Au Maroc comme dans de nombreux pays du monde, le football demeure le sport roi. Il suscite un intérêt de plus en plus grandissant, surtout qu'il devient une affaire qui pèse des milliards, même au Maroc. Au niveau national, cette discipline sportive tourne annuellement avec un budget estimé à 30 milliards de centimes. C'est certes 1000 fois rien en comparaison avec les montants alloués au football dans des pays européens ou même arabes (Egypte, Tunisie…). En Egypte, par exemple, le club du Zamalek tourne avec plus de 20 milliards de centimes, tandis que les clubs tunisiens de l'Espérance et de l'Etoile du Sahel fonctionnent chacun avec plus de 10 milliards de centimes. N'empêche, dans le Royaume, il y a des budgets non négligeables qui circulent au niveau des différents clubs de football. Surtout dans les plus grands. A titre indicatif, le WAC et le Raja tournent chacun avec un budget annuel de près de 4 milliards de centimes. Et comme dans les monde des entreprises, dans le foot, plus on est grand, plus on gagne de l'argent. C'est ainsi que le dernier derby casablancais qui a opposé le Raja au Wydad, le dimanche 3 mai, a permis de générer une recette de plus de 170 millions de centimes. Ce qui est loin d'être une infime obole. Du reste, les clubs moins nantis disposent de budgets variant entre 600 et 900 millions de centimes. C'est le cas des clubs comme l'Ittihad Zemmouri de Khémisset, du Mouloudia d'Oujda ou du club meknassi CODM… Généralement, les premiers gardiens du « trésor » du foot, sont les présidents des clubs. Ils sont les vrais patrons du ballon rond. Même si la plupart d'entre eux sont moins connus que les joueurs et les entraîneurs, il n'en demeure pas moins que l'argent c'est eux. Même si cette prérogative-obligation n'est pas écrite dans les règlements des clubs de football qui ont toujours le même statut que les associations des quartiers, la responsabilité première des présidents est de rechercher par différents moyens à renflouer les caisses du club. Il arrive même aux plus malheureux d'entre eux de devoir mettre la main à la poche pour combler les déficits. C'est là l'un des aléas de ce métier qui n'en est pas un. En prime, dès que l'équipe trébuche, ce sont les présidents qu'on siffle, qu'on hue et qu'on savonne le plus. Pour mieux connaître les top-managers du football national d'élite et leur univers, nous dressons les portraits les plus représentatifs de quelques uns de ces patrons qui tirent les ficelles du jeu le plus populaire au Maroc. Parmi eux, il y a le riche homme d'affaires, l'instituteur devenu manager du football, l'ex-caïd, le politique… Tout un monde. Big-boss : Le vert et le rouge Le premier est un redoutable auditeur. Rien ne lui échappe dans le monde de la finance. Ses calculs lui réussissent souvent dans les stades. Le second est un promoteur investisseur connu, notamment dans le secteur touristique. Preuve de sa puissance financière, il a pu être parmi les adjudicataires des terrains de la Sodéa dont il a eu 28 hectares dans la région de Marrakech. Le premier comme le second ont un point commun : ils ont un amour fou pour le ballon rond. Dans ce terrain, les deux hommes sont d'éternels frères ennemis. Il s'agit de Abdellah Ghallam qui préside à la destinée du Raja et de Abdelilah Akram qui dirige le WAC. Cette saison, les deux hommes sont aux anges. Les Verts caracolent en tête du championnat. Les rouges les talonnent et sont les heureux finalistes de la Coupe de la ligne arabe des champions. S'ils parvenaient à remporter ce trophée, les Wydadis empocheraient près de deux milliards de centimes. Le Raja et le Wydad sont connus pour être de grandes écoles de football. D'où leur succès. Abdellah Toumi : Doukkala style Natif d'El Jadida en 1966, à ses débuts dans la présidence du Difaà Hassani El Jadidi (DHJ), Abdellah Toumi était le