Entretien avec Asmaa Niang, championne marocaine de judo J'ai appris à aimer le judo sur le tard, et c'est le sport qui m'a permis de réaliser mon rêve d'enfant. Aujourd'hui, c'est devenu toute une philosophie de vie, car dans cette discipline on tombe constamment et on se relève, d'une certaine manière une belle métaphore de la vie elle-même. ALM : Comment se déroulent les préparations aux championnats du monde prévus à Baku le mois prochain? Asmaa Niang : A ce jour ma préparation se déroule bien. Au fil du temps j'ai appris à m'adapter. Contrairement aux autres judokates de ma catégorie à ce niveau de la compétition, j'ai des obligations professionnelles car je ne peux malheureusement pas m'offrir le luxe de me consacrer entièrement à ma carrière d'athlète. Donc j'essaye de trouver un équilibre entre ma vie professionnelle et le judo afin d'être au mieux pour mes compétitions, notamment les Championnats du monde. Vous dominez le classement continental et vous êtes classée 7ème mondiale. Quels sont vos objectifs? En effet comme vous le soulignez je suis actuellement première en Afrique, et 7ème mondiale de la catégorie des moins de 70 kg. Mon objectif est d'être médaillée mondiale, ainsi que de remporter une médaille olympique aux jeux de Tokyo 2020. C'est mon Graal ! La joie est-elle la même médaille après médaille ? Le sentiment est différent. Avant chaque compétition je me fixe des objectifs, certaines médailles ont donc plus de valeur pour moi. Il y a toujours un travail en amont, et monter sur le podium est donc une gratification. Une médaille c'est l'équation de plusieurs variables: Une préparation physique et mentale, un nombre important de sacrifices au quotidien afin d'obtenir au final une consécration le jour J. Vous êtes une sportive née. Après avoir pratiqué plusieurs disciplines, votre choix s'est finalement porté sur le judo. Qu'a-t-il de particulier ? Je pense que je resterai toujours une athlète atypique, une athlète qui casse les codes. J'ai commencé le judo à l'âge de 20 ans, et ce sport restera toujours pour moi le synonyme des Jeux olympiques. J'ai appris à aimer le judo sur le tard, et c'est le sport qui m'a permis de réaliser mon rêve d'enfant. Aujourd'hui, c'est devenu toute une philosophie de vie, car dans cette discipline on tombe constamment et on se relève, d'une certaine manière une belle métaphore de la vie elle-même. Selon vous, quelle place occupe le judo au Maroc ? Actuellement le judo au Maroc est plus un sport de classe populaire à mon avis. Il y a énormément de judokas, et les gens aiment profondément ce sport qui reste en perpétuelle évolution. Toutefois, il faut mettre plus de moyens afin qu'il prenne de l'ampleur, et qu'on puisse préparer la relève. Un exemple, dans le cadre de mes activités professionnelles, j'accompagne des athlètes en France en vue des Jeux olympiques de Paris 2024, et c'est exactement ce dont on a besoin au Maroc. Un athlète olympique c'est le résultat d'années de travail et de préparation. Quelles sont vos idoles ? J'ai un profond respect pour tout athlète qui a réalisé des choses exceptionnelles. Si je dois donner des exemples concrets, je dirais que la carrière de Hicham El Guerrouj a été très impressionnante, ça force l'admiration. Je me suis toujours sentie proche des athlètes au parcours atypique, ceux qui sont revenus de blessures ou qui ont dû franchir certaines épreuves, car je me vois un peu à travers eux. Plutôt que de citer des idoles, je dirais que je me suis inspirée de certaines personnes : Hicham El Guerrouj, Nezha Bidouane, Said Aoutia ou encore Nawal El Moutawakil.