Le congrès du PJD a accueilli en même temps Ofer Bronstein, président du Conseil mondial pour la paix et Khaled Michâal, Secrétaire général du Hamas palestinien. En agissant ainsi, le parti de Benkirane rejoint la politique du royaume, menée depuis toujours, concernant ce dossier. En effet, le Maroc a, de tous temps, oeuvré pour l'avènement d'une paix durable au Moyen- Orient. Le pays a toujours été en faveur des négociations sincères pour rétablir le peuple palestinien dans ses droits, condition sine-quanon de la fin du conflit. On ne peut donc que saluer l'attitude du PJD, surtout qu'elle tranche avec un discours, véhiculé pendant des années, refusant «toute négociation avec l'ennemi sioniste » et rejetant toute reconnaissance de l'Etat d'Israël. Les observateurs nationaux et étrangers y ont vu un changement de cap du PJD, sur un dossier important pour le Maroc. Il ne faut pas perdre de vue le fait que la diaspora marocaine en Israël constitue la communauté la plus importante et qu'elle garde un attachement indéfectible à son pays d'origine. Mais, dès le lendemain du congrès, les dirigeants islamistes ont renouvelé leur double jeu. Alors que les uns mettaient en avant la rencontre entre Michâal et Bronstein comme une réalisation à l'actif des islamistes marocains, d'autres déclaraient qu'ils ne «savaient pas que Bronstein était israélien et qu'il avait été conseiller de Rabin». Ces dénis en cascade reflètent la forte pression en interne. Formatés par un discours contre toute normalisation avec Israël, les militants, qui ont été appelés à manifester contre la présence d'une délégation israélienne au congrès de l'internationale socialiste ou même contre la projection d'un film israélien, sont perturbés. A l'extérieur, certains dénoncent la trahison. D'autres, juste le double langage en rappelant les positions du PJD lorsqu'il était dans l'opposition. L'attitude des responsables islamistes est peu compréhensible. Ofer Bronstein est très connu au Maroc où il est médiatisé. Pour rappel, le PJD avait dénoncé un groupe de journalistes et artistes qui s'était rendu en Israël, à l'invitation de Bronstein en 1994. Il est donc puéril de déclarer «qu'on croyait que c'était un juif français, sans passeport israélien». Maintenant, il faut espérer que son invitation ne relève pas du coup médiatique, mais reflète réellement une adhésion à l'idée de paix. D'autant plus que c'est le PJD qui dirige la diplomatie marocaine. Une telle adhésion démontrerait le mûrissement de ce courant, au contact de la gestion des affaires et des réalités du monde. Cela ne peut être crédible que si les amis de Abdelilah Benkirane ont le courage d'oser la clarification. Les déclarations à la presse ne vont pas dans ce sens et laissent plutôt penser que les protestations sont fortes. Cela ne fait qu'imposer aux dirigeants un travail pédagogique, patient, mais ferme. Le double discours ne tiendra pas longtemps face aux faits. Pas d'articles associés.