plus jeune entraîneur d'une équipe de première division au niveau national. Pourtant rien ne prédestinait ce judoka à virer vers le football. Parce que Toumi a d'abord brillé dans le judo. Il a été sacré champion du Maroc juniors et 4e séniors, avant d'arrêter en 86 à la suite d'une grave blessure. Maintenant, il est le président du Difaà pour la 4e année consécutive. La saison actuelle aura été l'une des meilleures pour son équipe qui avait, par moments, inquiété les plus grands. Pour gagner sa vie, Abdellah Toumi ne compte pas sur le foot qui ne nourrit pas son homme, dit-il. Il est propriétaire de plusieurs cafés et restaurants. Il touche aussi à l'agriculture, « comme tout doukkali qui se respecte », commente-t-il. Le DHJ tourne cette année avec un budget estimé à 15 millions de dirham. L'OCP injecte la plus grosse part. 5 millions de dirhams au cours de cette année. S'y ajoute, la subvention de la FRMF octroyée à chaque équipe du groupement national du football de première division : 2 millions de dirhams pour les droits de transmission télévisée. Le président prévoit de voir le budget augmenter pour l'année prochaine. Il compte sur la générosité de l'OCP. Dans le cadre de la mise à niveau, Toumi se dit déterminé à mettre à niveau son club. Dans cette perspective, le club a investi dans un restaurant qui lui rapporte un cash flow estimé à 70.000 dirhams par mois. C'est peu, mais il y a un début à tout, note le président. Lequel est marié et père d'une fille. Pour parler du « revers de la médaille », Toumi rappelle qu'un président est mis toujours dans de mauvais draps à la moindre méforme de son équipe. « Vous pouvez bien imaginer la gêne d'un président qui se voit traiter de tous les noms, parfois en présence de quelques membres de sa famille… ». Les risques ne s'arrêtent pas là. « Au début du championnat, j'ai vu M. Ghallam recevoir une pierre sur la tête et on a aussi bien vu que M. Abou Al Kacem (président du Hassania d'Agadir) a eu un infarctus après avoir reçu une salve d'insultes de la part du public », rapporte Toumi. De surcroît, Abdellah Toumi estime que c'est à cause du stress que certains présidents souffrent de vitiligo. Il en est un, mais pas le seul. C'est le cas également du président du club de Khouribga (OCK) Jalal Charbi et de Hakim Doumou du KAC… Mais alors, qu'est-ce qui le retient dans cet univers qu'il dit à hauts risques ? « L'amour du ballon rond », insiste-t-il, faisant remarquer que l'amour du foot est de ses amours qui tuent. Le président a aussi des reproches à faire à la FRMF pour, note-t-il, « son penchant vers le maintien de la domination des grandes équipes, comme par tradition, au détriment des ‘petites équipes' que l'on veut confiner au rand d'éternelles petites ». Abdelhaq Bakhat : Un vice nommé foot Le président délégué de l'Ittihad Riadi de Tanger (IRT – une équipe de deuxième division) est le directeur du journal local (le Journal de Tanger). En plus d'être journaliste, Abdelhaq Bakhat est également un richissime homme d'affaires. Ses sociétés exercent dans différents métiers de pêche, dans la congélation notamment. Il est aussi propriétaire d'une maison d'édition. Ces quatre dernières années, il affirme avoir déboursé, de sa propre poche, quelque 8 millions de dirhams pour son club. Ses 37 ans d'expérience dans le monde du ballon rond l'autorisent à affirmer : « nombreuses sont les personnes qui veulent bien investir dans le football, mais à condition que l'environnement soit assaini ». Il enchaîne : « on parle de mise à niveau du football, mais ce qu'il faut c'est d'abord une mise à niveau des mentalités ». C'est la condition qu'il estime nécessaire pour que tout le reste suive. Alors, qui vise-t-il par ses propos ? La Fédération ? « Pas seulement, la FRMF n'étant qu'un élément d'un ensemble. Nous sommes tous responsables du niveau