Partout en Algérie, l'heure est à la remobilisation pour la reprise du « Hirak » qui a fait tourner la page Bouteflika. Le jour anniversaire de ce mouvement sera décisif pour la page Tebboune. Drapeaux algériens à la main, de nombreux manifestants ont battu le pavé, mardi 16 février, à Beni Ourtilane (en berbère: At Wartilan). Dans cette commune située au nord-ouest de la wilaya de Sétif, surnommée la petite Kabylie, l'heure est à la remobilisation pour « bouter le système dehors ». Dans une vidéo diffusée en direct via Twitter, la colère est palpable. Scandant des slogans incendiaires contre le pouvoir algérien, l'indignation est exprimée en rimes comme dans ce slogan qui revient en leitmotiv dans la bouche des manifestants : « نيسباح انارام هللاو … نيياكوكلا نوبت اي » (Ô Tebboune la cocaïne, nous jurons que nous n'arrêterons guère ». La référence est ironiquement faite aux soins dopants intensifs que doit avoir subi le président algérien pour rentrer d'Allemagne à Alger à quelques jours du deuxième anniversaire du déclenchement du Hirak algérien. Son retour ne change rien à la situation puisque la remobilisation affichée, mardi, à Beni Ourtilane est la même dans d'autres localités, villes et régions du pays. Le même jour, une foule immense s'est rassemblée dès les premières heures de la matinée au centre-ville de Kherrata pour exprimer le ras-le-bol qui se fait sentir partout en Algérie contre le régime en place. La marche organisée dans cette ville de la basse Kabylie de la wilaya de Béjaï, à 300 km à l'est d'Alger, est hautement symbolique. C'était de ses rues qu'étaient parties les premières étincelles ayant engendré l'éviction de l'ancien président algérien, Abdelaziz Bouteflika et des membres de son « cercle ». Les Algériens qui ressortent dans la rue affirment toutes et tous qu'il n'y a eu qu'un changement de façade dans leur pays. Ils s'indignent de voir les généraux, qui sont les faiseurs de présidents en Algérie, continuer à faire la pluie et le beau temps dans le pays, en maintenant le même système de rente, de prébendes et de gabegie. Bravant l'interdiction de tout rassemblement décrétée dans le sillage de la crise sanitaire, les manifestants ressortent de nouveau leur principale revendication appelant à « l'indépendance de l'Algérie » et redénonçant la mainmise des galonnés sur le pouvoir. « Tebboune est arrivé par la fraude, placé par les militaires », peut-on lire sur une pancarte brandie dans la marche de Kherrata. Ces cris de colère montrent que le 22 février 2021, jour anniversaire du Hirak, sera aussi décif que l'a été le 22 février 2019.
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