Bagarres de rues, banderoles insultantes, jets de fumigènes, insultes, menaces, matchs arrêtés, biens publics et particuliers saccagés, des blessés à gogo et parfois des morts… le football marocain est malade de ses ultras. Ce mouvement, qui a vu le jour dans les années 2000 pour faire revenir le public dans les stades, est devenu au fil des années une véritable menace pour le football national. Ces supporters fanatiques, qui devaient normalement comme l'indique le mot ultra supporter leurs équipes de manière inconditionnelle, peu importe la situation dans laquelle elles se trouvent, sont hors de contrôle. Ils ne se contentent plus de supporter, mais imposent leur décision aux bureaux dirigeants voire à la Fédération. On a vu la rapidité avec laquelle la commission d'appel a ramené la sanction de quatre matchs à huis clos infligée à l'AS FAR à un seul match après le sit-in des supporters de la formation militaire devant le siège de l'instance fédérale. Pis encore, c'est le mouvement ultra qui a viré l'ancien président du WAC Akram de son poste. Tout le monde se souvient de la fameuse campagne de dénigrement contre lui, «Erhal, dégage». Idem pour Abdeslam Hanat qui a subi le même sort avec la campagne, «basta», orchestrée contre lui et les anciens dirigeants. Récemment, un club de la Botola a dû se séparer de son entraîneur sous la pression des ultras. Et les exemples ne manquent point. Ce mouvement, il faut le reconnaître, a dévié de ses objectifs. Sa principale mission est devenue au fil des années : intimider, insulter les joueurs et les staffs techniques, jeter des bouteilles, des fumigènes et d'autres objets sur la pelouse, et virer les présidents et les entraîneurs. De quel droit, les «Winners »ont rencontré les joueurs du WAC ! Le communiqué menaçant qu'ils ont publié mercredi est la preuve par neuf que ces mouvements ont outrepassé leur mission initiale pour s'immiscer ouvertement dans la vie des clubs. La réunion qu'ils ont tenue avec les joueurs et le communiqué menaçant qu'ils ont publié en dit long sur leur puissance. Comment un joueur peut-il se donner à fond en sachant qu'il a le couteau sous la gorge ? Il ne faut pas se cacher la face, ce sont les Ultras qui font la loi. Et tout le monde sait ça, mais personne n'ose le dire. Beaucoup d'objets, y compris les fumigènes ou les banderoles insultantes, ne devraient pas rentrer dans les stades, mais chaque weekend, c'est pareil. Il y a pourtant un arsenal juridique adapté pour lutter contre cette violence aveugle qui ne dit pas son nom et qui devient banale. Les stades devraient être un lieu de divertissement où les familles avec leurs enfants peuvent prendre place, mais ils sont devenus une arène de combat où certains ne viennent que pour bomber le torse. Un lieu invivable où parfois il est difficile de respirer.