Les praticiens se préparent pour une grève nationale du 4 au 5 novembre pour crier leur colère et dénoncer les conditions pénibles de leur travail en pleine crise sanitaire. Alors que la deuxième vague de la pandémie est de plus en plus inquiétante, les médecins du secteur public s'apprêtent à mener une grève de deux jours pour protester contre l'attitude évasive du ministère de tutelle quant à leurs revendications. Le Syndicat indépendant des médecins du secteur public avait annoncé, le 12 octobre, dans un communiqué, une grève nationale de 48 heures qui aura lieu les 4 et 5 novembre. Ce que veulent les médecins À deux jours du commencement de la grève, les médecins mobilisent leurs rangs pour faire entendre leur voix auprès des responsables après avoir enduré les conditions difficiles de travail, surtout pendant la crise sanitaire, sans pour autant recevoir la prime promise par le département de Khalid Aït Taleb. Le syndicat déplore également la suspension des négociations concernant leur dossier revendicatif ainsi que la pression qui pèse sur leurs épaules et le manque de moyens mis à leur disposition, ce qui les contraint à recourir à de tels actes de protestation pour faire passer leur message. Un acte symbolique Bien que les médecins soient remontés contre le département de Khalid Aït Taleb, ils n'ont pas l'intention de paralyser le système de santé, déjà menacé d'écroulement par la pandémie. Le communiqué du syndicat avait clairement indiqué que la grève ne concerne pas le personnel des services d'urgence et de réanimation. Contacté par « L'Opinion », El Mountadar Alaoui, Secrétaire général du syndicat indépendant des médecins du secteur public, a précisé qu'il s'agit d'une grève nationale dont le but est de faire entendre la voix des médecins qui souffrent depuis longtemps. « Nous ne voulons en aucune manière paralyser les hôpitaux, surtout que la Covid-19 bat son plein », a-t-il ajouté. Jusqu'à présent, rien ne laisse présager l'ampleur que prendra cette grève en ce qui concerne le degré de participation des médecins, ce qui est sûr, c'est que l'hôpital restera debout. « Les médecins sont à 200% avec nous, même ceux qui continueront leur travail », nous a confié Dr Alaoui qui n'a pas encore une idée sur le taux de participation. Où est le ministère de la Santé ? Face à la montée au créneau des médecins, le ministère de tutelle fait preuve d'un silence assourdissant, ne réagissant même pas à l'annonce de la grève qui est, pourtant, connue depuis le 12 octobre. Dr Alaoui nous a confirmé qu'aucun contact n'a eu lieu jusqu'à présent entre le ministère et le syndicat. Ce manque de communication risque de perdurer le malentendu.
Anass MACHLOUKH Repères Une grève protéiforme Outre la grève, les médecins du secteur public s'apprêtent également à reprendre toutes les formes de protestations suspendues antérieurement, à savoir le port d'uniforme noir et de brassards 509, le boycott des campagnes chirurgicales ne respectant pas les règles de sécurité et la poursuite des démissions individuelles et collectives, avait indiqué le syndicat dans son communiqué du 12 octobre. En parallèle, une marche nationale aura lieu, à Rabat, du siège du ministère de la Santé au Parlement, avec des sit-in dans plusieurs régions. Le personnel médical usé par la pandémie Depuis le début de la pandémie au Maroc en mars dernier, de grands efforts ont été demandés aux médecins. Or, après plus de six mois, les médecins et le personnel soignant en général sont à bout de souffle vu la pression qui pèsent sur leurs épaules. Leur colère est de plus en plus manifeste pour plusieurs raisons. Le ministre de la Santé avait suspendu leurs congés en août dernier alors que les primes exceptionnelles ne sont pas encore versées.