de notre football et de nos clubs », lance-t-il. Après avoir repris son souffle, il avance avec le ton d'un syndicaliste en colère : « les présidents des clubs n'ont rien à faire dans les organes de décision de la Fédération ». Son argument : « pareilles responsabilités donnent à certains la possibilité d'abuser de leur pouvoir en faveur de quelques clubs ». Dans ce registre, il déplore l'existence dans les arcanes footballistique de corruption, d'abus de pouvoir, de manigances de toutes sortes… Pour lui, si l'environnement était clean, son club aurait eu de meilleurs résultats. L'IRT totalise jusqu'à présent 25 matchs nuls et trois défaites seulement. L'équipe ambitionne de jouer dans la cour des grands. Même si Bakhat se dit aujourd'hui fatigué pour avoir tant usé ses chaussures dans les stades, il affirme que le foot reste sa « belia » (son vice). D'ailleurs, il n'a pas raté le derby espagnol puisqu'il est allé le voir au Camp nou. Quand la question lui est posée de savoir quand les Marocains pourraient un jour voir des matchs d'une aussi grande qualité qu'un Barça-Madril, il réplique, sans illusion : « nous en sommes encore loin, beaucoup trop loin et nous n'y arriverons jamais ». Entre deux matchs, le président de l'IRT, prépare actuellement un doctorat en droit public. A 62 ans, le président délégué ne lâche pas le morceau. Gérant un effectif de 400 à 450 personnes, Abdelhaq Bakhat dispose annuellement de 8 à 9 millions de dirhams dont il dit supporter 3 millions. Pour gérer l'IRT, il compte sur le sponsoring de l'ONDA (1 million de dirhams), Amendis (1 million de dirhams) et sur la subvention de la FRMF (600.000 DH) dont le club n'a encore perçu que la moitié, à quatre matchs de la fin du championnat. La région de Tanger aide aussi le club par la bagatelle de 200.000 dirhams. Le président délégué n'est pas le président tout court, parce qu'un certain Dahbi Brahim a toujours, sur le papier, ce poste. « Mais il ne suit même pas les matchs de l'équipe qu'il est censé diriger », affirme le « vrai président ». Hadj Abderrahman Choukri : L'ASS forever ! A 64 ans, Hadj Abderrahman Choukri reste attaché à l'équipe de Salé (ASS) dont il est devenu président depuis 1987. Lui qui avait passé sa prime jeunesse comme footballeur dans le Najah de Salé. Une équipe qui reste jusqu'à aujourd'hui la pépinière de l'ASS. Le président présente son équipe comme étant riche en talents, mais pauvre en moyens matériels. Elle compte principalement sur les 200 millions de centimes de la FRMF et sur le pactole que lui octroie son sponsor Rédal (150 millions de centimes pour toutes les disciplines), en plus des 100 millions de centimes de la commune urbaine de Salé. Hadj Abderrahman Choukri estime que la réflexion existe de changer le club en véritable société moderne qui disposerait de différents projets générateurs de revenus. Mais, regrette-t-il, la réflexion ne suffit pas quand manque le nerf de la guerre. Le président jette la balle dans le camp du conseil préfectoral de Salé qui, martèle-t-il, doit appuyer la mise à niveau du club. Parce que pour joindre les deux bouts pour son club, ce président qui est ancien cadre du ministère du Tourisme et est propriétaire des fermes de poulets de chair, affirme, lui aussi, qu'il met de temps à autre la main à la poche. « Le salaire des joueurs est en moyenne de 5000 dirhams, en plus des primes de matchs qui varient entre 3000 à 4000 dirhams », précise-t-il, ajoutant que pour payer tout cela il faut bien qu'il y ait de l'argent. Lui aussi martèle : « le foot est un dangereux vice, quand on l'attrape il n'existe pas de vaccin pour en guérir ». Le président de l'ASS met au défi les nouveaux managers potentiels et les appelle à venir postuler lors de la prochaine assemblée de l'ASS prévue en juillet prochain, pour le poste de président. En plus du monde