14 juillet 2012. Le soleil de plomb de cette matinée annonce une journée «d'enfer». 10 heures à peine, l'immense parking du Complexe sportif Moulay Abdellah de Rabat est bondé de véhicules de tous genres : voitures, cars, minibus sur lesquels drapeaux, slogans et affiches sont collés aux vitres. La couleur est annoncée. Pour son 7ème congrès et le premier en tant que formation à la tête du gouvernement de coalition, le PJD veut faire la fête et célébrer par la même occasion son apogée politique actuelle qu'il a réussie après des années de galère. Dans une ambiance conviviale, festive et bon enfant, Abdelilah Benkirane n'a pas hésité à se dandiner sur les rythmes d'une chansonnette répétée en choeur par les congressistes à la gloire de leur formation. Il était en compagnie d'Abdellah Baha, son éternel acolyte et d'Abdellah Hamiddine. L'assistance l'a bien sûr applaudit très chaleureusement. Invités internationaux, ambiance chaleureuse et nombreuses interventions. Il faut reconnaitre que le PJD a réussi haut la main son congrès. De l'organisation à l'élection du secrétaire général, en passant par le programme présenté à l'occasion, le parti a largement brillé jetant aux orties d'autres formations politiques qui se réunissent pour se chamailler. La comparaison avec le congrès de l'Istiqlal qui a eu lieu il y a quelques jours, par exemple, montre toute la différence. Mission accomplie donc pour les Benkiranistes ! Et c'est surtout Benkirane qui ressort plus fort que jamais de l'épreuve de force qu'il a livrée face à Saàdeddine El Othmani, son concurrent du jour pour le poste de Secrétaire général. Le score que le grand vainqueur a obtenu est sans appel : 2240 voix, soit 85,11%, contre 346 voix pour son rival, soit 13,15%. Le tout avec une transparence et ensuite un fairplay exemplaires ! Applaudissements et huées Avec 3.300 participants dont 550 femmes, 1.600 jeunes et 83 congressistes représentant la communauté marocaine expatriée provenant de 12 pays, la salle couverte du complexe sportif semblait abriter l'événement de l'année. Si certains ont trouvé facilement où s'installer pour suivre attentivement le congrès, d'autres n'ont pas eu d'autres choix que d'occuper les passages et les couloirs de la salle, malgré la chaleur ambiante qui donnait forcément à sentir certaines odeurs indésirables. A chaque intervention, l'assistance (femmes et hommes séparés, règles islamistes obligent) applaudit, encourage, participe et montre clairement sa position. A titre d'exemple, plusieurs ont longuement applaudi Hamid Chabat à chaque fois que son image apparaissait sur le grand écran de la salle du congrès et aussi lorsqu'il s'apprêtait à quitter la salle. Chabat sait désormais qu'il a du soutien au sein du PJD dans sa guerre de succession qu'il mène au sein du parti de Allal El Fassi. C'était tout le contraire de Salaheddine Mezouar. A plusieurs reprises, ce dernier a été hué à chaque fois qu'on le montrait sur grand écran... Par ailleurs, l'assistance a fait preuve d'un enthousiasme sans pareil à l'écoute du discours de Hüseyin Celik, vice-président du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir en Turquie. Même si le politicien s'est exprimé en turc, il a été très applaudi. Mais le moment fort de cette séance d'ouverture reste l'accueil on ne peut plus chaleureux réservé à Khaled Mechaâl, Président du Bureau politique du mouvement de la résistance islamique palestinienne, Hamas. La présence de cet invité de marque du 7ème congrès du PJD n'est pas passée inaperçue. Le leader palestinien a même volé la vedette à Benkirane. Mais c'était pour quelques minutes seulement. Fortement applaudi par l'assistance, Mechaâl n'a pas manqué d'exprimer sa grande estime pour le Maroc et les Marocains qui ont toujours été aux côtés de la Palestine. Ils ont brillé par leur absence Si certains n'ont pas hésité à répondre favorablement à l'invitation de Benkirane, comme Nizar Baraka, Abdelouahed Radi, Abbas El Fassi, Salaheddine Mezouar, Samir Abdelmoula, Karim Tazi, Anas Sefrioui, Abdelhamid Chabat, Cheikh Biadillah, Nabil Benabdellah, Azzam Al Ahmad, vice-premier ministre du gouvernement d'unité nationale palestinien et président du groupe parlementaire du mouvement Fatah, Khaled Mechaâl (les dirigeants du PJD ont d'ailleurs volontairement choisi de mettre ces deux invités de marque côte à côte pour montrer qu'ils cherchent à réconcilier les différends palestiniens) ou encore la yéménite Tawakul Karman, lauréate du prix Nobel de la paix, d'autres ont brillé par leur absence comme Lahcen Haddad, Mohamed Ouzzine, Aziz Akhennouch, Meryem Bensaleh, Karim Ghellab, Abdelhakim Benchemmass, les représentants du PS du nouveau président français François Hollande ou les Tunisiens d'Ennahda qui tenaient également leur congrès. Pourtant, ces absences n'ont pas été remarquées à la séance d'ouverture de la grand-messe du parti de la Lampe qui a mis les petits plats dans les grands pour faire de ce rendez-vous politique une fête sans précédent. Ambiance de festival Drapeaux du Maroc, affiches du PJD, grands écrans, centre internet... Le PJD a tout prévu pour ce grand événement. A l'extérieur de la salle où se déroulent les travaux du congrès, une bonne ambiance régnait également. Entre stands exposant des livres et tableaux à vendre ou encore des écharpes du parti au prix de 10 dirhams, les commerçants de sandwich, de barbe à papa, de maïs grillé (loukbal) ou encore de confiseries, le complexe sportif s'est transformé, le temps d'une matinée, en un véritable espace de festivités où les gens de différents âges et de différentes catégories sociales étaient là pour faire la fête. Accompagnés de leurs enfants, certains sont tout simplement venus pour profiter de la journée ensoleillée sans même savoir de quoi il s'agissait réellement : pique-nique, sieste sur le gazon et jeux avec les enfants. Le 7ème congrès du PJD a donc fait que des heureux. Les gens venus de loin ont même tenu à se distinguer à leur façon : vêtus de leurs tenues traditionnelles locales (chapeaux de paille pour les gens du nord, hayek pour ceux du Sud...). De leur côté, les diplômés chômeurs ont profité de l'événement pour distribuer des tracts et promouvoir ainsi leur cause sans que personne ne soit venue les inquiéter. Le PJD n'a eu donc aucune mauvaise surprise. Noura Mounib Pas d'articles associés.