Le Haut Commissariat au plan vient de publier un rapport sur l'impact de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 sur la situation sociale, économique et psychologique des enfants. Grandes lignes Par Hayat Kamal Idrissi Tout comme les adultes, les enfants ont du subir les lourds effets de cette crise sanitaire. Le HCP, en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) a publié jeudi un rapport mettant la lumière sur son impact sur la situation sociale, économique et psychologique des enfants marocains. Mal être Ainsi si tous les enfants ont respecté le confinement sanitaire, 2,5% l'ont cependant rompu soit pour aller jouer tout simplement (50%) soit pour approvisionner le ménage en produits de base (25%). S'accommodant tant bien que mal avec les nouvelles conditions de vie en temps de pandémie, les enfants ne s'en sont pas sortis indemnes. D'après les résultats du rapport, le confinement a eu de considérables retombées psychologiques sur les enfants. Anxiété, peur, sentiment d'être en captivité...Les enfants souffrent du confinement. Des comportements obsessionnels, des troubles de sommeil ou d'appétit sont autant de manifestations du mal être des petits marocains en cette période particulière. En période de confinement, une personne âgée de 15 ans et plus sur 10 (9,3%) a consacré du temps pour les activités d'éducation ou de formation. En moyenne, chaque personne a consacré 212 minutes par jour à l'éducation. Le rapport note cependant que durant le confinement, près de 84% des préscolarisés n'ont pas pu suivre les cours à distance. Fait marquant : Les mères seraient plus exigeantes lorsqu'il s'agit de l'éducation et l'enseignement de leurs enfants selon les chiffres du HCP. Ainsi le risque de ne pas suivre les cours à distances est sensiblement plus réduit parmi les ménages dirigés par une femme (77,5%) que parmi ceux dirigés par un homme (84,4%). Quant à la raison principale de ce désistement des enfants aux cours dispensés à distance, les parents évoquent en premier lieu la méconnaissance de la disponibilité des canaux dédiés au télé-enseignement à raison de 43,7% (39,8% dans les villes et 45,5% dans les campagnes). Cette proportion se réduit parmi les ménages aisés 24% contre 45,5% pour le reste des ménages. Télé-enseignement et difficultés d'assimilation Concernant la manière dont les élèves ont réagi au télé-enseignement, la moitié de ceux du secondaire (49,9%) étaient motivés et intéressés par le télé-enseignement, 25% soucieux de l'avenir de leurs études, 18,1% perturbés et gênés par ce type d'enseignement et 7% désintéressés. D'un autre côté, l'enseignement en distanciel a été synonyme de difficultés d'assimilation pour près de la moitié des lycéens (48%) et d'addiction aux outils électroniques (16%). Ainsi 78,1% des enfants de moins de 18 ans et 84,6% des jeunes de 18 à 24 ans ont consacré du temps à la communication et la socialisation à travers internet et les réseaux sociaux. Pour le suivi médical, près de la moitié (47,1%) des enfants âgés de 6-17 n'ont pas pu accéder pendant le confinement, à ces services toutes catégories confondues : 18,8% parmi les enfants de moins de 6 ans et 35,9% parmi l'ensemble de la population. Autre perturbation, et pas des moindre, enregistrée durant cette période: l suspension des vaccinations. Plus d'un enfant de moins de 6 ans sur dix (11,7%) n'a pas pu bénéficier des services de vaccination à hauteur de 12,9% pour les enfants ruraux et 10,5% pour les citadins. Sociabilisation et stabilité Autre volet étudié par le HCP dans ce rapport, les activités de communication et de sociabilisation auxquelles les enfants de moins de 18 ans ont consacré en moyenne 2 heures 40 minutes par jour, contre une heure 4 minutes pour la population en général. Les femmes sont encore plus présentes que leurs congénères lorsqu'il s'agit de s'occuper des enfants. Une heure 20 minutes est le temps accordé par les mères alors que les hommes n'y consacrent que 46 minutes. Le rapport du HCP revient sur une épreuve à laquelle ont été confronté beaucoup de familles marocaines suite à la crise sanitaire : la perte d'emploi. Ainsi 72,5% des ménages avec enfants ont eu parmi leurs membres un actif qui a été contraint d'arrêter de travailler pendant le confinement. Ceux qui ont réussi à maintenir leur activité, ont vu dans la majorité, leurs revenus baisser d'une manière importante. Une situation économique critique qui a engendré de nombreuses répercussions influençant la stabilité des foyers et le bien être des enfants. Dans l'ensemble 41,5% des ménages avec enfants ont déclaré être incapables de respecter au moins un de leurs engagements financiers que ça soit le loyer, le crédit logement, le crédit à la consommation, les frais des soins médicaux, les frais de scolarité, les factures d'eau et d'électricité ou encore les crédits auprès des épiciers du quartier. Toujours dans ce sens, 34,9 % des ménages avec enfants scolarisés dans le secteur privé étaient incapables de payer les frais de scolarité lors du confinement. Une période profondément éprouvante socialement, psychiquement et économiquement pour les familles mais aussi pour les enfants.