Après la rétrospective magistrale organisée à l'Espace d'Art de la Société Générale à Casablanca entre décembre 2008 et avril 2009, la galerie casablancaise Venise Cadre expose les œuvres de l'artiste jusqu'au 20 juin. On s'étonne : Rabi' expose peu, et cependant, c'est la troisième fois que ses œuvres sont accrochées sur les cimaises de Venise Cadre. “Rabi' expose très peu, c'est sa manière de faire, commente Mohamed Rachdi, responsable du mécénat culturel à la Société Générale et commissaire de l'exposition. Il a déjà exposé à Venise Cadre en 1978 et en 2004. C'est un artiste très recherché et convoité, car très rare, mais il reste fidèle à une galerie”. Si l'artiste ne semble pas vouloir exposer de manière massive, c'est qu'il prend son temps pour élaborer ses œuvres. Avis aux amateurs ou admirateurs de Rabi' : inutile de se précipiter à la galerie pour acquérir l'une des œuvres. Elles étaient déjà toutes vendues avant même le vernissage de l'exposition. Une simple exposition ne suffisait pas à condenser presque 50 années de carrière artistique. D'où la publication d'une monographie de l'artiste peintre, réalisée par les éditions de la galerie Venise Cadre. Un beau livre qui offre un parcours visuel unique sur l'œuvre et la démarche créatrice de l'artiste, accompagnés des textes de François Delvoye, du critique d'art et ami de l'artiste Moulim El Aroussi, de Martine Arnault Tran, et de l'écrivain Abdelkébir Khatibi. Dans la monographie, on trouve d'ailleurs le dernier texte que l'écrivain Abdelkébir Khatibi a écrit sur un artiste avant sa mort. “Rabi' est un ascète, un solitaire, un minimaliste, un captif du signe, écrivait Khatibi. Tel que je le vois – et je le vois avec amitié – il file à pas feutrés dans une nuit intérieure. Obscurcir l'obscurité serait le premier principe de quête vers cette peinture”. Plus loin dans la monographie, se trouve l'extrait d'une intervention d'Abdelkébir Rabi' lors d'une table ronde donnée en marge de sa rétrospective à l'Espace d'Art Société Générale. L'artiste fait également allusion à la nuit : “C'est quand arrive le soir que l'envie de peindre m'assaille de toute part. J'ai une prédilection particulière pour la nuit. Quand le temps perd ses repères et l'espace ses bruits, les signes deviennent silence et le rythme transcendance. Voilà la nuit”. Abdelkébir Rabi' est un peintre discret et secret. Il sera néanmoins possible de l'écouter et de le rencontrer lors d'une table ronde organisée le 9 juin à la galerie Venise Cadre, à partir de 18h30. L'artiste sera entouré de Moulim El Aroussi et Mohamed Rachdi. Ensuite, Rabi' retournera dans son atelier interroger la toile comme il le fait depuis bientôt 50 ans.