C'est la haute saison pour le matériel de climatisation. Les professionnels du secteur se frottent les mains. Au moment où les ventes explosent dans le segment résidentiel, les constructeurs évoquent une chute sur celui professionnel. En ces périodes de chaleurs, ils sont nombreux à se ruer vers les magasins d'électroménager pour s'équiper de climatiseurs. Aujourd'hui, la climatisation est perçue comme une nécessite, même si elle peut gonfler la facture d'électricité. Le rayon des appareils de climatisation ne désemplit pas. Plus que tous les autres articles électroménagers, c'est là que l'on enregistre la plus forte demande en ce moment. «C'est surtout en période d'été que les ventes sont importantes», assure un chef de rayon chez Marjane. Depuis quelques années, le marché de la climatisation connaît, en effet, une véritable explosion. L'année dernière, le marché était estimé à 300.000 unités vendues, soit une croissance de l'ordre de 40% par rapport à 2010. L'essentiel des ventes a été réalisé durant la période estivale, avec un pic durant le mois de juillet. «Cette croissance du marché est une conséquence directe des canicules qui se sont abattues ces dernières années sur le pays», affirme Mohamed Ettalali DGA de ventec Maroc, représentant officiel de Carrier. Une multitude d'autres marques se partagent le marché. Les professionnels parlent de pas moins de 60 marques dont une flopée de chinoises qui voient en le marché national un «bon potentiel» à exploiter. D'ailleurs les produits chinois ont réussi une remarquable percée au Maroc, ce qui semble ne pas déranger la plupart de leurs concurrents. C'est le cas de Karim Maarouf, responsable de formation au département climatisation de LG. Pour lui, les produits chinois, jugés par leur qualité médiocre, ne peuvent remplacer les autres et donc ne peuvent avoir un impact sur le chiffre d'affaires de LG. Et pour cause ! La cible est largement différente. Mohamed Ettalali a un autre avis : «Franchement, nous avons senti un impact sur notre chiffres d'affaires. Mais nous réagissons en conséquence. Et ce, en faisant un effort en terme de prix pour être plus compétitif». D'après Mustapha Boudadi, directeur commercial à Whirlpool, la nouvelle législation qui entrera en vigueur prochainement permettra de mieux réglementer le marché et donc «le consommateur sera protégé et les professionnels aussi. Mieux encore, cette loi permettra de réaliser des économies d'échelles et donc les prix seront tirés vers le bas. Le tout, pour le bonheur du consommateur », insiste t-il. Chute libre ! Pour le moment, les produits chinois sont là. C'est une évidence. Mais s'ils arrivent quand même à grignoter pas mal de parts, ils peinent encore à bousculer les grands fabricants. En tête de liste, s'imposent de grosses pointures comme Whirlpool, Carrier et LG. Ce dernier revendique 35% de parts de marché dans le segment résidentiel. Des estimations qui restent approximatives en l'absence de statistiques fiables, comme ne cessent de le répéter les professionnels interrogés par L'Observateur du Maroc. Mais ce qui est certain, c'est que les ventes évoluent d'année en année. Mustapha Boudadi confirme : «Nos ventes connaissent une hausse d'au moins 10%». Normal. Whirlpool compte parmi les acteurs importants du marché de la climatisation au Maroc et ses parts de marché sont de plus en plus importantes. Même constat pour Karim Maarouf. Lui aussi révèle que le taux de croissance de LG au cours de cette année est de 12% par rapport à la même période de l'année dernière. Ceci est valable uniquement pour le segment résidentiel. Car le secteur de la climatisation est scindé en deux catégories : la climatisation individuelle (monobloc ou split) et la climatisation centralisée (système DRV, débit réfrigérant variable, refroidisseurs de liquide et unité de toiture) destinée aux professionnels. Ces deux catégories utilisent les mêmes unités intérieures sous forme d'appareils muraux ou encastrables. Dans le segment professionnel, de l'avis des opérateurs du secteur, le trend est baissier. «L'activité enregistre une baisse de presque 20% sur ce segment», regrette Karim Maarouf. La cause ? La crise qui frappe de plein fouet le secteur immobilier, principal pourvoyeur d'affaires pour les pros de la clim. «Certes, nous avons été consulté pour 33% de projets de plus que l'année dernière, mais il faut dire que les promoteurs souffrent de manque de fonds donc l'étape de finalisation perdure. Il y a des projets qui trainent depuis l'année dernière. Et ceci nous pénalise», souffle-t-il. Concernant, les canaux de vente, selon différents professionnels, le réseau des installateurs/ distributeurs s'accapare à lui seul environ 75% des ventes totales, suivi de la distribution moderne (hypermarchés et magasins spécialisés) avec 15% et enfin le réseau traditionnel (10%). Des prix à la hausse Dans un contexte international où les prix des matières premières flambent et le taux de change du dollar grimpe, les intrants dans la fabrication du matériel de climatisation ont été aussi rattrapés par la fièvre des prix. «L'année dernière, une partie des augmentations a été résorbée au niveau de notre entreprise», confie Karim Maarouf. Aujourd'hui, les prix sont à la hausse ! D'ailleurs c'est ce que confirment tous les professionnels. Tout le monde s'attendait à une baisse cette année suite à la suppression totale des droits d'importation sur les produits industriels d'origine européenne, or c'est tout le contraire qui est arrivé. Il faut s'attendre alors à une progression entre 5 et 10% du prix de vente. Pour rester attractifs, les constructeurs misent sur d'autres paramètres pour séduire le consommateur : des climatiseurs qui consomment moins d'énergie, qui permettent de détendre l'atmosphère «anti-stress»… En tout cas, les professionnels restent optimistes pour l'avenir. «Le marché est sousexploité et donc prometteur», souligne Maarouf. MOUNIA KABIRI KETTANI