La galerie Venise Cadre à Casablanca abrite actuellement une exposition de l'artiste-peintre marocain, Abdelkebir Rabi. Ses toiles ornent les murs de cet espace et laissent apparaître un jeu d'ombre et de lumière. Après une période d'absence remarquée, Abdelkebir Rabi revient à nouveau et expose ses œuvres au regard des spectateurs et amateurs de l'art. C'est dans l'enceinte de la galerie Venise Cadre à Casablanca où sont exposées les toiles de grande dimension de cet artiste-peintre. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Abdelkebir Rabi est né en 1944 à Boulmane. Après avoir passé une enfance calme dans les montagnes et les forêts de l'Atlas, Rabi accède à 17 ans à l'Ecole normale de Fès pour y suivre une formation d'enseignant. Il trouvera dans cette ville qu'il découvre pour la première fois, tout ce qui peut favoriser sa maturité et lui faire découvrir sa vocation artistique. Par la suite, Rabi rencontrera des peintres français installés à Fès depuis l'époque coloniale et l'un d'eux, professeur de dessin, l'accueille dans son atelier. C'est ainsi, qu'Abdelkebir Rabi s'initiera aux techniques de base de la peinture. Cet artiste n'a pas eu de formation formelle au départ. Il déclare lui-même : «Je ne suis pas sorti d'un moule, je n'ai pas étudié à l'école des Beaux-Arts de Casablanca, ni continué mes études dans des Académies à l'étranger». Rabi étudie par lui-même, en lisant des ouvrages spécialisés dans l'art et en consultant les documents artistiques abondants qu'il trouve dans les bibliothèques et les librairies de la ville. En 1968, Abdelkebir Rabi assistera à une conférence sur l'art moderne au centre culturel français de Fès, animée par l'historien de l'art Bernard Dorival. Il fera sa connaissance et l'invite à visiter son atelier. L'historien qui se trouvait à l'époque conservateur du Musée national d'art moderne va l'inviter de sa part à Paris et lui obtient une bourse d'études. Grâce aux relations privilégiées qu'entretient Bernard Dorival avec d'autres artistes français, Rabi est introduit dans l'univers de quelques maîtres de la peinture française. Il visitera leurs ateliers et s'imprégnera de leurs expériences. Après ce stage en France, Abdelkebir Rabi revient au Maroc où il continue à enseigner. Il intègre en 1988, l'université Hassan II en qualité de professeur d'art et d'esthétique à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Ben M'sick à Casablanca. Mais à partir de l'année 2003, Abdelkebir Rabi se retire une fois pour toute de l'enseignement pour se consacrer entièrement à son art. L'exposition actuelle d'Abdelkebir Rabi à Venise cadre est constituée de ses travaux de recherches débutés dans les années 80. Dominance de noir sur fond blanc, jeu d'ombre et de lumière, occupation de l'espace, tant de mots-clés qui caractérisent l'œuvre de Rabi. Certains pourraient penser que ces travaux s'inspirent de l'école américaine, à savoir le mouvement de l'action painting dont les leaders ne sont autres que Willem De Kooning, Franz Kline ou encore Jackson Pollok. Le blanc domine autant que le noir l'œuvre d'Abdelkebir Rabi. Ce dernier refuse le changement, il déclare qu'il fait partie de ces peintres qui favorisent l'approfondissement de l'œuvre. C'est ainsi, que Rabi explique le fait que ses œuvres récentes gardent la même essence de ses recherches des années 80. «Je n'aime pas le changement subi, ce travail est un projet d'une vie que je cherche à approfondir davantage ». Ici, le peintre fait la comparaison avec les artistes qui changent très vite d'un style à l'autre et ceux qui préfèrent aller doucement et s'approfondire davantage dans leur recherche initiale. A ses termes Abdelkebir Rabi laisse ressentir une certaine mysticité qu'il aime entretenir. Avec une simplicité et une allure de vouloir prendre son temps, Rabi n'est pas pressé comme il le déclare.