Les réserves de sang continuent de baisser au bout de neuf mois depuis le début de la pandémie Covid-19. Une situation alarmante selon le Centre national de transfusion sanguine et d'hématologie (CNTSH). Par Hayat Kamal Idrissi
La situation ne s'est pas améliorée depuis le dernier appel au don de sang lancé fin octobre par le CNTSH. Les réserves continuent de se vider tandis que les stocks actuels ne peuvent couvrir que 3 jours de besoins au niveau national. Dans un communiqué publié à l'occasion de la journée nationale du don de sang, le Centre a noté que les besoins en produits sanguins persistent au cours de cette période de pandémie « qui ne doit être un obstacle aux citoyens marocains pour accomplir le geste noble de don de sang ». Si les dons de sang n'étaient pas suffisants avant la pandémie, avec les restrictions liées à l'Etat d'urgence sanitaire, la situation a empiré davantage au bout de neuf mois.
Pénurie persistante
Rappelons que le Maroc a besoin quotidiennement de 1000 dons par jour pour pouvoir satisfaire les besoins des malades, toutes catégories confondues, en poches de sang. Au niveau national, le total des dons enregistrés en 2019 était de 334.510, soit une augmentation de 4% par rapport à 2018 avec un plus de 13.174 dons. Une augmentation de 7% est également notée par rapport à l'objectif fixé en 2019 avec un plus de 24.184 dons. Une amélioration qui sera sensiblement affectée au cours de 2020 par le déclenchement de la pandémie, les conditions spéciales du confinement et de l'état d'urgence sanitaire. « Nous recueillons en moyenne 400 à 500 poches de sang par jour, mais elles ressortent aussitôt en nous empêchant de constituer un stock de sécurité », explique Dr. Khadija Lahjouji, la directrice du Centre. Des réserves qui ne peuvent couvrir que trois jours des besoins de la population et qui restent loin des 7 jours de sécurité recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). D'après la responsable, la situation est encore plus critique dans les grandes villes disposant d'un CHU comme Casablanca, Fès, Rabat, Tanger ou Marrakech. « L'exemple de Casablanca est éloquent : La demande est tellement élevée que les réserves ne peuvent couvrir qu'une journée. La ville, à elle seule, a besoin de 600 poches de sang quotidiennement », explique Dr Hajouji.
Contexte critique
Les raisons de cette pénurie ? D'après la responsable le contexte actuel, marqué par la pandémie du Covid-19, est assez dissuasif pour les donneurs potentiels. « Si la culture de don de sang n'est pas assez répandue chez nous, ça le devient encore moins dans le contexte assez spécial de la pandémie. Ce n'est pas une priorité pour nos concitoyens », explique-t-elle.
Pourtant c'en est une. Le Maroc a besoin en effet de 1.000 dons de sang par jour. Le sang est récolté par les dons est séparé en trois composants: le concentré des globules rouges, le plus touché par la pénurie, le concentré des plaquettes standard et le plasma pré-congelé. Rappelons que la régularité des dons est primordiale car la durée de vie des produits sanguins est courte : 42 jours pour les globules rouges et 7 jours seulement pour les plaquettes. Le plasma, qui se congèle, peut se conserver jusqu'à un an.
Responsabilité de tous
Célébrée cette année sous le slogan « Le don de sang est la responsabilité de tous », cette journée nationale a été l'occasion pour le CNTSH de sensibiliser la population par rapport aux besoins urgents en sang et en produits sanguins. En appelant les donneurs à continuer à faire preuve de solidarité et de générosité, le centre les incite à répondre à l'appel de la vie et de se rendre dans les différents sites de prélèvement de sang. D'après un rapport du ministère de la santé datant de 2018, les besoins en sang augmentent, depuis 2012 à un pourcentage annuel moyen de 22% alors que l'augmentation des dons de sang n'est que de 6%. Pendant certaines périodes « creuses » comme la saison d'été, les vacances scolaires, les vacances des fêtes... les stocks des produits sanguins diminuent systématiquement à un niveau critique. Une situation qui soulève régulièrement des craintes sur la pérennité de l'approvisionnement des hôpitaux en sang et en produits sanguins.