Un chef de file du mouvement antirégime en Algérie a appelé lundi à sa sortie de prison à la libération de tous les militants détenus et à la reprise du «Hirak» après la pandémie de nouveau coronavirus. «Ma liberté ne sera complète qu'après la libération des autres détenus. Il y a encore des militants en prison. Nous devons rester mobilisés», a déclaré aux médias Abdelouahab Fersaoui, opposant et militant actif du mouvement antirégime «Hirak», devant la prison d'El Harrach à Alger. Arrêté en octobre 2019, Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement-Actions-Jeunesse (RAJ), une association citoyenne en pointe au sein du «Hirak», avait été condamné le 6 avril à un an de prison ferme pour «atteinte à l'intégrité du territoire national». Dimanche, la peine a été réduite en appel à six mois ferme, qu'il a déjà purgés. «La libération des détenus ne doit pas nous faire oublier l'objectif principal du »Hirak », qui est le changement de régime et la construction d'un véritable Etat, un Etat de droit et de liberté», a expliqué Abdelouahab Fersaoui, un des fondateurs du RAJ. «Nous n'avons pas encore atteint cet objectif et nous devons rester mobilisés», a ajouté l'universitaire de 39 ans, radieux malgré son masque sanitaire, donnant «rendez-vous à tout le peuple algérien après le virus pour continuer le »Hirak »». Un autre militant du «Hirak», Ibrahim Daouadji, condamné début avril à six mois de prison ferme, notamment pour «incitation à attroupement non armé», a également été libéré lundi après que sa peine a été transformée dimanche en sursis. Nombre de «hirakistes» et d'analystes craignent que le pouvoir algérien –pratiquant la politique de la carotte et du bâton– ne profite de la maladie Covid-19 pour tenter d'enterrer une bonne fois pour toutes le mouvement populaire qui l'a ébranlé pendant un an. Malgré la pandémie qui a contraint le «Hirak» à suspendre ses manifestations depuis la mi-mars, la répression continue de cibler les opposants, journalistes et médias indépendants ainsi que des jeunes internautes. Selon le dernier décompte du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien, une cinquantaine de personnes sont actuellement en détention dans les prisons algériennes pour des faits liés au «Hirak».