Un journaliste algérien, Sofiane Merakchi, a été condamné dimanche par un tribunal d'Alger à huit mois de prison ferme, a annoncé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien des prisonniers. Journaliste et correspondant de la chaîne de télévision libanaise Al Mayadeen, M. Merakchi était accusé de « recel de matériel » et de « fourniture des images des manifestations du vendredi 20 septembre (2019) à la chaîne Al Jazeera et d'autres médias étrangers ». Il s'agissait de manifestations du « Hirak », le mouvement populaire antirégime qui ébranle le pouvoir algérien depuis février 2019. « Arrêté le 26 septembre 2019, le journaliste Sofiane Merakchi quittera la prison dans deux mois (26 mai), a précisé le CNLD sur sa page Facebook. Le procureur avait requis deux ans de prison ferme et une amende d'un montant supérieur à cinq fois le coût du matériel saisi. Une demande de remise en liberté avait été rejetée le 29 mars, a précisé l'association britannique de défense de la liberté d'expression Article 19. Selon Article 19, Sofiane Merakchi a été le premier journaliste algérien arrêté dans le cadre du « Hirak ». Son arrestation n'avait toutefois pas été médiatisé les premiers mois, rappelle l'ONG. Depuis, d'autres journalistes ont été arrêtés, condamnés et incarcérés. Certains ont été libérés. Le plus connu derrière les barreaux est Khaled Drareni, correspondant de la chaîne internationale francophone TV5 Monde et de l'association Reporters sans frontières (RSF) en Algérie, en détention préventive pour « incitation à attroupement non armé et atteinte à l'intégrité du territoire national ». Plusieurs ONG et associations de journalistes internationales et algériennes ont réclamé jeudi « la libération immédiate des journalistes incarcérés en Algérie et l'arrêt des poursuites judiciaires abusives à leur encontre ».