Casablanca et Rabat les plus exposées L'été est une période critique pour les réserves de sang car l'approvisionnement se réduit avec les départs en vacances. Il s'agit là d'un phénomène international qui touche tous les pays dont le Maroc. Donner son sang ne vient pas à l'esprit de beaucoup de vacanciers. Et par conséquent, les réserves nationales ne cessent de diminuer à tel point que la situation est devenue catastrophique. Le Dr Mohamed Benajiba, directeur du Centre national de transfusion sanguine et d'hématologie (CNTSH), signale : «Le stock national actuel est de 6500 poches de sang ce qui correspond seulement à 6 jours de consommation». Dans certaines villes du Royaume, la situation est devenue critique. C'est notamment le cas de Casablanca et de Rabat qui font face à une grosse pénurie de sang. «A Casablanca, la réserve est de 700 poches de sang, ce qui ne couvre que 4 jours. A Rabat, la situation est davantage alarmante avec seulement 400 poches de sang, soit l'équivalent de 3 jours de consommation», précise Dr Benajiba. Les dons de sang sont nécessaires pour sauver des accidentés, mais aussi des malades qui ont besoin chaque jour de produits sanguins. A ce sujet, le directeur du CNTSH précise : «Au niveau national, 700 à 800 malades ont besoin de sang chaque jour pour vivre. Pour sauver leur vie, il faut entre 950 et 1000 poches de sang chaque jour. Ces malades sont des victimes des accidents de la route, des femmes enceintes qui lors de l' accouchement font des complications (des hémorragies), des personnes atteintes de maladies chroniques ainsi que des malades déjà hospitalisés». Ces dons permettent également de soigner des patients atteints de maladies de sang telles que la thalassémie qui nécessite des transfusions tout au long de la vie, ainsi que les besoins en cancérologie. Seulement 22% de donneurs réguliers contre 85% dans les pays développés Pour alimenter les stocks de produits sanguins, le Centre national de transfusion sanguine et d'hématologie multiplie les appels et les collectes dans plusieurs villes cet été. Celui-ci a entamé vers la fin du mois de mai une grande mobilisation à travers le pays en lançant la campagne estivale nationale du don du sang. Cette opération cible la société civile qui est devenue au fil des années un acteur primordial dans la collecte de sang. Ainsi, des caravanes mobiles se déplacent dans plusieurs villes du Royaume pour faciliter la tâche aux donneurs. «Notre caravane est actuellement à Tanger. Précédemment, lors de notre déplacement à Martil, nous avons constaté une forte affluence des donneurs. Nous sommes parvenus à réaliser entre 100 et 150 prélèvements par jour et ce de 18h à minuit», signale Dr Benajiba. Malgré le lancement chaque année de diverses campagnes pour sensibiliser les Marocains à faire ce geste, force est de constater que le don du sang n'est pas encore devenu un réflexe. «Les donneurs réguliers ne représentent actuellement que 22% alors que dans les pays développés, ils sont 85 à 90%», indique le directeur du Centre national. Et d'ajouter «Le nombre de dons par rapport à la population générale est de 0,96% au Maroc contre 4% en France». Selon l'OMS, pour les pays en développement, ce taux devrait être de 1,2% de donneurs par rapport à la population générale. Et pourtant, seuls les dons réguliers par un nombre stable de donneurs volontaires réguliers peuvent garantir un approvisionnement suffisant en sang. La régularité des dons est indispensable car le sang a une durée de vie courte (42 jours pour les globules rouges, 5 jours pour les plaquettes). L'enjeu actuel est d'inciter un maximum de personnes ayant donné leur sang à se transformer en donneurs réguliers, ce qui constitue un combat de longue haleine. Le Dr Benajiba insiste sur le fait que le don du sang est une question d'éducation. Ce geste simple qui peut sauver des vies doit être inculqué dès le plus jeune âge et plus précisément dès le primaire. «Des campagnes de sensibilisations doivent être menées au sein des établissements scolaires pour exliquer aux écoliers l'importance de ce geste», conclut -il.