du foot, le monde politique connaît bien l'élu Choukri sous les couleurs du RNI. Il est l'actuel vice-président de la mairie de Salé et vice-président également du bureau préfectoral. Ali Fassi Fihri : Qui est le patron des patrons du foot national ? Ali Fassi Fihri vient d'être porté à la tête de la Fédération Royale Marocaine de Football. Les grandes lignes de la stratégie qu'il a exposées devant l'assemblée générale de la Fédération le jour de son élection, fait naître de nombreuses attentes dont le vrai démarrage de la mise à niveau des clubs. Le nouveau président de la FRMF est un gestionnaire de gros calibre. Il est à la fois le directeur général de l'Office National de l'Electricité (ONE) et également de l'ONE. Ali Fassi Fihri est titulaire d'un PHD en énergétiques de l'Université Jussieu Paris VII en 1983. Il a occupé successivement les postes de Professeur à l'Ecole des Mines de Rabat (1983/1992), de président de SIGMA TECH INGENIERIE (1985/1990) et de Directeur général du centre de développement des énergies renouvelables (CDER) de 1990 à 1994, avant d'être nommé directeur général adjoint de l'ONE, chargé du développement et des programmes. Il avait, en outre, été choisi pour faire partie du Task Force chargé de réfléchir et de définir pour le G8 la nouvelle politique énergétique mondiale. C'est en 2001, qu'il a été nommé directeur général de l'Office national de l'eau potable (ONEP) et il y a quelques mois il a été porté à la tête de l'ONE. Ali Fassi Fihri est marié et père de 3 enfants.
HUSA : Abou Al Kacem, l'instit du foot Natif de la province de Tizni en 1951, Abdellah Abou Al Kacem a grandi à Casablanca. Il a joué dans sa jeunesse pour Al Ittihad Al Bidaoui (TAS) dans les catégories minimes et cadets. Marié et père de six enfants, il est détenteur du diplôme de deuxième degré d'une école allemande de formation des entraîneurs. Il est également un ancien dirigeant dans l'association Najah Souss des enseignants et un ancien dirigeant de l'équipe de handball d'Agadir. Il est devenu simple adhérent du club du Hassania en 1988. Une année plus tard, il a commencé à siéger dans le comité dirigeant du club. C'est ce qui lui a permis de devenir membre fédéral de la FRMF de 1990 à 1994. Au même temps, il était membre dirigeant de la Ligue de Souss. Dès qu'Abdeslam Belkchour a été remercié de la présidence de la Hassania d'Agadir, pour le remplacer, Abou Al Kacem a été élu, à l'unanimité, par les autres membres du comité de direction. Il est aussi le vice-président dans le GNF1 et président de la commission des infrastructures. Dans sa vie professionnelle, Abou Al Kacem travaillait comme instituteur à Casablanca. Puis il est devenu enseignant d'histoire-géographie dans différents lycées d'Agadir. KACM : Rachid Benrami, l'entrepreneur Né en 1961 à Meknès, cet entrepreneur s'est installé à Marrakech pour des raisons professionnelles. C'est là qu'il avait jugé qu'il y avait mieux à faire dans l'immobilier. En 2005-2006, il a été porté à la tête du club de Marrakech (KACM). Mais, c'était une mauvaise période, l'équipe ayant connu aussitôt la relégation à la division inférieure. Aujourd'hui, le club se bat pour garder la tête hors de l'eau. Difficilement. Certains des fans de l'équipe marrakchie en arrivent à regretter l'ère Mediouri. IZK : Mohamed El Guertili, l'éternel président Né en 1951 à Khémisset, Mohamed El Guertili est un vieux de la vieille. Son nom reste inséparable de celui du club qu'il dirige depuis 30 ans. Sa légitimité dans le foot, il dit la tirer de sa qualité de joueur ayant porté le maillot de Khemisset pendant de longues années dans les catégories minimes et cadets. Guertili est de ceux qui mêlent politique et football. Ce qui est loin de lui réussir. A ses débuts, il était le chef de cabinet de l'ex-ministre du Transport, Mohamed Bouamoud. Depuis, il a