En pleine crise sanitaire, les blouses blanches entrent en grève nationale de 48 heures pour protester contre la situation désastreuse du secteur et du personnel de la santé. Ils menacent de démission collective si leurs revendications ne sont pas prises en considération. Par Hayat Kamal Idrissi
La pandémie du Covid-19 et la crise sanitaire ont eu raison du peu de patience qui restait aux médecins. Comme annoncé dans son communiqué datant du 12 octobre 2020, le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) a mis en pratique sa grève nationale du 4 et 5 novembre dans les différents hôpitaux publics du royaume. Des mouvements protestataires qui prendront la forme de sit-in aux niveaux régional et provincial sur la voie publique pour dénoncer « la situation désastreuse du secteur de la santé qui dure depuis de longues années », nous assure au téléphone El Montadar Alaoui, président du SIMSP, du cœur d'un sit-in tenu ce matin à Fès. Ce dernier évoque le ras le bol des praticiens mais également des citoyens profondément insatisfaits de leur système de santé. Ingratitude
« Notre attente n'a que trop duré ! Notre cahier revendicatif n'a pas trouvé une oreille attentive et toutes nos réclamations sont restées lettres mortes. Aujourd'hui, il est temps de faire entendre notre voix », s'insurge le représentant des médecins du secteur public. Une colère que ces derniers ruminent depuis longtemps mais que la crise sanitaire a exacerbée davantage. Mobilisés et largement sollicités depuis le déclenchement de la pandémie dans notre pays, « les médecins n'en peuvent plus de devoir opérer dans des conditions très difficiles de travail et avec un grand manque de moyens », note Alaoui. D'importants efforts qui « ne sont nullement récompensés. Les primes promises par le ministère n'arrivent toujours pas ! », rajoute-t-on auprès du syndicat. « Malgré la grande pression que nous avons subit durant cette crise sanitaire, nous avons été privés de notre droit au congé qui a été suspendu par décision ministérielle », explique Dr Samia Massoudi, réanimatrice à Casablanca. « C'est inhumain ! Nous sommes exténués physiquement et psychiquement sans compensation aucune », rajoute-t-elle.
Revendications
Au-delà des conditions de travail et l'ingratitude du département, le syndicat indépendant déplore la suspension des négociations concernant le dossier revendicatif. Dans son communiqué du 12 octobre annonçant la grève, le représentant des praticiens rappelle ses revendications principales à savoir la réévaluation des salaires, l'amélioration des conditions de travail et l'accord des autorisations pour la spécialisation en médecine de la famille à tous médecins généralistes le souhaitant. Aussi, le syndicat réclame la réglementation des gardes ainsi que les droits à la démission et à la mutation. Conscients de la gravité de la situation actuelle, les médecins grévistes ne comptent pas pour autant paralyser les hôpitaux publics. « La grève ne concerne pas les services de réanimation, des urgences et ceux de la prise en charge des malades Covid-19 », rassure le président du SIMSP. Ce dernier affirme que les médecins veilleront, pendant leurs sit-in, au respect de la distanciation physique et des mesures préventives anti-propagation de la pandémie. Toujours d'après le syndicat, ces mouvements protestataires concerneront tous les hôpitaux publics du Royaume. « A cette heure-ci, il est encore tôt de révéler le taux de participation. Mais je peux vous assurer que la grève sera une réussite ! », confirme, confiant, El Montadar Alaoui.