Des marches de soutien aux détenus du « Hirak », le mouvement populaire antirégime, se sont déroulées pendant la fête de l'Aïd El Fitr en Algérie, malgré la pandémie de Covid-19 et l'interdiction de manifester, ont rapporté les réseaux sociaux et des médias locaux. La plus récente manifestation, après la reprise de la contestation populaire, a été organisée le lundi 25 mai à Kherrata, dans la wilaya (préfecture) de Béjaïa, en Kabylie, à l'est d'Alger, selon des vidéos et des photos largement diffusées sur les réseaux sociaux. Sur une vidéo, on voit un cortège, ouvert par des protestataires en scooter, qui défile en chantant: « Pouvoir assassin » et « Etat civil », la revendication phare de la contestation. C'est à Kherrata qu'a débuté le 16 février 2019 la première marche du « Hirak », mouvement de protestation inédit qui a ébranlé le pouvoir algérien jusqu'à sa récente suspension provoquée par la crise sanitaire. Egalement relayé sur les réseaux, un autre défilé de solidarité avec les prisonniers s'est tenu à Sétif (nord-est) dimanche, premier jour de l'Aïd, la fête marquant la fin du mois de jeûne du ramadan. « Heureux Aïd à tous les détenus politiques », pouvait-on lire sur une banderole déployée à Sétif. Selon le dernier comptage du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien aux prisonniers, près de 50 détenus d'opinion et politiques sont toujours dans les geôles du pouvoir ». Toute forme de rassemblement est interdite depuis mi-mars pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus, qu'elle soit politique, religieuse, culturelle ou sportive. Après plus d'un an de mobilisation, des figures et les organisations proches du « Hirak » avaient appelé d'elles-mêmes à suspendre « temporairement » les marches et les rassemblements tant que sévirait la pandémie. L'Algérie a officiellement enregistré à ce jour plus de 8.500 cas de contamination et 609 décès dus à la maladie Covid-19. Né d'un immense ras-le-bol des Algériens, le « Hirak » réclame un changement du « système » en place depuis l'indépendance du pays en 1962. En vain, jusqu'à présent, même s'il a obtenu en avril 2019 le départ du président Abdelaziz Bouteflika après 20 ans de règne.