pu seulement briguer un poste de membre du conseil municipal à Khemisset. Pourtant, il s'était plusieurs fois présenté aux législatives dans cette ville sans pouvoir décrocher le moindre mandat. Rachad Bernoussi : L'indéboulonnable Ammouri Instituteur à ses débuts, Ahmed Ammouri a pu changer de cap en travaillant dans l'antenne de la trésorerie générale de Casablanca. Il a gravi les échelons pour devenir le directeur de la TVA. Mais ce qui l'a sorti de l'anonymat, c'est bien le club de deuxième division du Rachad Bernoussi. Lequel est la pépinière, depuis toujours, de grandes équipes comme le WAC et le Raja. Amourri fait également de la politique. Il est parlementaire de la circonscription de Sidi Bernoussi. Au sein de la FRMF, il est le premier responsable de l'une des commissions qui font le plus parler d'elles, en l'occurrence la fameuse commission de programmation. Selon de nombreux avis, cet organe ne s'est jamais illustré que par ses grandes gaffes avec des reports de matchs souvent inexplicables. MAT : Au nom du père, du fils… Le Moghreb de Tétouan est dirigé par les Abroune, père et fils. Le premier en est le président et le second le président délégué. C'est aussi la marque de l'électroménager (Glodvision) dont les Abroune sont propriétaires qui sponsorise l'équipe tétouanaise. Laquelle dispose, de ce fait surtout, d'un budget qui dépasse le milliard et demi. Le club tire aussi profit de son partenariat avec l'équipe espagnole de l'Atletico de Madrid. Jusqu'à présent, l'une de meilleures performances du MAT reste son classement à la troisième place, pour la saison 2006-2007, parmi les clubs d'élite. En deuxième division, le club avait déjà remporté quatre fois le championnat (en 1965, 1994, 1997 et en 2005). Il a également été demi finaliste de la Coupe du trône en 2008 face au MAS de Fès. Le club a de grandes ambitions pour l'avenir. FAR : L'exception Dans le cadre de la préparation de ce dossier, nous avons contacté bien des présidents et nous nous sommes entretenus avec eux. Chose qui n'était pas possible avec le président des FAR. Le nom du club en dit long sur tout le reste. FAR veut dire Forces armées royales. C'est donc tout naturellement que ce sont des généraux, impossibles à joindre, qui en sont les présidents. Le plus connu est Housni Benslimane qui a le titre de président du club des FAR. Le moins connu est le général Noureddine El-Kanabi. Il est pourtant le président délégué du club et c'est donc lui qui fait le boulot du président sur le terrain. Autre singularité des FAR, c'est le seul club du groupement national de football qui ne tient pas son assemblée générale, qui ne publie pas ses comptes et dont on ne connait pas les statuts. Il est donc impossible de connaître son budget, ses dépenses… C'est aussi la seule équipe qui dispose pour ses longs voyages d'un avion militaire. ------------------------------------------------------------------------ Flash-back : Football politique Ce sont des syndicalistes qui ont créé l'équipe du Raja de football. Et c'est en principe Mahjoub Benseddik qui voulait en être le président. Mais, c'était sans compter sur la vision politique de Feu Hassan II. C'est sur ses instructions que Mohamed Semlali allait s'inviter dans la partie pour être l'un des membres fondateurs et principal dirigeant du club. Il était clair à l'époque que celui qui pouvait tirer les ficelles au sein d'une équipe aussi populaire que le Raja, détenait un vrai pouvoir. Ce n'était pas la première fois que l'enjeu politique était présent au sein d'un club de football. On se souvient de la montée en puissance, en 1984, de Haj El Mediouri (alors garde du corps du roi et chef de la sécurité royale) au sein du club marrakchi (KACEM) dont il devient cette année-là le président. Dès lors, comme par miracle, le KACM va aussitôt remonter en première