La grogne se poursuit dans les hôpitaux Karim Ben Amar Le Syndicat indépendant des médecins du secteur public annonce un mouvement de protestation. Une grève nationale est prévue. Elle durera 48 H et s'étalera du mercredi 4 au jeudi 5 novembre prochain. A cet effet, le secrétaire général national du syndicat, Dr Al Mountadar Al Alaoui My Abdellah a confié à notre journal les raisons de cette grève nationale. Cahier revendicatif en suspens depuis des années, staff médical épuisé, absence de congé malgré le travail acharné depuis le début de la pandémie, les attentes de ce débrayage sont grandes. Néanmoins, les services d'urgence et de réanimation ne prendront pas part à l'interruption du travail, dans le contexte actuel de pandémie mondiale. Les détails. Du côté des médecins du secteur public, il y a de la protestation dans l'air. Des sit-in à travers tout le royaume seront organisés le 4 novembre à partir dès 10H, annonce le syndicat indépendant des médecins du secteur public, dans un communiqué. Depuis les prémices de la pandémie mondiale, ce corps de métier est en première ligne. De ce fait, les médecins du secteur public dénoncent les conditions «difficiles de travail» au même titre que l'attitude hésitante du gouvernement quant à leurs revendications. C'est pour cette raison que le SIMSP prépare un nouveau mouvement de grève, avec une marche nationale à Rabat. A cet effet, le Dr Al Mountadar Al Alaoui My Abdellah a déclaré à Al Bayane que «si notre syndicat entreprend un mouvement social, c'est parce que nos revendications sont restées lettre morte, et cela depuis près de 10 ans. Il faut bien se le dire, la patience du staff médical a ses limites », s'exclame-t-il. En réponse à une question sur la date choisie, à savoir en plein état d'urgence sanitaire, le leader syndical a affirmé que «le patriotisme du staff médical n'est pas à remettre en question, bien au contraire. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard que les services de réanimation ne soient pas en grève. Et d'ajouter « il y a moins de 300 médecins anesthésistes-réanimateurs dans le secteur public dans tout le pays, il est naturel qu'ils ne participent pas à la grève bien qu'ils soient de tout cœur avec leurs confrères. Nous ne jouons absolument pas avec les vies de nos concitoyens, nous réclamons juste nos droits, et nous n'y renoncerons». «Depuis le début de la crise sanitaire mondiale, nous sommes en première ligne. Nous nous exposons depuis les prémices de cette crise à la contamination», a-t-il tonné. Quant aux congés, le médecin généraliste a certifié que « nous n'avons pas eu de vacances alors que le staff médical travaille d'arrache-pied depuis près de sept mois maintenant». «Le staff médical du secteur public a fait de nombreux sacrifices. Nous avons fait un grand effort en acceptant un compromis salarial pendant trois mois successif. Mais cela est tout à fait normal puisque ce sacrifice s'inscrit dans l'effort de guerre contre la pandémie de la Covid-19» a-t-il martelé. Mais qui dit effort de guerre dit préservation du moral des troupes. «S.M le Roi a salué l'effort et le travail effectué par le corps médical. Cela nous a réellement encouragés et même poussés des ailes. Mais il est fâcheux de s'apercevoir que le gouvernement ne s'aligne pas avec les orientations et les encouragements du Roi» poursuit-il l'air dépité. D'après le secrétaire général national du SIMSP, ce mouvement de grève sera national. Un rassemblement de masse dans les régions et les provinces du royaume est attendu le mercredi 4 et le jeudi 5 novembre. Il ajoute que les demandes du syndicat sont tout à fait réalisables. Le leader syndical annonce également la poursuite du port d'uniformes noirs et de brassards 509, le boycott des campagnes chirurgicales « aléatoires », ne respectant pas les normes de sécurité, la poursuite des démissions individuelles et collectives, ainsi que le boycott des cachets, des autopsies et de la campagne de santé scolaire et des services administratifs (statistiques, rapports…). Entre autres revendications, les médecins du secteur public réclament, la révision de l'indice salarial 509 (équivalent d'un doctorat Bac+8), l'autorisation de la spécialisation en médecine de famille, la réglementation des gardes et des droits à la démission et à la mutation. Espérons que pour ce dossier épineux, le gouvernement n'aura pas une fois de plus, les deux pieds dans le même sabot...