'essentiel de sa vision vis-à-vis des affaires internationales, dont la négociation sans conditions préalables avec des régimes hostiles. Avec Obama, il partage aussi l'impératif d'alléger la présence militaire américaine de par le monde que ce soit en Irak, en Afghanistan ou autre. C'est dans le cadre de ce postulat cardinal de l'actuel locataire de la Maison Blanche qu'il a joué les intermédiaires dans des pourparlers sensibles avec le président Hamid Karzai et s'était évertué, au début du premier mandat d'Obama, à aider l'exécutif à négocier un règlement global pour le Moyen-Orient incluant la Syrie de Bachar Al Assad. Ses amis affirment que ce fils de pilote de l'armée de l'air américaine, reconverti en diplomate, ayant sillonné le monde depuis sa plus tendre enfance, au gré des affectations de son père, s'est fait une idée d'une politique étrangère qui fait la part belle à "la négociation à travers les outils diplomatiques plutôt qu'à travers le recours à la guerre, dont il a connu de près les affres en tant que GI lors de la guerre du Vietnam". C'est sur ce point précis que ses détracteurs parmi les faucons du Parti républicain pourraient revenir à la charge, lors des auditions de confirmation de sa nomination au sénat, en lui reprochant sa résistance farouche à des interventions militaires de l'armée américaine. Il n'en reste pas moins que beaucoup d'observateurs à Washington s'attendent à ce que ce catholique de 69 ans, à la voix de stentor, soit confirmé par le sénat, dans la mesure où des figures de proue du Parti républicain, comme John McCain, qui s'étaient farouchement opposés à la nomination de Susan Rice, actuel représentant des Etats Unis à l'ONU, avaient exhorté le président Barack Obama à choisir John Kerry. Cette relation privilégiée qu'entretient Kerry au sein du Sénat lui sera d'un grand atout dans la conduite de la politique étrangère des Etats Unis, en travaillant dans un cadre collaboratif avec les chefs de file aussi bien démocrates que républicains, estime-t-on à Washington. A cela il faut ajouter les liens qu'il est arrivé à tisser à l'international tout au long de sa longue carrière à la chambre haute du congrès.