division. Puis, deux ans plus tard, il sera l'heureux gagnant de la Coupe du trône. Ces performances avaient été le résultat des moyens conséquents mis à disposition du club à cette époque-là. En arrivant Haj El Mediouri a pu avoir l'appui de gros sponsors du calibre de «Dolidol», de «La poste du Maroc» et de «Volvo». On se souvient également, de la présidence de l'ombre qu'assurait l'ex ministre de l'Intérieur, Driss Basri, au sein du club de la Renaissance de Settat (RSS). Ou encore, du poids soudain qu'avait donné au club de Sidi Kacem (USK) le père du général Dlimi… « Cette époque est révolue », affirment certains spécialistes du ballon rond, quand d'autres leur rétorquent : « pas tout à fait ! ». ------------------------------------------------------------------------ Football SA : Le FUS se veut modèle Dans le monde footballistique, c'est un secret de polichinelle. Mohammed VI alors Prince Héritier aimait le FUS. Ce n'est pas en devenant Roi que cette flamme pouvait s'éteindre. Ce sont là les explications qu'avancent de nombreux observateurs pour expliquer tout l'intérêt porté à ce club, dont le secrétaire particulier du Souverain préside actuellement le comité directeur en remplacement de Abdelkrim Bennani. Dans ce comité, Mounir Majidi a à ses côtés des managers de haut rang : Mouatassim Belghazi, président de l'ONA ; Mustapha Bakkoury, directeur général de la CDG ; Moncef Belkhyat, patron d'AtCom, Ali Fassi Fihri, DG de l'ONE et de l'ONEP ; Abdelmajid Tazlaoui, PDG d'Onapar... Si le FUS a autant de grands dirigeants dans son comité, c'est que ses ambitions sont tout aussi grandes. Le club veut être le premier à marcher comme une véritable entreprise. D'ailleurs, ses dirigeants veulent en finir avec ce statut d'association qui est donné au club, à l'instar de tous les autres clubs sportifs du royaume en se transformant en vraie Société Anonyme. Une restructuration qui fait des émules. Au RAJA et au WAC, on y réfléchit aussi. En tête de championnat de deuxième division, le FUS fonctionne avec un budget de près de 13 millions de dirhams. Un montant qui pourrait facilement tripler quand l'équipe assurera sa remontée en 1ère division. ------------------------------------------------------------------------ RAC : Mendoza l'amoureux Abdelhak Rizkallah est né en 1944 dans l'ancienne médina de Casablanca. Et on ne peut pas naître dans ce « royaume du foot » et ne pas se mettre à courir derrière un ballon. C'est donc tout naturellement que Rizkallah va porter dès l'âge de 14 ans le maillot du RAC et y rester jusqu'à aujourd'hui. « C'est ce club qui m'a fait et m'a surnommé Mendoza, je suis obligé de tout lui donner », explique Abdelhak Rizkallah qu'on n'appelle plus que par son surnom. Avec ce club, il a connu la joie de la victoire en 1968 en remportant la coupe du trône. Il allait même avoir le doublet, quatre ans plus tard, sauf que la coupe du trône n'a pas été jouée à cause des événements de Skhirat. Il été aussi finaliste de la Coupe arabe en 73-74. Mendoza a été également sélectionné en équipe nationale juniors et espoirs entre 63 et 65. Quand il décrochera les crampons, il va apprendre le métier d'entraîneur et décrocher des diplômes d'entraîneur de 1er , de 2e et de 3e degré. Maintenant que Mendoza préside depuis 1986 aux destinées de son club de toujours, il est content de voir ses protégés jouer pour l'accession aux rangs des élites. Il gère son club avec un budget qu'il estime à 3 millions de dirhams. Cet ex-Caïd (il avait le grade d'administrateur au ministère de l'Intérieur) affirme, avec émotion : « Le RAC c'est mon sang, c'est ma vie ». Financement : Ce que donne la FRMF aux clubs Signé entre le gouvernement, les collectivités locales et la FRMF le 7 juin 2005, le contrat-programme de mise à niveau du football marocain a permis d'augmenter les aides financières accordées aux différents clubs de première et de deuxième division. Ainsi, la somme d'argent versée à chaque club de GNFI a été revue à la hausse passant de 800.000 à 2 millions de dirhams. Il en est de même pour les clubs du GNFII, la somme est passée de 250.000 dh à 500.000 dhs. Dans le même cadre, le club vainqueur du championnat national, recevra 1,5 million de DH (400.000 dhs pour le GNF II). Celui qui remporte la Coupe du Trône empochera 600.000 DH. D'autres sommes sont réservées aux clubs qui termineront le championnat dans les six premières places. Par ailleurs, les frais de transport aérien et d'hébergement des clubs engagés dans les compétitions internationales seront pris en charge à hauteur de 2 millions de DH. Les arbitres ont vu également leurs indemnités revues à la hausse. Ainsi, un arbitre pour le championnat de GNFEI (Première division), percevra 2000 dhs au lieu de 1400 dh. Pour le championnat de GNFEII, les arbitres percevront 1400 au lieu de 1000 dhs. S'y ajoutent pour certains des indemnités kilométriques allant de 300 à 500 dirhams et la prise en charge des billets d'avion pour ce qui est des déplacements effectués à Laâyoune et à Oujda. Le trésor de guerre de la Fédération Lors de la dernière assemblée générale de la FRMF, son trésorier général, Larbi Laoufir, a présenté le rapport financier au titre des années 2006, 2007 et 2008. Il en ressort que la Fédération a réalisé 366 millions de dirhams de produits. Ce qui représente une moyenne annuelle de 122 millions de dirhams. La part des recettes de sponsoring, de publicité et de retransmission télévisuelle a été évaluée à 62 % avec 226 millions de dirhams, soit un produit moyen annuel de 75 millions de dirhams. Depuis 2006, la signature de deux contrats avec la chaîne ART et avec la SNRT a boosté les recettes de la FRMF. Par ailleurs, Bank Al Maghrib continue de soutenir l'action des équipes nationales et du Centre national de football avec le versement régulier d'une subvention annuelle de 10 millions de dirhams. ------------------------------------------------------------------------ Chiffres d'affaires des clubs pour 2007-2008 - Raja de Casablanca Total Recettes : 40 750 000,00 DH Total Dépenses : 32 000 000,00 DH Excédent : +8 750 000,00 DH - Wydad de Casablanca Total Recettes : 36 659 709, 00 DH Total Dépenses : 34 613 708,00 DH Excédent : +2 046 001,00 DH - Kawkab de Marrakech Total Recettes : 20 934 236,37 DH Total Dépenses : 19 711 937,56 DH Excédent : +1 222 298,81 DH - Moghreb de Tétouan Total Recettes : 15 322 000,00 DH Total Dépenses : 24 257 000,00 DH Déficit : -8 935 000,00 DH - Olympique de Khouribga Total Recettes : 15 161 976,06 DH Total Dépenses : 12 573 815,41 DH Excédent : +2 588 160,65 DH - Maghreb de Fès Total Recettes : 15 117 172,21 DH Total Dépenses : 15 082 720,56 DH Excédent : +34 451,65 DH - FUS de Rabat Total Recettes : 12 830 600,20 DH Total Dépenses : 12 802 735,56 DH Excédent : +27 864,64 DH - Hassania d'Agadir Total Recettes : 12 525 823,08 DH Total Dépenses : 11 137 541,07 DH Excédent : +1 388 282,01 DH -Difa d'El Jadida Total Recettes : 11 936 320,00 DH Total Dépenses : 11 904 516,00 DH Excédent : +61 804,00 DH - Olympique de Safi Total Recettes : 10 574 593,81 DH Total Dépenses : 13 194 467,27 DH Déficit : -2 619 873,46 DH -KAC de Kénitra Total Recettes : 9 464 341,50 DH Total Dépenses : 11 431 196,94 DH Déficit : -1 966 855,44 DH - CODM de Meknès Total Recettes : 8 305 750,09 DH Total Dépenses : 7 450 568,11 DH Excédent : +855 181,98 DH - Mouloudia d'Oujda Total Recettes : 8 145 905,89 DH Total Dépenses : 8 292 400,72 DH Déficit : -146 494,72 DH - Jeunesse El Massira Total Recettes : 8 140 000,00 DH Total Dépenses : 8 960 000,00 DH Déficit : -1 180 000,00 DH - Ittihad de Khémisset Total Recettes : 6 029 043,04 DH Total Dépenses : 4 469 488,14 DH Excédent : +2 131 101,08 DH